
Dimanche 14 mars
4ème dimanche de carême
Parole de Dieu: Évangile selon Saint Jean 3, 14-21o
Commentaire
LE PÈRE A TANT AIMÉ LE MONDE
Le texte d’évangile de ce jour, vient en conclusion du dialogue de Jésus avec Nicodème.
Dans ce passage d’Évangile, saint Jean nous invite à lever les yeux, à regarder… À lever les yeux sur le Christ élevé de terre. Or, nous le savons, frères et sœurs, le lieu de son élévation c’est la Croix. Jean était le seul des apôtres à se tenir au pied de la Croix, en compagnie de Marie, la Mère de Jésus. Ce matin, Jean nous invite à regarder le crucifié, à regarder la Croix et celui qui est attaché pour y découvrir l’amour suprême de Dieu, le Père. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. » (Jn 4, 16.)
Le cardinal Hans Urs von Balthasar a écrit dans l’un de ses ouvrages que nous ne serons véritablement chrétiens que le jour où nous saurons déchiffrer sur le visage du crucifié, la beauté et l’amour de Dieu.
Saint Jean nous invite ce matin à lever notre regard et à oser regarder celui qui a souffert pour notre salut pour que nous y découvrions l’amour de Dieu le Père pour le monde et donc pour chacun d’entre nous.
« Dieu a tant aimé le monde… » Il y a là un regard positif sur les réalités du monde. De nos jours, comme de tous temps je crois, beaucoup sont tentés de regarder le monde de façon pessimiste : « le monde est pourri ; il n’y a rien à faire ! » Et les justifications à ce discours ne manquent pas lorsque nous lisons les journaux ou regardons les actualités. A longueur de colonnes s’étalent les violences, les bassesses de toutes sortes, les dépravations morales, les égoïsmes collectifs et individuels…
Tout cela existe. Et Dieu le voit, mais cependant, malgré tout cela – ou plus exactement – à travers tout cela, Dieu aime le monde et nous invite à l’aimer. Dieu aime ce monde ! Cela signifie qu’il ne se résigne pas au mal qui existe dans ce monde mais qu’il veut le sauver.
D’une certaine manière Dieu nous prend à contre-pied. Ce monde que nous jetterions parfois aux orties, voir dans la géhenne, Dieu l’aime. Dieu est passionné par sa création ; cette création inachevée qu’il est en train de conduire, avec notre collaboration, jusqu’à sa perfection.
La conversion qui nous est demandée dans ce temps de carême, c’est finalement d’adopter le regard de Dieu sur le monde, d’adopter son regard d’amour au lieu de continuer de gémir… Adopter son regard d’amour pour se laisser envoyer par lui, notre Père, et donner notre vie à notre tour, pour nos frères. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. » Le Père a donné son Fils pour que tout homme qui croit en lui, ne périsse pas mais obtienne de lui la vie éternelle. (Cf. Jn 4, 15.)
Ce verset et ceux qui le suivent sont fondamentaux pour notre vie. Ils nous affirment deux choses. La première : « Dieu veut sauver tous les hommes, car il les aime tous. Dieu ne condamne personne. » Cette simple affirmation nous demande certainement une réelle conversion. Oser croire en un amour qui ne juge pas, qui ne condamne pas, mais qui appelle toujours à un mieux.