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Samedi 27 février

Parole de Dieu du jour : Deutéronome 26,16-10

Commentaire :

Ce passage fait ressortir toute la solennité de l’engagement nouveau que Dieu et le peuple sorti du désert contractent l’un vis-à-vis de l’autre. Le peuple, en se présentant aujourd’hui à Dieu, le contraint en quelque sorte à s’engager envers lui, tout en se liant lui-même par la promesse d’une fidèle obéissance. Et Dieu à son tour, en venant au-devant de son peuple, contraint celui-ci à s’engager envers lui, tout en se liant lui-même par la promesse de sa bénédiction et de son secours. Israël en ce moment fait de Dieu son Dieu, comme Dieu fait du peuple son peuple. Par cette relation d’intime réciprocité, ce passage a un caractère unique. Il convient admirablement à la situation (aujourd’hui, versets 16, 17, 18). Comme à Sinaï l’alliance avait été conclue entre Dieu et le vieux peuple sorti d’Egypte, ainsi elle est en ce temps renouvelée entre Dieu et son peuple rajeuni, prêt à entrer dans Canaan.

 La Transfiguration. Lumière de lumière… Une méditation pour entrer dans la Liturgie du Deuxième dimanche de Carême :

« Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux et ses vêtements devinrent resplendissants, d’une telle blancheur qu’aucun foulon sur terre ne peut blanchir » (Mc 9,2). La transfiguration de Jésus est d’abord un éblouissement de lumière, une blancheur éclatante qui manifeste la gloire du « Fils de l’Homme quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints Anges », qu’il a mentionnée juste avant en parlant des conditions pour le suivre (Mc 8,38).

« Six jours après » (est-ce la veille du sabbat ?) : cette annotation se trouve aussi chez Matthieu (17,1), mais non chez Luc qui donne le sens de cette ascension du Thabor : la prière : « Or il advint, environ huit jours après ces paroles que, prenant avec lui Pierre, Jean et Jacques, il gravit la montagne pour prier » (Lc 9,28). La transfiguration de Jésus a lieu au cours d’une prière ardente et transformante.

L’entretien entre Jésus, Moïse et Élie

« Élie leur apparut avec Moïse et ils s’entretenaient avec Jésus. Alors Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : “Rabbi, il est heureux que nous soyons ici : faisons donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie.” C’est qu’il ne savait que répondre, car ils étaient saisis de frayeur » (Mc 9,4-6).

Luc précise le contenu de cet entretien : « Moïse et Élie, apparus en gloire, parlaient de son départ (exodos) qu’il allait accomplir à Jérusalem » (Lc 9,31). Jésus parle de l’exode qu’il va accomplir à Jérusalem, c’est-à-dire de sa mort et de sa résurrection et, s’adressant à Moïse, il lui fait entrevoir que le long exode des hébreux à travers le désert trouve son sens et son accomplissement dans son propre « exode », à travers la mort, vers le Père.

« Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil. S’étant bien réveillés, ils virent sa gloire et les deux hommes qui se tenaient avec lui » (Lc 9,32). La mention du sommeil des apôtres indique qu’il fait nuit. Pierre, Jacques et Jean sont « accablés de sommeil » au Thabor comme à Gethsémani : ils ne supportent ni la vision de gloire ni celle de l’agonie de Jésus, l’une étant inséparable de l’autre. Ils sont « saisis de frayeur » devant la gloire de Jésus, car la manifestation de la gloire de Dieu engendre la crainte, dans tout l’Ancien Testament. Pierre propose alors de faire « trois tentes, une pour Jésus, une pour Moïse et une pour Élie » (Mc 9,5). Là encore la mention des « tentes » a fait penser qu’il s’agissait de la Fête de la récolte, en automne, appelée Fête des Tentes parce qu’on construisait des huttes de feuillage qui évoquaient le souvenir des campements d’Israël au désert (Ex 23,14 ; Dt 16,13 ; Lv 23,34).

La théophanie trinitaire

« Et une nuée survint qui les prit sous son ombre, et une voix partit de la nuée : “Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, écoutez-le” » (Mc 9,7). Il y a deux grandes théophanies trinitaires, dans l’Évangile, le Baptême au Jourdain (Mt 3,16-17 ; Mc 1,9-11 et Luc 3,21-22) et la Transfiguration (Mt 17,1-8Mc 9,2-10 ; Lc 9,28-36). Au Jourdain, l’Esprit descend sur Jésus comme une colombe, alors que, dans la Transfiguration, « Une nuée survint et les prit sous son ombre » (Mc 9,7). Il y a une « obombration » de Jésus dans la Transfiguration, comme de Marie à l’Annonciation : « L’Esprit Saint viendra su toi et la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre » (Lc 1,35). La nuée lumineuse est le signe de la présence de Dieu. Et de cette nuée sort une « Voix » disant : « Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, écoutez-le » (Mc 9,7). La « Nuée », la « Voix » et le « Fils bien-Aimé », l’Esprit, le Père et le Fils.

« Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé », comme Isaac est le « fils, l’unique, le bien-aimé » d’Abraham (Gn 22,2), « écoutez-le » (Mt 17,5 ; Mc 9,7 ; Lc 9,35). Le Père demande d’écouter sa Parole, le Verbe, Jésus. Il est le prophète annoncé à Israël : « Le Seigneur ton Dieu suscitera pour toi, du milieu de toi, parmi tes frères, un prophète comme moi, que vous écouterez… Je mettrai mes paroles dans sa bouche et il vous dira tout ce que je lui ordonnerai » (Dt 18,15.18).

Jésus seul

« Soudain, regardant autour d’eux, ils ne virent plus personne, que Jésus seul avec eux » (Mc 9,8). La Voix s’est tue, la Nuée a disparu, Moïse et Élie sont partis. Ils ne virent que « Jésus seul », tel qu’ils étaient accoutumés à le voir, sans la gloire éclatante qui émanait de lui. Mais comment oublier cette ouverture du ciel ? Et les grands prophètes Moïse et Élie qui s’entretenaient avec lui, comme si toute l’histoire d’Israël était évoquée, convoquée par lui ? Jésus seul. Avec eux.

La résurrection des morts

« Comme ils descendaient de la montagne, il leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, si ce n’est quand le Fils de l’Homme serait ressuscité d’entre les morts. Ils gardèrent la recommandation tout en se demandant entre eux ce que signifiait “ressusciter d’entre les morts” » (Mc 9,9-10). La recommandation de Jésus donne le sens de la scène : la Transfiguration au Thabor est le signe prophétique de la Résurrection du Christ et c’est seulement après sa Résurrection que les disciples pourront comprendre la gloire qui s’est manifestée dans sa Transfiguration. Était-ce une consolation avant la Passion et le signe qu’il faut voir au-delà de la détresse de la Croix la gloire de la Résurrection ? Les disciples ne comprenaient même pas ce que signifiait « ressusciter d’entre les morts », mais après la Résurrection du Christ et son Ascension dans la gloire, ils deviendront les témoins de ce qu’ils ont vu jusqu’aux confins du monde.