jeudi 10 juin
Parole de Dieu : Matthieu 5,20-26
Commentaire :
Jésus, Tu m’as élevé très haut dans ma conduite ! Tu veux que ma relation soit le reflet de celles de Dieu. Non seulement il m’est interdit d’assassiner mais également d’avoir des pensées colériques et proférer des insultes. Purifie mon cœur égaré de tout ce qui est indigne d’un enfant de Dieu.
Réconciliation doit être une première priorité parmi le peuple de Dieu. Dieu sera toujours à mes côtés lorsque je tente d’éviter une querelle. Le Royaume de Dieu est basé sur de bonnes relations. Suis-je connu comme un faiseur de paix qui fait le premier pas quand une querelle survient ?
Comment prier chaque jour ?
Prier chaque jour, c’est faire silence, écouter, adorer, s’ouvrir au monde. La prière constante suppose toujours une méthode et c’est toujours un combat. Mais elle n’est pas facultative et elle est pour tous. Laurent Landete présente sa méthode à lui, ancrée dans la tradition de l’Église : elle peut changer le cours de votre vie.
La prière est pour tous les baptisés, car ils sont tous appelés à une rencontre personnelle avec Jésus. Notre relation au Christ est essentielle pour animer notre vie, pour conduire notre vie. On a peut-être eu tendance dans le passé à croire que cette rencontre par la prière n’était que pour les religieux et les prêtres, mais le concile Vatican II a rappelé l’importance de l’appel à la sainteté pour tous, et donc pour les laïcs aussi. Mon livre Comment prier chaque jour (Ed. de l’Emmanuel) s’adresse ainsi d’abord à ceux qui sont dans le monde, qui travaillent, sont étudiants, sont peut-être au chômage, à des pères ou mères au foyer… qui ont compris l’importance de la prière et de la relation personnelle au Christ. Saint Jean fait dire à Jésus au chapitre 15 de son Évangile : « Sans moi vous ne pouvez rien faire. » Saint Paul aussi ne cesse de le rappeler : « Priez sans cesse. Confiez-vous au Christ, sans vous lasser. »
Le défi est de durer
Beaucoup de chrétiens ces dernières années ont fait la découverte de la prière lors de retraites ou de pèlerinages. Ils ont découvert cette belle relation que l’on peut avoir avec le Christ qui conduit notre vie, nous donne la paix, nous apprend à avoir une relation juste avec les autres, avec nous-mêmes, avec l’argent, avec le pouvoir, etc. Cette rencontre est réelle et concrète. Nombreux sont ceux qui font l’expérience de la prière, mais aussitôt se pose la question de durer. Comment faire pour continuer ? Souvent, après la chaleur d’un pèlerinage ou d’une session d’été, la prière ne résiste pas aux frimas de l’hiver de notre inconstance. Prenant vraiment conscience de la nécessité de cette relation avec le Christ, la question arrive : comment se donner les moyens concrets pour que la prière dure tous les jours ?
La prière s’apprend, comme toute relation
Saint Jean Paul II dans la lettre apostolique Novo Millennio ineunte (« Au début du nouveau millénaire ») rappelle combien il est important que nos communautés deviennent des écoles de prière. Comme toute relation conjugale, de travail, amicale, etc., la prière nécessite un apprentissage. On peut être pris par un premier élan, on peut être touché, séduit par quelqu’un mais ensuite, il faut apprendre à durer. On dit cela pour les couples : il y a un premier élan qui repose sur des émotions, des sensations, mais après, la question c’est de durer au quotidien. Comment communiquer ? Comment apprendre à se parler ? Comment apprendre à écouter l’autre ? Comment apprendre à vivre cette différence ? Comment apprendre à entrer profondément en relation ? Je pense que la relation à Dieu doit aussi s’apprendre et reposer sur des choses très concrètes, très précises. Même si on doit finalement laisser toute la place à l’Esprit Saint, qui fait toute chose nouvelle, qui nous surprend, il est important de se donner un cadre pour la prière.
Ces dernières années j’ai eu l’occasion de rencontrer et d’accompagner beaucoup de personnes, notamment des hommes, qui me disaient : « Moi quand je suis devant le Saint-Sacrement, quand j’essaie de prendre un temps de prière, cela va un jour, deux jours, mais après je ne sais plus quoi faire, je ne sais plus quoi dire, je suis un peu perdu. » Il y a quelques années, un ami prêtre m’avait dit de manière un peu provocatrice : « Qu’est-ce que font tous ces gens devant le Saint-Sacrement ? Ils restent une heure comme ça parce qu’on les invite à prier pour la paroisse, mais que font-ils ? » En écoutant toutes ces personnes, j’ai compris que le problème était la construction concrète, pratique de leur temps de prière. En relisant Novo Millenio ineunte, je me suis rendu compte que le pape Jean Paul II nous donnait des éléments très clairs, des moyens très concrets, pour entrer dans une vie de prière fidèle et constante. Faisant écho à Christifideles Laici (« Les fidèles laïcs »), il enseignait que, pour découvrir la volonté de Dieu sur nous, les conditions sont la prière fidèle et constante et l’écoute de la Parole de Dieu.
Les quatre piliers de la prière
Le premier pilier est le silence, le deuxième l’écoute, le troisième l’adoration et le quatrième l’intercession, la demande d’aide. Partant de cela, je me suis dit que pour aider les personnes à construire leur temps de prière autour de ces quatre piliers, nous pourrions prendre quatre temps, quatre temps égaux.
Cette méthode repose sur une autre question concrète : combien de temps pouvez-vous donner à Dieu chaque jour ? Avec une question annexe : savez-vous combien il y a de quarts d’heure dans une journée ? La réponse est 96. Est-ce que vous ne voulez pas en donner à Dieu ne serait-ce qu’1/96e, à peine plus d’1% de votre temps ? N’êtes-vous pas prêts à donner 1 % de votre temps à Dieu qui, lui, veut tout vous donner ?
On peut commencer ainsi et diviser ce quart d’heure en quatre. Un premier temps de quatre minutes pour faire silence, un deuxième temps de quatre minutes pour se mettre à l’écoute, un troisième pour l’adoration, et un dernier pour l’intercession. Quand on découpe en quatre cet espace de temps, on s’aperçoit que cette division dessine une croix au milieu. Notre temps de prière passe par la Croix : c’est vraiment un combat. C’est le combat du Christ lui-même qui vient prier en nous. La véritable prière, c’est Jésus qui s’offre au Père dans ce moment éminent de son sacrifice sur la Croix.
1ER TEMPSLE SILENCE : On va donc commencer par un premier temps : quatre minutes de silence. C’est déjà bien long quand on commence. Comment le construire ? L’important, c’est de couper avec tous les bruits. Benoît XVI nous dit que le silence est la première étape de la communication. Cela signifie que pour pouvoir communiquer, il faut d’abord pouvoir écouter. Et pour pouvoir écouter, il faut que j’apprenne à me taire. Que j’apprenne à faire taire tous les courts-circuits, tous les parasites qui sont autour de moi, qui m’empêchent d’écouter, qui me distraient sans cesse, me déconcentrent, me désorientent, me font penser à ma vie quotidienne, etc. Il faut couper avec les parasites : mon portable, mes distractions, mes attaches, etc.
Pour m’isoler vraiment des bruits extérieurs, il me faut choisir un lieu, c’est capital. Un lieu où je pourrai avoir la garantie de ce silence. On pense spontanément à une église, mais ce ne sera pas forcément une église. Bien sûr, si on vit ou travaille à côté d’une église et que l’on peut y aller de manière très simple, c’est très bien. Mais si ce n’est pas possible parce que beaucoup d’églises sont fermées ou parce que le trajet est long, je vais plutôt choisir un lieu où ce silence est garanti. Ce peut être mon bureau, si je peux m’y isoler ; ma voiture, si je suis un arrêté sur un parking ! Ce peut être un banc public, une plage, etc. Il me faut un lieu où je vais trouver le silence.
Choisir une position pour accueillir le silence
Il me faut ensuite adopter une position dans laquelle ce silence sera possible. Je vais me mettre dans une attitude de corps et de cœur, dans un chemin où je vais recevoir, accueillir. Il ne s’agit pas bien sûr de tomber dans une technique. On ne se met pas en position du lotus ou je ne sais quoi. Certains préfèreront être à genoux, d’autres assis, d’autres dans les positions qu’ils jugeront bonnes. L’important c’est de ne pas être debout (parce que c’est fatiguant), ni couché (pour ne pas s’endormir).
Quand j’ai trouvé le bon lieu et créé les conditions du silence, je peux faire le signe de croix qui ouvre ma prière. Je donne au Seigneur la clé de ma maison en lui permettant d’entrer. J’invoque l’Esprit Saint, l’Esprit de vie, l’Esprit de sainteté, celui qui vient me fortifier, me vivifier, qui vient faire toute chose nouvelle. Je me mets en présence de Dieu et j’accepte sa présence. J’accepte de me rendre présent à lui et qu’il se rende présent à moi. Ce premier temps est très important car j’ouvre le temps de la prière avec ma liberté.
2E TEMPS L’ÉCOUTE : Ensuite un deuxième temps, de quatre minutes aussi. Un temps où je me mets à l’écoute. Il y a plusieurs manières d’écouter la Parole de Dieu : avec ma Bible et en méditant les textes de la messe du jour ou une parole qui m’aurait interpellé, avec une homélie ou un enseignement. Ce qui est important c’est de découvrir comment Dieu nous parle à travers sa Parole. Je prends simplement un verset, une phrase qui me touche. J’accueille cette parole. Je la répète une fois, deux fois, trois fois, comme j’accueillerais les mots d’un ami, d’une personne qui m’est chère et qui veut me parler, me dire quelque chose aujourd’hui.
L’important, c’est aussi c’est que cette parole ne s’envole pas. Donc je note cette parole. Un élément important aussi de cette petite méthode, c’est d’avoir un carnet que je vais tâcher de ne pas perdre et sur lequel je vais noter cette parole de jour en jour pour la garder. Je vais la lire et la recevoir de manière plus concrète en la transcrivant. Les jours suivants, je pourrai aussi faire le point sur la manière dont je l’ai mise en pratique, car il faudra reprendre tout cela.
3E TEMPS de LA LOUANGE ET L’ADORATION : Ensuite, m’étant mis en disposition de cœur pour écouter Dieu et Dieu m’ayant parlé, je vais m’adresser à lui. Je vais lui dire les mots qui viennent du cœur, partant de cette Parole. Par exemple si j’ai écouté : « Je ne vous appelle plus serviteur mais je vous appelle mes amis », je vais m’adresser à Jésus en disant : « Jésus, mon Dieu, je t’adore ? Je vois que tu es le Dieu des dieux, le Seigneur des seigneurs, et tu veux être mon ami ! Et je veux être ton ami ! »
Il faut entrer dans une dynamique de « je » et de « tu », comme on parle à un ami. Cette relation repose sur un échange, sur un dialogue, sur un colloque. Il s’agit de dialoguer, de ne pas avoir peur de parler. C’est ce qu’on appelle l’oraison. Parler à Dieu, s’adresser à lui l’interpeller, se laisser conduire par lui. Il s’agit d’adorer Dieu, de se tourner vers lui, de le reconnaître comme le Seigneur de ma vie et de mon existence.
4E TEMPS de L’INTERCESSION : Et ensuite, j’arrive symboliquement au pied de la croix. Et là se trouve Marie. Toujours. Et donc je prends Marie avec moi, pour porter le monde, pour ouvrir ma prière aux intentions du monde. La vie de prière, ce n’est pas « mon petit Jésus et moi » dans mon petit bocal, dans mon aquarium, où on se centre chacun sur soi. Non. Il s’agit d’ouvrir son cœur à la réalité du monde, de mes voisins. Cela peut être lié aux informations, aux difficultés dans le monde, à mes amis, mes proches, mon enfant, mon épouse. J’ouvre ma prière aux dimensions de la prière du monde. Et partant de la croix, avec Marie qui enfante et qui prie, je rentre dans ce temps d’intercession.
Ce qui est important aussi, c’est de mesurer les fruits de ma prière même s’ils m’échappent. Il faut accueillir ces fruits dans la foi et se dire que notre prière porte un fruit qui demeure, dans le cœur de Dieu, et qu’aucune prière n’est perdue. Ensuite, on termine ce temps de prière par un « Notre-Père » en se confiant au Père. Avec le silence, l’écoute, l’adoration et l’intercession, ce temps de prière est structuré.
(à suivre)