Lien quotidien paroissial

Vendredi 11 juin : Solennité du Sacré Cœur de Jésus

Parole de Dieu : Jean 19,31-37

Commentaire :

« Le fondateur de l’école du Cœur de Jésus « Je suis doux et humble de cœur » est saint Jean à la dernière Cène. Au chapitre 13 en saint Jean, il parle du « disciple que Jésus aimait, celui qui pendant le repas s’était penché sur sa poitrine. » Etre un autre saint Jean nous est offert à chaque eucharistie puisque ce repos sur le Cœur de Jésus, c’est au moment de l’institution de l’Eucharistie qu’il a lieu et qu’il se renouvelle à chaque communion. A cette source-là, quand nous sommes tout contre le Seigneur, nous buvons sa Sagesse.

La dernière grande icône de l’Evangile de Jean est celle du Transpercé. Jean insiste sur l’ouverture de la source d’eau vive « pour que vous aussi vous croyiez » et non sur sa mort. Il s’agit là de ce qui est capital pour saint Jean, le sommet de son Evangile. Il nous dévoile un mystère à travers la prophétie de Zacharie « Ils regarderont vers Celui qu’ils ont transpercé ». Le futur est très important : « ils regarderont ». Ce sont les chrétiens de tous les temps, nous aujourd’hui.

Tout l’évangile de saint Jean converge vers cette icône du Transpercé et le premier qui la vénère est saint Thomas, celui qui a douté et qui proclame la première confession de foi en la divinité du Christ : « mon Seigneur et mon Dieu ». [Extraits du père Edouard Glotin, s.j.]

MÉDITATION DU JOUR

Spiritualité du cœur du Christ

La spiritualité du cœur du Christ a sa source dans la contemplation du côté transpercé de Jésus tel qu’il apparaît au soir de sa mort et au soir de sa résurrection. À partir de ce regard, le chrétien trouve la route pour vivre et aimer. La blessure au côté du Ressuscité apparaît comme le signe absolu de l’amour jusqu’au bout, comme le sceau qui scelle une vie qui n’a été qu’amour : Nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru. Dieu est amour(1 Jn 4, 16). Ce regard nous fait accéder à une connaissance particulière, intime de la personne du Christ et de son mystère d’amour, connaissance qui nous entraîne dans une relation privilégiée avec lui et nous pousse à devenir ce que nous contemplons. Toute la vie de Jésus, ses paroles, ses faits et gestes sont interprétés à la lumière de l’amour que ce regard révèle. Ce regard conditionne nos choix et marque en profondeur notre relation à Dieu et aux autres. Cette spiritualité, comme toutes les autres, est une richesse pour l’Église. Elle est un don précieux qui nous aide à mieux comprendre l’Évangile et à mieux vivre notre baptême.

Henri Caldelari, m.s.c.

Henri Caldelari est né en Valais (Suisse). Missionnaire du Sacré-Cœur, il a été ordonné prêtre en 1967. En contact avec de nombreux laïcs par son ministère, il anime un centre de formation chrétienne et spirituelle dans le Cantal. / Être sur telle le cœur de Dieu, Paulhenc, La Pomarède, 2010, p. 15.

Comment prier chaque jour ? (2) :

L’enrichissement progressif de la prière : Ensuite, je vais me dire : « Est-ce que je ne peux pas donner un petit peu plus ? » La deuxième semaine, j’essaie de rajouter une minute dans chacun des cadrans. On passe à vingt minutes : vingt minutes de prière par jour, c’est déjà énorme. Et du coup, j’entre dans cette dynamique, cette attitude de croissance où je me laisse toujours guider, interpeler. Progressivement, toutes les semaines je vais augmenter mon temps de prière, pour passer ensuite à quatre fois six minutes, puis quatre fois sept, puis quatre fois huit, la cinquième semaine. Et je vais finir par donner près d’une demi-heure par jour au Seigneur. C’est ainsi que je me laisse guider, construire, transformer, et que je vais pouvoir à chaque fois approfondir chaque temps.

On peut donner quelques clés pour que chaque temps puisse être habité de manière plus intense. Chaque semaine prendra une orientation particulière. La première m’encouragera à dire des mots de louanges, la deuxième à faire l’expérience du sacrement de réconciliation (il est bon de découvrir que la prière se nourrit aussi des sacrements : le pardon va me rétablir, me reconstruire), la troisième à participer à l’eucharistie… Chaque semaine des décisions sont prises, et chaque jour de la semaine nous allons approfondir un des temps de prière.

Lire un évangile de bout en bout : Je conseille d’apprendre à lire la Parole de Dieu d’un bout à l’autre. Commencez par l’Évangile de Marc, qui est le plus court ! Chaque jour, je prends un chapitre et je note ce qui m’a touché dans ce chapitre. Cela permet d’entrer dans une nouvelle dimension. C’est autre chose que de choisir la Parole ou de prendre une parole par-ci par-là. Cela fait découvrir aussi que l’Évangile et les Écritures forment un tout, que l’Histoire sainte est une histoire cohérente et que l’Évangile de Marc comme les autres Évangiles forme un corps, un corps qui se tient. Et cela montre aussi comment Dieu s’y prend avec nous, avec les disciples, avec les apôtres, comment il les interpelle, comment il les conduit, comment il est pasteur avec eux.

Comprendre l’Incarnation de Dieu : En même temps, on peut faire l’expérience de la lectio divina : j’écoute la Parole ; j’essaie d’imaginer le cadre dans lequel elle est prononcée ; j’imagine le lac de Tibériade, le bateau de Pierre, sa belle-mère malade ; j’essaie d’entrer dans le cadre de cette Parole qui s’est incarnée dans un temps. De la même manière qu’elle s’est incarnée dans un temps, elle s’incarne aujourd’hui, dans le temps dans lequel je vis. Et le fait de découvrir que Dieu a pris chair dans notre chair, qu’il s’est incarné dans le temps, me fait comprendre aussi qu’il peut s’incarner et qu’il va s’incarner dans mon histoire.

 L’écoute de la Parole, la méditation de la Parole me font entrer dans une dimension nouvelle. Je peux m’émerveiller devant l’action de Dieu grâce à sa Parole et cela me permet d’entrer dans cette nouvelle dimension qu’est celle du témoignage. Je peux faire l’expérience de partager les fruits de cette Parole avec quelqu’un de mon entourage. J’ai découvert que Dieu m’avait conduit dans tel ou tel chemin ; avec humilité et simplicité, je vais le partager à quelqu’un que j’aime. Il est plus facile pour commencer de le dire à un conjoint ou à un enfant : quelqu’un qui va aussi s’émerveiller avec moi et qui va voir aussi les fruits de la Parole dans ma vie. « C’est vrai que tu as changé. Tu as décidé de ne plus critiquer parce que tu as lu telle ou telle parole dans la Bible par laquelle le Seigneur nous invite à garder notre langue et bien je vois que tu ne critiques plus ; je vois que tu ne dis plus de mal ou moins de mal. » C’est donc un très beau chemin qui peut aussi permettre à nos frères dans le Seigneur de s’émerveiller et désirer eux aussi de se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu et à sa mise en pratique.

Apprendre de la Tradition de l’Église pour rejoindre le Christ : Petit à petit, on va approfondir ce temps d’adoration à la lumière aussi des Pères de l’église ou des maîtres de l’oraison. Je cite beaucoup le père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus et sainte Thérèse d’Avila, qui nous apprennent à entrer dans cette relation personnelle avec le Christ. Je cite aussi le père Caffarel, qui nous apprend à dire « je » et « tu », et c’est très important car la prière, c’est une personne qui s’adresse à une personne, c’est parler à quelqu’un de vivant. La prière n’est pas la méditation d’un texte ancien sur lequel on pourrait réfléchir comme sur un texte philosophique ; c’est entrer dans une relation avec une Parole qui s’est incarnée en la personne du Christ.

Nous avons besoin de constance pour faire cette découverte de la prière. C’est la constance qui produit l’espérance. Et quand nous sommes constants, nous découvrons que notre vie change, et qu’elle peut encore changer. Cette expérience donne la joie. Mais cela ne peut se découvrir que si je prie tous les jours. Que si je suis en relation avec Lui tous les jours. Et quand on dit tous les jours, c’est tous les jours. Car Dieu sanctifie le temps, il sanctifie la journée. Ce n’est pas pour rien que, dans le récit de la Création, Dieu parle de journée : « Il y eut un soir, il y eut un matin… » C’est le rythme de la vie, de la création dont nous faisons partie. C’est important de s’émerveiller devant cette création. S’émerveiller devant la création nous permet de nous émerveiller devant la Rédemption. C’est une joie profonde que nous avons besoin de découvrir et que nous ne pouvons découvrir que si nous sommes dans ce rythme quotidien.

Un parcours de neuf mois : Beaucoup de personnes m’ont donné leur témoignage : cette méthode des quatre temps les aide dans leur vie de prière mais cette vie de prière a besoin de grandir. Prier une demi-heure par jour, c’est déjà beaucoup et vous allez voir que cela change le cours de votre existence. Cela, je le promets, change tout. Si vous voulez plus ou si vous découvrez que Dieu veut plus, je propose un parcours de neuf mois, de naissance, de gestation, qui va permettre d’aller jusqu’à une heure de prière par jour. Ce n’est pas forcément pour tout le monde, mais on peut suivre ces neuf mois même si on n’augmente pas le temps des rendez-vous de prière proposés.

Des propositions rythment ces neuf mois. Par exemple, un pèlerinage sur le lieu de notre baptême : savons-nous à quel endroit nous avons été baptisés ? Nous fêtons souvent notre anniversaire de notre naissance avec nos amis, nos parents. Mais est-ce que nous fêtons l’anniversaire de notre baptême ? J’invite chacun à faire un pèlerinage sur le lieu même du début de son histoire sainte. J’encourage aussi à participer à l’eucharistie en semaine. On peut découvrir que la messe n’est pas que le dimanche, que la Parole de Dieu se célèbre aussi pendant la semaine et que l’on peut aussi communier, ou s’associer à la communion.

Je propose aussi d’aller sur la tombe d’un saint du diocèse où l’on habite et de découvrir sa vie de sainteté. Tous nos diocèses en sont comblés. Nous plonger dans l’histoire de ce saint va nous faire découvrir que, malgré ses limites et ses pauvretés, comme les nôtres, il a choisi Dieu. Cela va nous plonger dans cette dynamique de l’appel universel à la sainteté.

Il s’agit de proposer la prière à tous. Qui que vous soyez, quelle que soit votre histoire, la vie de prière est possible ; il y a des moyens à prendre et cela va changer le cours de votre histoire. Cela va tout changer : votre manière de parler aux gens, votre manière de les aimer, votre manière de travailler, votre manière d’éduquer vos enfants, votre manière d’acheter, etc. On peut être confiant dans cette dynamique-là parce qu’elle est simple, accessible et s’adresse spécialement à des laïcs.

La spiritualité du laïc : La spiritualité d’un religieux est celle d’un monastère avec une règle, des offices, etc. Les laïcs ne peuvent pas faire cela. Alors, notre cloche, c’est quoi ? C’est notre agenda, avec notre montre. Sur l’agenda, je vais noter mon temps de prière, l’heure à laquelle je vais le prendre. C’est important de le noter, car je vais rencontrer quelqu’un. Donc je prends un rendez-vous. Ce sont des choses toutes simples qui nous permettent de rentrer humblement dans cette dynamique de la prière. Il y a une parole très forte de Benoît XVI qui nous dit : « La prière, c’est une question de vie ou de mort. » La question qui vient après, c’est : « Est-ce que nous voulons vivre ? » Où est-ce que nous voulons rester sur nos chemins de mort (bien sûr plus ou moins clairement tracés) ?

 
Cette petite méthode de prière n’est pas révolutionnaire. Elle est un moyen très simple, fondé sur la pratique et l’expérience de l’Église, depuis des siècles. C’est une petite synthèse de ce que l’Église propose, particulièrement à la lumière de ce que dit le pape et de ce qu’il propose aux laïcs. Ce ne sont pas des saints de seconde zone, ce sont des saints à part entière qui sont appelés à cette relation intime avec Jésus.

La spiritualité du laïc est une spiritualité propre : elle consiste à travailler à la sanctification du monde, à s’offrir pour le monde, dans le monde, au cœur du monde et des relations avec les gens. La spiritualité du laïc chrétien, c’est d’être au milieu de ses frères humains pour les rencontrer, les aimer, leur montrer que l’amour est possible. Leur montrer aussi qu’ils sont des personnes que Dieu aime, que chacun est une personne que Dieu aime et que s’il n’y avait qu’eux sur terre, le Seigneur aurait donné leur vie pour eux. La spiritualité du laïc, c’est de montrer tout cela dans le milieu du travail, dans le milieu associatif, dans les relations diverses que l’on peut avoir. C’est d’être aux avant-postes de la relation avec les gens.