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Mardi 13 avril

Parole de Dieu : Jean 3,7-15

Commentaire :

«Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » Je dois faire confiance à l’Esprit en ces temps apparemment confus et troubles. L’Esprit de Dieu nous surprend par des inspirations dont nous ne pouvons souvent pas expliquer l’origine : je prie pour être sensible à la présence de l’Esprit dans ma vie et dans le monde. Je demande de faire confiance à ces inspirations. 

« De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. » Tout à coup, Jésus proclame fortement qui il est : quiconque croit en lui lorsqu’il aura été élevé sur la croix aura la vie éternelle. Je demande à Jésus d’affermir ma foi en lui et en son pouvoir de me donner une vie épanouie.

Les trois excellentes raisons de se réjouir avec Jésus selon saint Augustin :

Le temps qui suit Noël est un temps privilégié où l’on se réjouit à la fois de la proximité de Jésus, de ce qu’il fait pour nous, mais aussi de ce qu’il est en lui-même.
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Lundi 12 avril

Parole de Dieu du jour : Jean 3,1-8

Commentaire :

Nicodème vient de nuit, il est dans l’obscurité, spirituellement aussi bien que physiquement. Les paroles de Jésus allument en lui une mèche qui brûle doucement et qui brillera de manière éclatante au moment le plus improbable. Après la Crucifixion, quand tout semble terminé, Nicodème se déclarera disciple en venant avec de la myrrhe et de l’aloès. Nicodème voulait savoir qui était Jésus ; il est allé le trouver pendant la nuit, probablement parce qu’étant pharisien, il craignait de le faire publiquement. Pourtant, Jésus l’a accueilli et il l’a pris très au sérieux. Comme Nicodème, nous pouvons être à la recherche de la vérité, tout en ayant peur de le faire ouvertement à cause de ce que les autres pourraient penser. Cependant, Jésus apprécie cette attitude de Nicodème. Comme lui alors, il me met au défi de « naître d’en haut ».

Je demande la grâce de savoir en quoi Jésus m’invite à naître « du souffle de l’Esprit », dans l’ensemble ou le détail des choses. Je veux faire de mon mieux pour accomplir sa volonté. Je prie en évoquant les paroles du pape François: «C’est précisément l’Esprit qui nous change, qui vient de toutes parts, comme le vent. Seul l’Esprit peut changer notre comportement, changer l’histoire de notre vie, changer notre appartenance également.»

MÉDITATION DU JOUR

Le secret de l’évangélisation

Si le propre de l’oraison est d’unir à Dieu, l’homme peut-il jamais être dans un meilleur état pour faire le bien, que lorsqu’il lui est plus uni ? C’est la raison pour laquelle les démons redoutent si fort l’oraison et les personnes d’oraison, parce que Dieu s’y trouve, et c’est l’unique chose qu’ils craignent. Ils se mettent peu en peine d’un directeur, d’un prédicateur, d’un missionnaire, s’ils aperçoivent qu’il a plus de l’esprit de l’homme que de l’esprit de Dieu ; ils se soucient peu de la science, en ayant davantage que les plus doctes ; ils se soucient peu de l’éloquence, des belles-lettres, des belles qualités naturelles ; ils sont mieux pourvus de toutes ces choses que ceux qui en sont les plus riches ; la faveur, le crédit, la naissance et tout ce que le monde estime ne leur fait point de peur. Ce qui les fait trembler, c’est Dieu, et ceux qui sont pleins de Dieu.

Henri-Marie Boudon

Archidiacre du diocèse d’Évreux, Henri-Marie Boudon († 1702) réforme avec énergie un clergé médiocre, s’attirant de nombreuses inimitiés. Calomnié et déposé avant d’être réhabilité, il finit sa carrière comme prédicateur en Lorraine, en Saxe et en Belgique. / Henri-Marie Boudon, Œuvres complètes, III, Paris, Migne, 1856, col. 162s.

Comment être miséricordieux au quotidien ?

La fête de la Miséricorde, ce dimanche 11 avril, est l’occasion de faire l’expérience de l’inépuisable tendresse de Dieu.

Le Dimanche de la miséricorde divine nous invite à découvrir plus profondément combien le Seigneur, « Dieu de tendresse et pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité » (Ex 34, 6), est saisi de compassion devant la misère de l’homme pécheur. Il ne repousse pas celui qui crie vers Lui et ne demande qu’une chose : que nous ayons la simplicité et l’audace – celle des petits enfants – de nous jeter dans ses bras, de recourir inlassablement à son amour. Plus nous percevons à quel point le Seigneur veut combler tout homme de sa miséricorde, plus nous nous sentons appelés à en être témoins.

Nous ne pouvons pas accueillir la miséricorde, sans être miséricordieux : Le plus terrible, ce n’est pas de pécher, mais de douter de la miséricorde : pour s’en convaincre, il suffit de comparer le désespoir de Judas et les larmes de Pierre après que l’un et l’autre ont trahi Jésus. L’un s’est pendu, l’autre s’est laissé réconcilier avec son Seigneur et est devenu le grand saint que l’on sait.

Nous ne pouvons pas accueillir la miséricorde, sans être miséricordieux à notre tour. « Pardonne-nous comme nous pardonnons », disons-nous dans le Notre Père. « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 36), insiste Jésus, qui raconte pour mieux se faire comprendre encore, la parabole du débiteur impitoyable (Mt 18, 23-35) ; ce débiteur au cœur dur, que nous sommes tous, lorsque nous refusons de pardonner à nos frères alors que Dieu nous pardonne.

 La miséricorde est tendresse fidèle, une compassion : La miséricorde nous désarme. Au lieu de faire surgir en nous le jugement qui condamne, au lieu de mettre sur nos lèvres la parole qui enferme, elle ouvre nos cœurs à la misère de nos frères. « On ne donne Dieu que par rayonnement », disait Marthe Robin. On n’annonce la miséricorde qu’en la vivant, chaque jour, là où nous sommes.

La miséricorde n’est pas seulement le pardon. Il s’agit d’une tendresse fidèle, d’une compassion qui saisit la personne au plus profond de son être. Et ce, devant toute sorte de misère : celle du péché, bien sûr, mais aussi la faim, la soif, l’isolement, le désespoir, la privation de liberté, la douleur physique, la déchéance sociale. En somme, ce qu’énumère Jésus quand Il parle du jugement dernier : « J’ai eu faim, j’ai eu soif, j’étais prisonnier, malade, étranger… » (Mt 25, 31-46) « Instruire, conseiller, consoler, conforter sont des œuvres de miséricorde spirituelle, comme pardonner et supporter avec patience. Les œuvres de miséricorde corporelle consistent notamment à nourrir les affamés, loger les sans-logis, vêtir les déguenillés, visiter les malades et les prisonniers, ensevelir les morts » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, § 2447)

La miséricorde n’est pas seulement le pardon. Il s’agit d’une tendresse fidèle, d’une compassion qui saisit la personne au plus profond de son être. Et ce, devant toute sorte de misère : celle du péché, bien sûr, mais aussi la faim, la soif, l’isolement, le désespoir, la privation de liberté, la douleur physique, la déchéance sociale. En somme, ce qu’énumère Jésus quand Il parle du jugement dernier : « J’ai eu faim, j’ai eu soif, j’étais prisonnier, malade, étranger… » (Mt 25, 31-46) « Instruire, conseiller, consoler, conforter sont des œuvres de miséricorde spirituelle, comme pardonner et supporter avec patience. Les œuvres de miséricorde corporelle consistent notamment à nourrir les affamés, loger les sans-logis, vêtir les déguenillés, visiter les malades et les prisonniers, ensevelir les morts » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, § 2447)

On ne vit la miséricorde qu’en rejoignant l’autre dans sa misère : Les œuvres de miséricorde ne sont pas de « bonnes œuvres », au sens étriqué du terme. La tentation nous guette tous, de venir en aide à notre prochain du haut de notre vertu, de notre dévouement, de notre situation sociale, de nos moyens matériels. Mais alors, il ne s’agit pas de miséricorde ; car on ne vit la miséricorde qu’en rejoignant l’autre dans sa misère, ce qui passe, pour chacun de nous, par l’acceptation de notre propre misère. Ce n’est qu’en consentant à me reconnaître pauvre et pécheur devant Dieu, en me tenant devant Lui comme un pauvre, que je peux recevoir de Lui l’amour de miséricorde dont je pourrai, à mon tour, aimer mes frères. Il ne s’agit pas de faire du « paupérisme spirituel » en reniant mes capacités et mes richesses : il s’agit d’avoir bien conscience que je n’ai rien mérité, que tout m’a été donné gratuitement, et que je suis, fondamentalement, un « petit » qui doit tout à son Père.

 Cela se traduit, en particulier, dans toutes les tâches éducatives. La miséricorde est comme la tonalité de l’éducation chrétienne. Cette miséricorde qui nous rend patients, disponibles pour écouter et consoler, capables d’expliquer cinquante fois la même chose et de répéter indéfiniment les mêmes tâches, qui ouvre notre cœur et nos bras pour accueillir l’enfant prodigue et qui pardonne « soixante-dix fois sept fois ». Cette miséricorde qui nous fait, d’abord, nous recevoir de Dieu tels que nous sommes, sans nous irriter de nos propres limites. Notre autorité sera d’autant plus grande auprès de nos enfants qu’elle ne s’appuiera pas sur nos forces, mais sur le Seigneur. Et nous serons d’autant plus patients avec eux que nous nous en remettrons constamment, avec toutes nos faiblesses et nos erreurs, à son infinie miséricorde.

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Samedi 26 mars

On dit souvent que Jésus a été condamné parce qu’il aurait affirmé être fils de Dieu, ce qui aurait été un blasphème. Les choses sont plus subtiles. Jésus n’a pratiquement pas dit qu’il était fils de Dieu ; il a montré qu’il faisait l’œuvre de Dieu son Père. Il permet à ses contemporains de reconnaître que Dieu n’est pas simplement celui qui a été l’origine de tout à la Création ; Dieu continue à agir dans le monde. Dieu n’est pas extérieur au monde, Jésus rend visible cette action divine dans l’aujourd’hui de l’histoire. Les interlocuteurs de Jésus rechignent, bien qu’ils voient parfaitement les œuvres de Jésus, à reconnaître que ces œuvres sont bel et bien celles de Dieu et qu’elles appellent une confiance radicale en Jésus, l’envoyé du Père. Nous pouvons être tentés de rester aveugles aux œuvres que Dieu accomplit aujourd’hui dans nos vies et autour de nous ; en étant aujourd’hui attentifs à ces œuvres nous pourrons nous laisser entraîner davantage dans la vie de Dieu.

« La foi de la Vierge Marie change le cours de l’histoire » 

Quand Marie dit oui à l’archange Gabriel, le Fils de Dieu prend chair dans son sein et l’histoire humanité bascule dans le temps de la grâce divine. Oui, c’est par la foi de Marie que l’humanité va recevoir le Salut, « grâce sur grâce » (Jn 1, 16). Désormais l’histoire des hommes n’est pas aveugle, elle a un sens et un sens heureux. Une femme, mère par l’opération du Saint-Esprit, accueille le Fils de Dieu au nom de son peuple Israël et de toute l’humanité. Elle le reçoit et elle le donne. Aucun homme n’a pu accomplir une telle merveille. Depuis la première femme symbolique, Ève, l’humanité souffrait de l’éloignement de Dieu. Par une femme, Marie, nouvelle Ève, l’humanité retrouve l’union intime avec Dieu.

Marie vit en état de grâce mais elle n’est pas la seule à se réjouir de la grâce divine. Ceux qui croient à la suite de Marie sont aussi comblés de l’allégresse de l’Esprit Saint.

« Là où le péché avait abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20), enseigne saint Paul en commentant l’avènement de Jésus le Christ, le nouvel Adam, l’Homme nouveau. Désormais, par le mystère de l’Incarnation, l’existence quotidienne deviendra une fête. La présence de Dieu emplira d’amour le cœur des chrétiens.

En fêtant de manière solennelle l’Annonciation, nous fêtons Jésus Sauveur, né d’une femme, Marie. Il s’agit avant tout d’une fête christologique plutôt que mariale.

Comblée de grâce, prédestinée de toute éternité, dès avant la fondation du monde, à la maternité divine, Marie de Nazareth a reçu tout d’abord le Fils de Dieu dans son âme par la foi. Saint Augustin, le grand docteur de l’Église, explique la grandeur de Marie en tant que disciple. Elle a conçu le Fils de Dieu, d’abord dans son cœur, en adhérant au message de l’ange Gabriel, avant de le concevoir dans ses entrailles maternelles. « Ce qui est dans l’âme est davantage que ce qui est dans le sein corporel», s’exclame l’évêque d’Hippone. Grâce à la confiance de Marie, l’humanité entière vivra désormais avec le Christ ressuscité comme le montre le rite du cierge pascal : « Christ, hier et aujourd’hui, commencement et aboutissement, alpha et oméga. À lui le temps, à lui l’éternité, à lui la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen. »

La fête de l’Annonciation nous concerne par conséquent directement. Par la Vierge Marie s’accomplit, pour nous, le plan divin du Salut. Dieu le Père nous bénit dans le Fils de Marie et nous sommes appelés à devenir « des fils adoptifs par Jésus-Christ » (Ep 1,5). C’est pourquoi la joie de Dieu reçue par Marie à l’Annonciation passe aussi en nous qui croyons au Verbe fait chair. Aujourd’hui l’Église exulte d’allégresse.

Saint Joseph, l’époux de Marie, a été aussi « élu de Dieu dès avant la fondation du monde » pour accomplir sa mission de père adoptif de Jésus, le Fils de Dieu fait homme. Dans la grâce du mariage, Joseph a partagé la foi et la mission de son épouse, Marie. La grâce accordée à Marie est passée en Joseph par l’union du mariage. La grâce répandue sur Joseph a fortifié et illuminé le cheminement spirituel de Marie. Marie et Joseph ont partagé leur relation avec Dieu et leur recherche commune de la volonté de Dieu, en veillant sur Jésus. Par le mariage avec Joseph, Marie n’a pas agi en « mère célibataire » mais en épouse. Par les origines de Joseph, de la maison du roi David, Jésus sera reconnu comme Messie.

Le Seigneur était avec Marie. Le Seigneur était avec Joseph. Ensemble ils ont élevé Jésus dans foi d’Israël. En éduquant Jésus, Marie et Joseph ont grandi en âge, en grâce et en sagesse. Aujourd’hui nous célébrons la vocation de Marie, mais aussi celle de Joseph. Vocations distinctes et complémentaires au service de la vie de Jésus et de l’humanité.

Il y a 25 ans, l’enlèvement des moines de Tibhirine

 Il y a 25 ans, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, les moines de Tibhirine (Algérie) étaient enlevés. En apprenant quelques semaines plus tard, en mai 1996, leur assassinat, le monde a aussi découvert l’incroyable témoignage d’espérance et d’humanité de ces frères entièrement consacrés à Dieu et à leur prochain.

Luc, Christian, Christophe, Michel, Célestin, Bruno, Paul. Les prénoms des moines de Tibhirine se suivent et se récitent comme une douce et douloureuse litanie. Douloureuse quand on pense à leur enlèvement, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, puis à leur assassinat. Mais si douce quand on découvre ce que furent leurs vies données, entièrement, et le lumineux témoignage de foi et de charité qu’ils ont laissé.

Les sept moines de l’ordre cistercien ont été enlevés dans leur monastère de Notre-Dame de l’Atlas, sur les hauteurs de Médéa, en Algérie. La première revendication de leur enlèvement, signée du chef du GIA Djamel Zitouni, n’est communiquée qu’un mois plus tard, le 26 avril. Un communiqué, le 23 mai suivant, affirme qu’ils ont été exécutés deux jours plus tôt. Mais seules les têtes sont retrouvées sur une route, le 30 mai 1996. Dans les mois et les années qui suivent, plusieurs éléments jettent un trouble sur les circonstances de la mort des moines. Le plus récent est un rapport datant de février 2018 dans lequel des experts soulignent que des traces d’égorgement n’apparaissaient que pour deux des moines et que tous présentent les signes d’une « décapitation post-mortem », de quoi alimenter les soupçons d’une possible mise en scène.

Le dernier rebondissement est une lettre en date du 21 juin 2019 envoyée par l’avocat des familles des sept moines assassinés, Mr Patrick Baudouin, demandant aux magistrats de délivrer une nouvelle commission rogatoire internationale afin que l’ancien président algérien (1999-2019), Abdelaziz Bouteflika, et le général Mohamed Mediene (qui dirigeait à l’époque des faits le département du renseignement et de la sécurité, ndlr) puissent être entendus « le plus rapidement possible ». Une demande restée pour le moment sans réponse. Mais si des zones d’ombres entourent la mort des moines de Tibhirine, leurs vies, elles, sont d’une limpidité et d’une espérance bouleversantes, comme en témoigne leur béatification le 8 décembre 2018 par le pape François, en même temps que les autres martyrs d’Algérie.

Notre-Dame de l’Atlas, le monastère où ont vécu les moines de Tibhirine, a été fondé en 1938. « C’était une grande bâtisse un peu austère mais chaleureuse et accueillante, construite en face d’un des plus beaux paysages du monde : les palmiers, les mandariniers, les rosiers se dessinaient devant les montagnes enneigées de l’Atlas ». C’est avec ces morts que l’écrivain Jean-Marie Rouart à décrit le monastère Notre-Dame de l’Atlas dans un discours sur la vertu prononcé en 2001 à l’Académie française. « Des hommes avaient choisi de s’installer dans ce lieu loin de tout mais proche de l’essentiel, de la beauté, du ciel, des nuages. Ce n’étaient pas des hommes comme les autres : ils n’avaient besoin ni de confort ni de télévision. Ce qui nous est nécessaire leur était inutile, et même encombrant. » L’ensemble des moines y vivent de la prière et de leur travail agricole.

Avec l’indépendance du pays en 1962, la question de l’avenir du monastère s’était posé à plusieurs reprises. Et finalement, ils étaient restés. La présence des moines se faisait plus discrète. Frère Luc, médecin, dispense alors des soins auprès du voisinage tandis que frère Amédée, par exemple, donne des cours aux enfants. La communauté s’engage auprès des autorités à un devoir de réserve strict et à ne pas dépasser le nombre de douze moines. « Nous en sommes arrivés à nous définir comme “priants au milieu d’autres priants”. Venant de notre cloche ou du muezzin, les appels à la prière établissent entre nous une “saine émulation réciproque” », peut-on lire dans un texte écrit par la communauté pour le Synode romain sur la vie consacrée de 1994. « On aurait plutôt le sentiment d’être “mieux compris” que ne le sont certains monastères dans leur environnement de vieille chrétienté ».

Ces hommes, ces moines, dont Xavier Beauvois a magnifiquement rendu hommage dans le film Des hommes et des dieux, n’ont pas quitté l’Algérie malgré les menaces et les mises en garde. Ils ont pardonné à l’avance leurs agresseurs. Ils ont librement choisi de ne pas abandonner et d’être fidèles à l’appel de Dieu. « Prêcher l’Évangile en silence » comme le bienheureux Charles de Foucauld. Les moines de Tibhirine ont laissé un héritage spirituel fort : apôtres de la paix et du dialogue, ils ont véritablement donné leur vie, faisant le choix de rester fidèles à leur Église mais aussi à leurs frères algériens, au milieu desquels ils avaient souhaité vivre.

Luc, Christian, Christophe, Michel, Célestin, Bruno et Paul partageaient une vie communautaire ordinaire et en ont fait une chose extraordinaire. Ils formaient une vraie communauté monastique tout en ayant chacun un itinéraire spirituel individuel. Paul était un vrai artisan. C’était un homme simple et sans artifice, avec une spiritualité très incarnée. Chez Luc, sa discrétion et son humilité naturelles ont transformé son service pour les malades en la plus belle des prières. Michel était un véritable gardien de la prière de la fraternité. Quant à Bruno, il a puisé dans l’adoration eucharistique la force de surmonter ses fragilités, de se dépasser jusqu’à faire le don de sa vie. Célestin était habité par les plus pauvres et les plus marginaux — c’est « avec eux » qu’il est entré dans la vie monastique. Et Christophe (le supérieur de la communauté, ndlr), quant à lui, c’est dans la poésie qu’il a su trouver les mots pour traduire l’expérience et le souffle du Christ. Mais leur message, tout en étant celui de chaque frère, dans le parcours et la spiritualité de chacun, est d’abord celui de la fraternité qu’ils ont porté ensemble grâce aux dons du Christ. 

Tous différents mais tous convaincus de leur mission et de leur place, en Algérie. Mettant leurs pas dans ceux de Charles de Foucauld, ils ont choisi de s’abandonner entièrement au Seigneur. En témoigne d’ailleurs les nombreux écrits de chacun. Le plus connu est bien entendu le testament spirituel de Christian de Chergé et cette phrase, particulièrement forte : « S’il m’arrivait un jour — et ça pourrait être aujourd’hui — d’être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon Église, ma famille, se souviennent que ma vie était DONNÉE à Dieu et à ce pays ». « Dans son testament, frère Christian savait qu’on lui reconnaîtrait un échec ou de la naïveté. Il avait subi de nombreuses pressions pour quitter Tibhirine qui devenait un lieu de plus en plus menacé », confiait il y a trois ans à Aleteia son neveu, Bruno de Chergé. « Lui cherchait à établir des ponts. Ils voulaient que les gens se parlent, qu’il y ait un retour à la transcendance qui est vecteur de paix. Une religion doit être facteur de paix, elle relie. C’est ce qui habitait frère Christian ».

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Samedi 10 avril

Parole de Dieu du jour : Marc 16,9-15

 Commentaire

Marie Madeleine a été la première personne à transmettre le message de la résurrection de Jésus, cependant, les disciples ne l’ont pas crue. Jésus leur reprochera leur incrédulité et leur obstination. Dans l’Église de notre temps, les femmes tiennent encore peu de place quant aux processus décisionnels. Prions l’Esprit de guider l’Église selon la volonté de Dieu.

Le passage d’aujourd’hui est l’appendice de l’Evangile de Saint Marc. Cela nous donne l’occasion de revoir notre expérience de la semaine de Pâques et de nous demander quel impact cette semaine a eu sur nous. Jusqu’à quel point avons-nous été capables de nous réjouir de façon désintéressée avec le Christ ressuscité?

Marie, la compagne parfaite du temps pascal 

Pour comprendre le sens de la Résurrection de Jésus dans nos vies, rien de tel que la compagnie de sa Mère, à qui il est permis de penser qu’elle dût être la première à le voir vivant.
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