Lien quotidien paroissial

Lundi 12 avril

Parole de Dieu du jour : Jean 3,1-8

Commentaire :

Nicodème vient de nuit, il est dans l’obscurité, spirituellement aussi bien que physiquement. Les paroles de Jésus allument en lui une mèche qui brûle doucement et qui brillera de manière éclatante au moment le plus improbable. Après la Crucifixion, quand tout semble terminé, Nicodème se déclarera disciple en venant avec de la myrrhe et de l’aloès. Nicodème voulait savoir qui était Jésus ; il est allé le trouver pendant la nuit, probablement parce qu’étant pharisien, il craignait de le faire publiquement. Pourtant, Jésus l’a accueilli et il l’a pris très au sérieux. Comme Nicodème, nous pouvons être à la recherche de la vérité, tout en ayant peur de le faire ouvertement à cause de ce que les autres pourraient penser. Cependant, Jésus apprécie cette attitude de Nicodème. Comme lui alors, il me met au défi de « naître d’en haut ».

Je demande la grâce de savoir en quoi Jésus m’invite à naître « du souffle de l’Esprit », dans l’ensemble ou le détail des choses. Je veux faire de mon mieux pour accomplir sa volonté. Je prie en évoquant les paroles du pape François: «C’est précisément l’Esprit qui nous change, qui vient de toutes parts, comme le vent. Seul l’Esprit peut changer notre comportement, changer l’histoire de notre vie, changer notre appartenance également.»

MÉDITATION DU JOUR

Le secret de l’évangélisation

Si le propre de l’oraison est d’unir à Dieu, l’homme peut-il jamais être dans un meilleur état pour faire le bien, que lorsqu’il lui est plus uni ? C’est la raison pour laquelle les démons redoutent si fort l’oraison et les personnes d’oraison, parce que Dieu s’y trouve, et c’est l’unique chose qu’ils craignent. Ils se mettent peu en peine d’un directeur, d’un prédicateur, d’un missionnaire, s’ils aperçoivent qu’il a plus de l’esprit de l’homme que de l’esprit de Dieu ; ils se soucient peu de la science, en ayant davantage que les plus doctes ; ils se soucient peu de l’éloquence, des belles-lettres, des belles qualités naturelles ; ils sont mieux pourvus de toutes ces choses que ceux qui en sont les plus riches ; la faveur, le crédit, la naissance et tout ce que le monde estime ne leur fait point de peur. Ce qui les fait trembler, c’est Dieu, et ceux qui sont pleins de Dieu.

Henri-Marie Boudon

Archidiacre du diocèse d’Évreux, Henri-Marie Boudon († 1702) réforme avec énergie un clergé médiocre, s’attirant de nombreuses inimitiés. Calomnié et déposé avant d’être réhabilité, il finit sa carrière comme prédicateur en Lorraine, en Saxe et en Belgique. / Henri-Marie Boudon, Œuvres complètes, III, Paris, Migne, 1856, col. 162s.

Comment être miséricordieux au quotidien ?

La fête de la Miséricorde, ce dimanche 11 avril, est l’occasion de faire l’expérience de l’inépuisable tendresse de Dieu.

Le Dimanche de la miséricorde divine nous invite à découvrir plus profondément combien le Seigneur, « Dieu de tendresse et pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité » (Ex 34, 6), est saisi de compassion devant la misère de l’homme pécheur. Il ne repousse pas celui qui crie vers Lui et ne demande qu’une chose : que nous ayons la simplicité et l’audace – celle des petits enfants – de nous jeter dans ses bras, de recourir inlassablement à son amour. Plus nous percevons à quel point le Seigneur veut combler tout homme de sa miséricorde, plus nous nous sentons appelés à en être témoins.

Nous ne pouvons pas accueillir la miséricorde, sans être miséricordieux : Le plus terrible, ce n’est pas de pécher, mais de douter de la miséricorde : pour s’en convaincre, il suffit de comparer le désespoir de Judas et les larmes de Pierre après que l’un et l’autre ont trahi Jésus. L’un s’est pendu, l’autre s’est laissé réconcilier avec son Seigneur et est devenu le grand saint que l’on sait.

Nous ne pouvons pas accueillir la miséricorde, sans être miséricordieux à notre tour. « Pardonne-nous comme nous pardonnons », disons-nous dans le Notre Père. « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 36), insiste Jésus, qui raconte pour mieux se faire comprendre encore, la parabole du débiteur impitoyable (Mt 18, 23-35) ; ce débiteur au cœur dur, que nous sommes tous, lorsque nous refusons de pardonner à nos frères alors que Dieu nous pardonne.

 La miséricorde est tendresse fidèle, une compassion : La miséricorde nous désarme. Au lieu de faire surgir en nous le jugement qui condamne, au lieu de mettre sur nos lèvres la parole qui enferme, elle ouvre nos cœurs à la misère de nos frères. « On ne donne Dieu que par rayonnement », disait Marthe Robin. On n’annonce la miséricorde qu’en la vivant, chaque jour, là où nous sommes.

La miséricorde n’est pas seulement le pardon. Il s’agit d’une tendresse fidèle, d’une compassion qui saisit la personne au plus profond de son être. Et ce, devant toute sorte de misère : celle du péché, bien sûr, mais aussi la faim, la soif, l’isolement, le désespoir, la privation de liberté, la douleur physique, la déchéance sociale. En somme, ce qu’énumère Jésus quand Il parle du jugement dernier : « J’ai eu faim, j’ai eu soif, j’étais prisonnier, malade, étranger… » (Mt 25, 31-46) « Instruire, conseiller, consoler, conforter sont des œuvres de miséricorde spirituelle, comme pardonner et supporter avec patience. Les œuvres de miséricorde corporelle consistent notamment à nourrir les affamés, loger les sans-logis, vêtir les déguenillés, visiter les malades et les prisonniers, ensevelir les morts » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, § 2447)

La miséricorde n’est pas seulement le pardon. Il s’agit d’une tendresse fidèle, d’une compassion qui saisit la personne au plus profond de son être. Et ce, devant toute sorte de misère : celle du péché, bien sûr, mais aussi la faim, la soif, l’isolement, le désespoir, la privation de liberté, la douleur physique, la déchéance sociale. En somme, ce qu’énumère Jésus quand Il parle du jugement dernier : « J’ai eu faim, j’ai eu soif, j’étais prisonnier, malade, étranger… » (Mt 25, 31-46) « Instruire, conseiller, consoler, conforter sont des œuvres de miséricorde spirituelle, comme pardonner et supporter avec patience. Les œuvres de miséricorde corporelle consistent notamment à nourrir les affamés, loger les sans-logis, vêtir les déguenillés, visiter les malades et les prisonniers, ensevelir les morts » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, § 2447)

On ne vit la miséricorde qu’en rejoignant l’autre dans sa misère : Les œuvres de miséricorde ne sont pas de « bonnes œuvres », au sens étriqué du terme. La tentation nous guette tous, de venir en aide à notre prochain du haut de notre vertu, de notre dévouement, de notre situation sociale, de nos moyens matériels. Mais alors, il ne s’agit pas de miséricorde ; car on ne vit la miséricorde qu’en rejoignant l’autre dans sa misère, ce qui passe, pour chacun de nous, par l’acceptation de notre propre misère. Ce n’est qu’en consentant à me reconnaître pauvre et pécheur devant Dieu, en me tenant devant Lui comme un pauvre, que je peux recevoir de Lui l’amour de miséricorde dont je pourrai, à mon tour, aimer mes frères. Il ne s’agit pas de faire du « paupérisme spirituel » en reniant mes capacités et mes richesses : il s’agit d’avoir bien conscience que je n’ai rien mérité, que tout m’a été donné gratuitement, et que je suis, fondamentalement, un « petit » qui doit tout à son Père.

 Cela se traduit, en particulier, dans toutes les tâches éducatives. La miséricorde est comme la tonalité de l’éducation chrétienne. Cette miséricorde qui nous rend patients, disponibles pour écouter et consoler, capables d’expliquer cinquante fois la même chose et de répéter indéfiniment les mêmes tâches, qui ouvre notre cœur et nos bras pour accueillir l’enfant prodigue et qui pardonne « soixante-dix fois sept fois ». Cette miséricorde qui nous fait, d’abord, nous recevoir de Dieu tels que nous sommes, sans nous irriter de nos propres limites. Notre autorité sera d’autant plus grande auprès de nos enfants qu’elle ne s’appuiera pas sur nos forces, mais sur le Seigneur. Et nous serons d’autant plus patients avec eux que nous nous en remettrons constamment, avec toutes nos faiblesses et nos erreurs, à son infinie miséricorde.