Mardi 9 février
Parole de Dieu du jour : Marc 7,1-13
Commentaire :
La controverse et l’affrontement direct avec les pharisiens commence dans l’évangile de Marc. Tout un ensemble d’observations extérieures s’était développé parmi le peuple – sous l’autorité de chefs religieux experts auto-proclamés ; et de personnes pouvant être considérées comme religieuses ou irréligieuses selon ce que l’on mettait sous ces mots. Ces observances extérieures avaient commencé à prendre toute l’importance normalement réservée aux préceptes même de Dieu pour bien vivre – « les matières les plus importantes de la loi » (Mathieu 23, 23). Le plus important était passé de l’acceptation pleine de coeur des exigences de Dieu – à un « formalisme » exprimé dans vaste ensemble de coutumes et de rites.
Jésus était très conscient de la manière dont certaines personnes pouvaient utiliser ce service en paroles pour un ensemble de régulations comme moyen d’éviter tout réel engagement pour le véritable enseignement de Dieu et le chemin qui pouvait aller directement au cœur d’une personne. Les Pharisiens multipliaient les lois et les rituels religieux au point qu’il était impossible de les connaître tous et encore moins de les observer. Aussi, Jésus les accuse-t-il de mettre les règles sans importance au-dessus de la loi de Dieu qui est une loi d’amour et de compassion.
Suis-je comme les Pharisiens, enclin à juger et à censurer parfois ? Apprends-moi à me regarder moi-même : mes choix ne sont-ils pas déterminés par les annonces publicitaires qui m’incitent à dépenser ? Est-ce que jene laisse pas les manipulateurs de toutes sortes décider de ce que je pense ? Suis-je prévisible, enlisé dans la routine, mon âme ne s’est-elle pas affadie dans une routine fataliste?
Que la Parole de Dieu ravive mon énergie.
MÉDITATION DU JOUR
Hypocrisie
Jésus réagit vivement et traite ses interlocuteurs d’« hypocrites ». C’est la seule fois (alors que Matthieu l’emploie quatorze fois) que Marc utilise ce mot qui signifie littéralement en grec : « acteurs de théâtre ». Il s’appuie immédiatement sur un passage d’Isaïe (cf. Is 29, 13). Il se situe dans la lignée des prophètes qui reprochent souvent à Israël de violer les commandements essentiels du Décalogue sous le couvert d’une fidélité formelle à des pratiques purement culturelles, de réduire l’Alliance à des rites extérieurs où le cœur de l’homme n’est pas engagé…
Jésus oppose la vraie tradition de la Torah – commandement de Dieu – et la tradition des hommes. Celle-ci, élaborée plus tardivement, surtout après l’Exil, avec ses prescriptions, ses interdits, ses innombrables commentaires et interprétations rabbiniques accumulés au cours des siècles, avait fini par masquer l’essentiel de la relation d’amour avec le Dieu de l’Alliance.
Pour illustrer cette hypocrisie, Jésus prend un exemple concret : la pratique du « korbane » (ce mot araméen désigne une offrande consacrée à Dieu). Le Décalogue de Moïse dit clairement : « Honore ton père et ta mère » (Ex 20, 12). Ce devoir de piété filiale était donc après un précepte important de la loi mosaïque. Mais selon la tradition de ses interlocuteurs, il suffisait de promettre d’offrir ses biens, après sa mort, au trésor du Temple pour que ceux-ci deviennent sacrés, et donc intouchables ; ce qui pouvait être une manière subtile d’échapper aux prescriptions de la loi et de laisser, en toute bonne conscience, ses parents dans la misère. Jésus dénonce vigoureusement cette interprétation hypocrite. L’exemple concret, que Jésus vient d’évoquer, illustre parfaitement la citation d’Isaïe qui oppose les lèvres et le cœur, l’attitude religieuse vraie et le discours ou le comportement extérieur de l’homme.
Michel Hubaut, o.f.m.
Le père Michel Hubaut, franciscain, prédicateur, écrivain, conférencier, est l’auteur de plus de vingt-cinq ouvrages de spiritualité. / Quel est cet homme ?, Paris, Salvator / Bellarmin, 2014, p. 150-151.