COMMENTAIRE
En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. » Il n’y aura aucun signe extérieur pour prédire sa venue car il est déjà là. Le plus grand signe est la personne de Jésus lui-même : au début de son ministère, il a annoncé son arrivée. C’est comme la petite graine qui deviendra un grand arbre ; il est déjà présent et cela nous remplit d’espérance et de confiance : le royaume est déjà parmi nous ! Dans un monde où ce royaume semble si loin, et même parfois absent, je demande la grâce d’être sensible à sa présence et en mesure de compter sur elle pour soutenir mon engagement en faveur de sa croissance. Le royaume n’est pas encore dans sa plénitude. Ce temps intermédiaire est difficile à vivre et souvent mystérieux. Ceux qui font le bien doivent supporter la souffrance et le rejet, comme l’a prédit Jésus. Je prie à l’intention de ceux qui souffrent pour le royaume. Père, que ton règne vienne !
Lorsque nous écoutons les nouvelles,
nous pouvons facilement nous sentir submergés, rien ne semble être paisible ou
joyeux, l’activité de Dieu semble avoir disparu. Cependant, la présence de Dieu
et son royaume sont toujours actifs. Chaque fois que quelqu’un agit par amour,
le royaume de Dieu est là. Là où il y a la justice, aussi petite soit-elle, il
y a le royaume de Dieu; là où il y a de la beauté, il y a le royaume de Dieu.
Je réfléchis à la façon dont je vois le
monde autour de moi : oui, il y a de la souffrance, mais est-ce que je vois
aussi l’action de Dieu ? En repensant à ma journée, je dresse une liste des
petits gestes d’amour : messages encourageants, coups de téléphone, etc. Je
rends grâce pour ces choses et je demande à Jésus de m’aider à reconnaître sa
présence et à me libérer de mon manque de confiance.
P. FB
PAROLE DU PAPE FRANÇOIS
L’enseignement de l’Evangile est clair: on doit toujours prier, même quand tout semble vain, quand Dieu nous apparaît sourd et muet et qu’il nous semble perdre notre temps. Même si le ciel s’assombrit, le chrétien ne n’arrête pas de prier. Son oraison va de pair avec la foi. Et la foi, en de nombreux jours de notre vie, peut sembler une illusion, une fatigue stérile. Il y a des moments sombres dans notre vie et dans ces moments, la foi semble une illusion. Mais pratiquer la prière signifie également accepter cette fatigue. «Père, je vais prier et je ne ressens rien… je me sens comme ça, avec le cœur sec, avec le cœur aride». Mais nous devons aller de l’avant, avec cette fatigue des moments difficiles, des moments où nous ne ressentons rien. De nombreux saints et saintes ont fait l’expérience de la nuit de la foi et du silence de Dieu – quand nous frappons et que Dieu ne répond pas – et ces saints ont été persévérants.
(extrait de l’audience du pape François du 11 Novembre sur la prière.)
FÊTE DU JOUR saint Josaphat Kuntsevych
Jean Kuntsevych, né en Volhynie, en 1580. Il est encore adolescent à l’époque de l’Union de Brest (1596) où une partie de l’Eglise d’Ukraine se rattache à Rome et constitue l’Eglise gréco-catholique ou Eglise ruthène. A vingt ans, il entre au monastère de la Sainte Trinité à Vilnius, alors dans le royaume polono-lituanien, dans un monastère de l’ordre basilien et prend le nom de Josaphat. A trente ans, il en devient l’un des supérieurs. Déchiré en lui-même par cette séparation entre catholiques romains et orthodoxes, il se dévoue à la cause de l’unité, polémique avec les orthodoxes tout en gardant une grande douceur. Nommé évêque de Polock en 1617, il se trouve dans une région où les antagonismes sont exacerbés plus encore par des considérations politiques et culturelles que par des points de vue religieux. Au cours d’une émeute provoquée par des intégristes orthodoxes, alors qu’il accomplissait une visite pastorale à Vitebsk, il est lynché et jeté dans le fleuve, martyr pour son attachement à l’Eglise romaine.
Béatifié par le pape Urbain VIII le 16 mai 1643 et canonisé par le bienheureux Pie IX le 29 juin 1867, il est le premier saint des Eglises uniates à être canonisé à Rome.
Ses reliques se trouvent sous l’autel saint Basile dans la basilique Saint Pierre du Vatican.
MÉDITATION : La venue du règne de Dieu
La conversion du cœur est un travail d’orfèvre qui se
fait à force de patience ; la patience divine qui nous accompagne à
travers nos résistances, jour après jour, année après année. Serait-ce là une
source d’ennui ? Nullement. Les horizons intérieurs dépassent
l’entendement non par l’extraordinaire, mais par l’immensité qu’ils donnent aux
étroites limites de notre vie humaine. Ils ne la font pas éclater, tout comme
la divinité de Jésus s’est tenue paisiblement dans les limites de son corps.
Elle ne remplace pas l’ordinaire par l’extraordinaire, elle fait découvrir à
quel point l’extraordinaire divin habite notre ordinaire humain sans avoir
besoin de le changer extérieurement. Le tapage de la grandeur humaine obscurcit
ce regard et le quêteur de Dieu fait généralement sien le dicton :
« Pour vivre heureux, vivons cachés. »
Vous êtes passés par la mort, et votre vie reste
cachée avec le Christ en Dieu, dit, avec plus de profondeur, saint
Paul (Col 3, 3). Telle est sa grandeur, une grandeur de tous les instants
qu’une foi vive peut percevoir en toute rencontre, en toute action, en tout
silence aussi. L’amour secret vécu au fond du cœur par l’âme éprise de Dieu
laisse loin derrière tout le brillant du monde.
Dysmas de Lassus
Prieur du monastère de la Grande Chartreuse, Dom Dysmas de Lassus est supérieur général de l’ordre des Chartreux. / Risques et dérives de la vie religieuse, Paris, Cerf, 2020, p. 412
Catéchèse du pape François sur les Béatitudes (7)
1er avril 2020
Chers frères et sœurs, bonjour!
Nous lisons aujourd’hui ensemble la sixième béatitude, qui promet la
vision de Dieu et qui a comme condition la pureté du cœur.
Un Psaume dit: «De toi mon cœur a dit: “Cherche sa face”. C’est ta
face, Yahvé, que je cherche, ne me cache point ta face» (27, 8-9).
Ce langage manifeste la soif d’une relation personnelle avec Dieu, pas
mécanique, pas un peu nébuleuse, non: personnelle, que le livre de Job exprime
également comme le signe d’une relation sincère. Le livre de Job dit ainsi: «Je
ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu» (Jb 42,
5). Et très souvent je pense que c’est le chemin de la vie, dans nos relations
avec Dieu. Nous connaissons Dieu par ouï-dire, mais avec notre
expérience nous allons de l’avant, de l’avant, de l’avant et, à la fin, nous le
connaissons directement, si nous sommes fidèles… Et cela est la maturité de
l’Esprit.
Comment arriver à cette intimité, à connaître Dieu avec les yeux? On
peut penser aux disciples d’Emmaüs, par exemple, qui ont le Seigneur Jésus à
côté d’eux, «mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître» (Lc 24, 16).
Le Seigneur ouvrira leur regard au terme d’un chemin qui atteint son sommet
dans la fraction du pain et qui avait commencé par un reproche: «Cœurs sans
intelligence, lents à croire tout ce qu’ont annoncé les prophètes» (cf. Lc 24,
25). C’est le reproche du début. Voilà l’origine de leur cécité: leur cœur sans
intelligence et lent. Et quand le cœur est sans intelligence et lent, on ne
voit pas les choses. On voit les choses comme embrumées. C’est là que se trouve
la sagesse de cette béatitude: pour pouvoir contempler, il est nécessaire de
rentrer en nous et de laisser place à Dieu, car, comme le dit saint Augustin,
«Dieu m’est plus intime que moi-même» («interior intimo meo»: Confessions, iii,
6, 11). Pour voir Dieu, il n’y a pas besoin de changer de lunettes ou de point
d’observation, ou de changer les auteurs théologiens qui enseignent le chemin:
il faut libérer le cœur de ses tromperies! C’est la seule route.
C’est une maturation décisive: lorsque nous nous rendons compte que,
souvent, notre pire ennemi est caché dans notre cœur. La bataille la plus noble
est celle contre les tromperies intérieures qui engendrent nos péchés. Car les
péchés changent la vision intérieure, ils changent l’évaluation des choses, ils
font voir des choses qui ne sont pas vraies, ou tout au moins qui ne sont pas
aussi vraies.
Il est donc important de comprendre ce qu’est la «pureté du cœur». Pour
le faire, il faut rappeler que pour la Bible, le cœur ne consiste pas seulement
dans les sentiments, mais qu’il est le lieu le plus intime de l’être humain,
l’espace intérieur ou une personne est elle-même. Cela, selon la mentalité
biblique.
L’Evangile de Matthieu dit: «Si donc lalumière qui est en toi est
ténèbres, quelles ténèbres ce sera!» (6, 23). Cette «lumière» est le regard du
cœur, la perspective, la synthèse, le point à partir duquel on lit la réalité
(cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 143).
Mais que veut dire un cœur «pur»? Celui qui a un cœur pur vit en
présence du Seigneur, en conservant dans son cœur ce qui est digne de la
relation avec Lui; ce n’est qu’ainsi qu’il possède une vie «unifiée», linéaire,
qui n’est pas tortueuse mais simple.
Le cœur purifié est donc le résultat d’un processus qui implique une
libération et un renoncement. Le pur de cœur ne naît pas tel, il a vécu une
simplification intérieure, en apprenant à renier le mal en lui, une chose qui
dans la Bible est appelée la circoncision du cœur (cf. Dt 10, 16; 30, 6; Ez 44,
9; Jr 4, 4).
Cette purification intérieure implique la reconnaissance de cette
partie du cœur qui est sous l’influence du mal — «Vous savez, Père, je sens
ainsi, je pense ainsi, je vois ainsi, et c’est laid»: reconnaître la partie
laide, la partie qui est embrumée par le mal — pour apprendre l’art de se
laisser toujours enseigner et conduire par l’Esprit Saint. Le chemin du cœur
malade, du cœur pécheur, du cœur qui ne peut pas bien voir les choses, parce
qu’il est dans le péché, est l’œuvre de l’Esprit Saint qui conduit à la
plénitude de la lumière du cœur. C’est lui qui nous guide pour accomplir ce
chemin. Voilà, à travers ce chemin du cœur, nous arrivons à «voir Dieu».
Dans cette vision béatifique, il y a une dimension future,
eschatologique, comme dans toutes les Béatitudes: c’est la joie du Royaume des
cieux vers lequel nous allons. Mais il y a aussi l’autre dimension: voir Dieu
signifie comprendre les desseins de la Providence dans ce qui nous arrive,
reconnaître sa présence dans les sacrements, sa présence dans nos frères, en
particulier pauvres et qui souffrent, et le reconnaître là où Il se manifeste
(cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2519).
Cette béatitude est un peu le fruit des précédentes: si nous avons écouté
la soif de bien qui nous habite et que nous sommes conscients de vivre de
miséricorde, un chemin de libération commence qui dure toute la vie et qui
conduit jusqu’au Ciel. C’est un travail sérieux, un travail que fait l’Esprit
Saint si nous lui laissons place pour qu’il le fasse, si nous sommes ouverts à
l’action de l’Esprit Saint. C’est pourquoi nous pouvons dire que c’est une
œuvre de Dieu en nous — dans les épreuves et dans les purifications de la vie —
et cette œuvre de Dieu et de l’Esprit Saint conduit à une grande joie, à une
vraie paix. N’ayons pas peur, ouvrons les portes de notre cœur à l’Esprit Saint
pour qu’il nous purifie et nous fasse avancer sur ce chemin vers la joie en
plénitude.