Samedi 10 juillet
Parole de Dieu : Matthieu 10,24-33
Commentaire :
« Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé ». Dans cet enseignement, Jésus donne une clé importante pour nous-mêmes et pour la mission. Il nous faut d’abord nous rappeler que, pour nous-mêmes, tout sera dévoilé. Bien sûr, il ne s’agit pas de pratiquer une sorte d’exhibitionnisme spirituel, mais de vérifier que tout ce que nous vivons est « présentable » au Seigneur. Y a-t-il des aspects de notre vie que nous préfèrerions cacher au Seigneur ? Cette clé est également utile pour la mission : ce que nous avons eu la grâce de connaître de Dieu ne nous est pas réservé. Nous pouvons facilement être tentés de nous réserver l’Évangile, dans des cercles plus ou moins restreints. L’Évangile est une bonne nouvelle qui ne peut être cachée, mais qui doit être répandue avec la plus grande ouverture.
Père Alain de Boudemange
MÉDITATION DU JOUR
Parler sans crainte
Les saints et les Pères que nous vénérons ont été de grands docteurs, non pas seulement des philosophes ou des hommes de lettres, mais de nobles esprits qui gouvernaient l’Église, et aussi des prédicateurs, des missionnaires, des anachorètes, des confesseurs et des martyrs. C’est la gloire de l’Église que de parler, d’agir et de souffrir avec le bénéfice de cette grâce que le Christ apporta et répandit par le monde. Et cette grâce a ruisselé jusqu’au bas de sa robe. Non seulement ses membres les plus éminents, mais tous ses enfants, du haut en bas de l’échelle, pourvu qu’ils se montrent dignes d’elle et de son divin Maître, seront eux-mêmes des images de notre Seigneur. Nous sommes tous tenus, dans la mesure de notre pouvoir, en premier lieu, d’apprendre la vérité, mais en second lieu, de départir à autrui notre savoir, et en troisième lieu, de porter témoignage à la vérité. Ne redoutons pas les regards irrités du monde, ni ses moqueries ; si nous y sommes en butte, souffrons volontiers pour la vérité. Car c’est là cette chose nouvelle que le Christ a apportée dans le monde : une doctrine céleste, un système de vérités saintes et surnaturelles que nous devons recevoir et transmettre, parce qu’il est notre Prophète ; maintenir jusque dans la souffrance selon son modèle, parce qu’il est notre Prêtre ; et observer docilement, parce qu’il est notre Roi.
St John Henry Newman
John Henry Newman († 1890) fut le principal acteur du mouvement d’Oxford. Son étude des Pères de l’Église l’a conduit au catholicisme en 1845. Il a fondé l’Oratoire d’Angleterre en 1848 et a été créé cardinal par Léon XIII en 1879. Il a été canonisé en 2019. / 12 sermons sur le Christ, Paris, Seuil, 1954, p. 69-70.
SERMON DE SAINT AUGUSTIN SUR LE PSAUME 126
C’est le Seigneur qui bâtit la maison
Salomon avait bâti un temple au Seigneur, image et préfiguration de la future Église et du corps du Seigneur. C’est pourquoi celui-ci dit dans l’Évangile : Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai. C’est donc parce que le premier Salomon avait bâti ce temple-là que le véritable Salomon s’est bâti un temple. Je parle de notre Seigneur Jésus Christ, le vrai pacifique. Car le nom de Salomon se traduit par « pacifique » et le véritable pacifique est celui dont l’Apôtre dit : Il est lui-même notre paix, lui qui de deux peuples en a fait un seul. Il est le véritable pacifique, lui qui a réuni en lui deux murs venant de côtés opposés, pour lesquels il est devenu pierre d’angle : pour le peuple des croyants venant de la circoncision, et pour le peuple venant de la non-circoncision des païens, lui aussi formé de croyants. De ces deux peuples il a fait une seule Église, il est devenu pour eux pierre d’angle, et c’est pourquoi il est vraiment pacifique.
Parce que l’authentique Salomon, le fils de David et de Bethsabée, le roi d’Israël, préfigurait ce vrai pacifique lorsqu’il bâtissait le temple, ne t’imagine pas que c’est Salomon qui a bâti pour Dieu une maison, et que l’Écriture te désigne un autre Salomon quand elle commence ainsi un psaume : Si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain qu’ils travaillent, ceux qui la bâtissent. C’est donc le Seigneur qui bâtit la maison, c’est le Seigneur Jésus qui bâtit sa maison. Beaucoup travaillent à bâtir ; mais si ce n’est pas lui qui bâtit, c’est en vain qu’ils travaillent, ceux qui la bâtissent.
Quels sont ces bâtisseurs qui travaillent ? Tous ceux qui prêchent dans l’Église la parole de Dieu, les ministres des sacrements de Dieu. Tous nous nous démenons, tous nous travaillons, tous nous bâtissons maintenant ; et avant nous d’autres se sont démenés, ont travaillé, ont bâti. Mais si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain qu’ils travaillent, ceux qui la bâtissent. C’est pourquoi les Apôtres en ont vu quelques-uns s’écrouler et Paul dit précisément : Vous observez religieusement les jours, les mois, les saisons, les années ! Vous me faites craindre d’avoir travaillé pour tous en pure perte !Parce qu’il savait que la construction intérieure était l’œuvre du Seigneur. Paul plaignait ceux pour qui lui-même avait travaillé pour rien. Donc, si c’est nous qui parlons au-dehors, c’est lui qui construit au-dedans. Nous remarquons comment vous écoutez ; mais ce que vous pensez, celui-là seul le connaît, qui voit vos pensées. C’est lui qui bâtit, lui qui avertit, lui qui effraie, lui qui ouvre l’intelligence, lui qui conduit jusqu’à la foi votre connaissance ; pourtant, nous travaillons et nous sommes comme des ouvriers.