Lundi 23 novembre
Parole de Dieu du jour : Apocalypse de saint Jean 14,1-3,4b-5
COMMENTAIRE
Voilà un beau texte que nous pouvons lire et interpréter dans la continuité de la solennité du Christ Roi que nous célébrions hier. Vision de Jean du monde de l’Éternité en Dieu avec le Christ… « Réjouissez vous, car vos noms sont inscrits dans les cieux », proclame l’évangile de Luc (Luc 10,20). Nous voyons dans notre texte l’Agneau se tenir sur la montagne de Sion, la nouvelle Jérusalem, la « Jérusalem céleste ». Et tous les sauvés, sont marqués sur leurs fronts du nom de l’Agneau. Comment ne pas penser ici au beau geste que nous traçons sur le front du nouveau baptisé, par l’onction du Saint Chrême. Le célébrant dit à ce moment là : « vous êtes maintenant baptisés, (saint Paul dira que par le baptême nous appartenons au Christ, nous sommes la demeure de l’Esprit)…, le Dieu tout puissant , Père de Jésus Christ notre Seigneur vous a libéré du péché, (la salut est déjà à l’œuvre) et vous a fait renaître de l’eau et de l’esprit Saint. Désormais vous faites partie de son peuple, vous êtes membres du corps du Christ et vous participez à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi. Dieu vous marque de l’huile du salut afin que vous demeuriez dans le Christ pour la vie éternelle ».
Je vous propose une nouvelle fois de contempler, en chacune et chacun d’entre nous, l’œuvre de salut du Christ. Le Royaume des cieux est déjà là. Et dans notre vocation de baptisé, nous sommes appelés à mettre à l’œuvre la parole de l’évangile de Matthieu d’hier. Le service du frère dans l’humilité . P.FB
PAROLE DU PAPE FRANÇOIS
Dimanche nous célébrions la solennité de Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’univers, avec laquelle se conclut l’année liturgique, la grande parabole où se déploie le mystère du Christ : toute l’année liturgique. Il est l’Alpha et l’Omega, le commencement et l’accomplissement de l’histoire; et la liturgie du jour se concentre sur l’“omega”, c’est-à-dire sur l’objectif final. On comprend le sens de l’histoire en gardant sous les yeux son sommet : la fin est aussi le but. Et c’est justement cela que fait Matthieu, dans l’Evangile de ce dimanche (25,31-46), en plaçant le discours de Jésus sur le jugement universel à l’épilogue de sa vie terrestre : Lui, que les hommes s’apprêtent à condamner, est en réalité le juge suprême. Dans sa mort et sa résurrection, Jésus se montrera le Seigneur de l’histoire, le Roi de l’univers, le Juge de tous. Mais le paradoxe chrétien est que le Juge ne revêt pas une royauté redoutable, c’est un pasteur plein de tendresse et de miséricorde.
MÉDITATION DU JOUR : Homélie de saint Léon le Grand
Si l’on aime Dieu, on se contente de plaire à celui qu’on aime, car on ne doit pas attendre une récompense meilleure que l’amour lui-même. En effet, la charité qui vient de Dieu est telle que Dieu lui-même est charité ; l’âme religieuse et chaste se réjouit tellement d’être comblée par lui qu’elle désire trouver son bonheur en rien d’autre que lui. Car elle est très vraie, la parole du Seigneur : Là où sera ton trésor, là aussi sera ton cœur. Qu’est-ce que le trésor de l’homme, sinon un certain rassemblement de ses récoltes, et le total de ses travaux ? Car chacun récolte ce qu’il a semé, et le bénéfice de chacun correspond à son ouvrage ; là où l’on met son plaisir dans la jouissance, c’est là que le cœur attache son intérêt. Mais comme il y a beaucoup de genres de richesses, et des sources de joie très différentes, chacun a un trésor correspondant au penchant de son désir. Si ce désir se porte sur les biens terrestres, il ne rend pas heureux, mais misérables, ceux qui en jouissent.
Quant à ceux qui ont le goût des biens d’en haut, non des biens de la terre, qui ne s’intéressent pas aux biens périssables, mais aux biens éternels, ils ont en réserve des ressources incorruptibles en celui dont le prophète nous dit : Notre trésor, notre salut nous advient ; sagesse, doctrine et piété viennent du Seigneur : ce sont des trésors de la justice. Par eux, avec le secours de la grâce de Dieu, les biens de la terre eux-mêmes se transforment en biens célestes ; car beaucoup d’hommes emploient les richesses dont ils ont légitimement hérité ou qu’ils ont acquises autrement, au service de la bienfaisance. Et lorsqu’ils distribuent leur superflu pour le soulagement des pauvres, ils accumulent pour eux-mêmes des richesses inaliénables ; ce qu’ils ont mis de côté par leurs aumônes ne risque plus de se perdre ; et il est bien juste qu’ils aient leur cœur là où est leur trésor, car le plus grand bonheur est de faire valoir de telles richesses pour qu’elles s’accroissent, et de ne pas craindre qu’elles disparaissent.
Annonce paroissiale : Reprise des messes ?
Les messes vont-elles reprendre le week-end du 28-29 Novembre ? Rien n’est officiel, mais nous pouvons l’espérer. Aurons nous de nouvelle consignes sanitaires ? Là encore rien d’officiel, mais nous pouvons le supposer (notamment de distanciation)… Alors serons nous prêts à accueillir dans les règles sanitaires, notre communauté, ce qui suppose un aménagement et une signalétique dans nos églises, je ne vous cache pas que la décision se prendra un peu au dernier moment.
Ce bulletin quotidien sera là pour vous donner toutes les informations.
Nous envisageons un scénario de modification des heures de messes pour sans doute rajouter une messe dans un village le dimanche. C’est avec l’équipe d’animation paroissiale qu’une telle réflexion va être menée dès mardi soir.
En attendant les règles de confinement demeurent. Nos églises sont ouvertes pour la prière personnelle. P.FB
PAPE FRANÇOIS : CATÉCHÈSE SUR LA PRIÈRE (5)
AUDIENCE GÉNÉRALE
Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 3 juin 2020
Catéchèse – 5. La prière d’Abraham
Chers frères et sœurs, bonjour!
Il y a une voix qui retentit à l’improviste dans la vie d’Abraham. Une voix qui l’invite à entreprendre un chemin qui semble absurde: une voix qui le pousse à se déraciner de sa patrie, des racines de sa famille, pour aller vers un nouvel avenir, un avenir différent. Et tout cela sur la base d’une promesse, dans laquelle il faut seulement avoir confiance. Et avoir confiance dans une promesse n’est pas facile, il faut du courage. Et Abraham eut confiance.
La Bible est muette sur le passé du premier patriarche. La logique des choses laisse supposer qu’il adorait d’autres divinités; peut-être était-ce un homme savant, habitué à scruter le ciel et les étoiles. En effet, le Seigneur lui promet que sa descendance sera nombreuse comme les étoiles qui constellent le ciel.
Et Abraham part. Il écoute la voix de Dieu et se fie à sa parole. Cela est important: il se fie de la parole de Dieu. Et avec son départ naît une nouvelle manière de concevoir la relation avec Dieu; c’est pour cette raison que le patriarche Abraham est présent dans les grandes traditions spirituelles juive, chrétienne et islamique comme le parfait homme de Dieu, capable de se soumettre à Lui, même quand sa volonté se révèle difficile, voire même incompréhensible.
Abraham est donc l’homme de la Parole. Quand Dieu parle, l’homme devient le récepteur de cette Parole et sa vie le lieu où celle-ci décide de s’incarner. Il s’agit d’une grande nouveauté dans le chemin religieux de l’homme: la vie du croyant commence à se concevoir comme vocation, c’est-à-dire comme appel, comme lieu où se réalise une promesse; et il n’agit pas tant dans le monde sous le poids d’une énigme, mais avec la force de cette promesse, qui un jour se réalisera. Et Abraham crut à la promesse de Dieu. Il crut et il partit, sans savoir où il allait — c’est ce que dit la Lettre aux hébreux (cf. 11, 8). Mais il eut confiance.
En lisant le livre de la Genèse, nous découvrons qu’Abraham vécut la prière dans la fidélité incessante à cette Parole, qui se présentait périodiquement sur son chemin. En synthèse, nous pouvons dire que dans la vie d’Abraham, la foi devient histoire. La foi devient histoire. Plus encore, Abraham, avec sa vie, avec son exemple, nous enseigne d’ailleurs ce chemin, cette route sur laquelle la foi se fait histoire. Dieu n’est plus seulement vu dans les phénomènes cosmiques, comme un Dieu lointain, qui peut susciter la terreur. Le Dieu d’Abraham devient «mon Dieu», le Dieu de mon histoire personnelle, qui guide mes pas, qui ne m’abandonne pas; le Dieu de mes jours, le compagnon de mes aventures; le Dieu Providence. Je me demande et je vous demande: avons-nous cette expérience de Dieu? «Mon Dieu», le Dieu qui m’accompagne, le Dieu de mon histoire personnelle, le Dieu qui guide mes pas, qui ne m’abandonne pas, le Dieu de mes jours? Avons-nous cette expérience? Réfléchissons-y un peu.
Cette expérience d’Abraham est témoignée également par l’un des textes les plus originaux de l’histoire de la spiritualité: le Mémorial de Blaise Pascal. Ce dernier commence ainsi: «Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants. Certitude. Certitude. Sentiment. Joie. Paix. Dieu de Jésus Christ». Ce mémorial, écrit sur un petit parchemin, et retrouvé après sa mort cousu à l’intérieur d’un vêtement du philosophe, n’exprime pas une réflexion intellectuelle qu’un homme savant comme lui peut concevoir sur Dieu, mais le sentiment vivant, expérimenté, de sa présence. Pascal note même le moment précis où il sentit cette réalité, l’ayant finalement rencontrée: le soir du 23 novembre 1654. Ce n’est pas le Dieu abstrait ou le Dieu cosmique, non. C’est le Dieu d’une personne, d’un appel, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, le Dieu qui est certitude, qui est sentiment, qui est joie.
«La prière d’Abraham s’exprime d’abord par des actes: homme de silence, il construit, à chaque étape, un autel au Seigneur» (Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2570). Abraham n’édifie pas un temple, mais il dissémine le chemin de pierres qui rappellent le passage de Dieu. Un Dieu surprenant, comme lorsqu’il lui rend visite dans la figure de trois hôtes, que lui et Sarah accueillent avec attention et qui leur annoncent la naissance de leur fils Isaac (cf. Gn 18, 1-15). Abraham avait cent ans, et sa femme quatre-vingt-dix, plus ou moins. Et ils crurent, ils eurent confiance en Dieu. Et Sarah, sa femme, conçut un enfant. A cet âge! Voilà qui est le Dieu d’Abraham, notre Dieu, qui nous accompagne.
Ainsi, Abraham devient un proche de Dieu, également capable de discuter avec Lui, mais toujours fidèle. Il parle avec Dieu et discute. Jusqu’à l’épreuve suprême, quand Dieu lui demande de sacrifier son propre fils Isaac, le fils de sa vieillesse, l’unique héritier. Abraham vit alors la foi comme un drame, comme marcher à tâtons dans la nuit, sous un ciel cette fois-ci privé d’étoiles. Et cela nous arrive très souvent à nous aussi, de marcher dans l’obscurité, mais avec la foi. Dieu lui-même arrêtera la main d’Abraham déjà prête à frapper, car il a vu sa disponibilité vraiment totale (cf. Gn 22, 1-19).
Frères et sœurs, apprenons d’Abraham, apprenons à prier avec foi: écouter le Seigneur, marcher, dialoguer jusqu’à discuter. N’ayons pas peur de discuter avec Dieu! Je vais même dire quelque chose qui pourra sembler une hérésie. Souvent, j’ai entendu des gens qui me disaient: «Vous savez, il m’est arrivé cela et je me suis mis en colère contre Dieu» — «Tu as eu le courage de te mettre en colère contre Dieu?» — «Oui, je me suis mis en colère» — «Mais il s’agit d’une forme de prière». Car seul un enfant est capable de se fâcher avec son père et ensuite de le rencontrer à nouveau. Apprenons d’Abraham à prier avec foi, à dialoguer, à discuter, mais toujours disposés à accueillir la parole de Dieu et à la mettre en pratique. Avec Dieu, nous apprenons à parler comme un enfant avec son père: à l’écouter, à répondre, à discuter. Mais en étant transparents, comme un enfant avec son père. C’est ainsi qu’Abraham nous enseigne à prier. Merci.