Mercredi 23 juin
Parole de Dieu : Mt 7,15-20
Commentaire :
Entretenir l’illusion, faire jouer les cymbales du clinquant « tape-à-l’œil », user de la séduction affective et spirituelle : telles sont les armes des « faux prophètes »…
L’Evangile, lui, nous requiert pour entrer dans un véritable réalisme spirituel : que notre oui soit oui et que notre non soit non.
C’est demander la grâce de traverser l’illusion, le faux semblant, la force de laisser la Parole de la Croix conduire nos choix et nos actions.
Le prophète porteur de l’Esprit consent à la lumière : il laisse la parole de Dieu passer en lui comme un jugement qui sépare, en son propre cœur et dans l’histoire, l’œuvre des ténèbres et celle de la lumière. Le prophète révèle : dans le même mouvement, il dénonce et il annonce, il confronte et réconforte, il ouvre ainsi le chemin de la nouveauté de l’Evangile, chemin d’exigence et de consolation, chemin de conversion et de libération.
« Je te rappelle de raviver le don de Dieu qui est en toi depuis que tu as reçu l’Esprit … » (2 Tm 1,6)
MÉDITATION DU JOUR
C’est à ses actes qu’on reconnaît le chrétien
La foi et la charité sont le commencement et la fin de la vie : le commencement, c’est la foi, et la fin, la charité. Les deux réunies, c’est Dieu, et tout le reste qui conduit à la perfection de l’homme ne fait que suivre. Nul, s’il professe la foi, ne pèche ; nul, s’il possède la charité, ne hait.
« C’est à son fruit qu’on reconnaît l’arbre » (Mt 12, 33) : ainsi ceux qui font profession d’être du Christ se feront reconnaître à leurs œuvres. Car maintenant, l’œuvre qui nous est demandée n’est pas simple profession de foi, mais d’être trouvés jusqu’à la fin dans la force de la foi.
Mieux vaut se taire et être que parler sans être. Il est bon d’enseigner, si celui qui parle agit. Il n’y a donc qu’« un seul Maître » (Mt 23, 8), celui qui a dit et tout a été fait (Ps 32, 9), et les choses qu’il a faites dans le silence sont dignes de son Père. Celui qui possède en vérité la parole de Jésus peut entendre même son silence, afin d’être parfait, afin d’agir par sa parole et de se faire connaître par son silence. Rien n’est caché au Seigneur, mais nos secrets mêmes sont près de lui. Faisons donc tout dans la pensée qu’il habite en nous, afin que nous soyons ses temples et que lui soit en nous notre Dieu.
St Ignace d’Antioche
Saint Ignace (iie siècle), évêque d’Antioche, écrivit plusieurs lettres, avant de subir, selon toute vraisemblance, le martyre. / Lettre aux Éphésiens, 14-15, trad. T. Camelot, Paris, Cerf, 1969, Sources Chrétiennes 10, p. 71-73.
COMMENTAIRE DE SAINT CYPRIEN SUR LA PRIÈRE DU SEIGNEUR
Notre prière est publique et communautaire
Avant tout, le Christ, Docteur de la paix et Maître de l’unité, n’a pas voulu que la prière soit individuelle et privée, comme si l’on ne priait que pour soi. Nous ne disons pas : « Mon Père, qui es aux cieux », ni : « Donne-moi aujourd’hui mon pain de ce jour». Chacun ne demande pas pour lui seul, que sa dette lui soit remise, qu’il ne soit pas soumis à la tentation et qu’il soit délivré du Mal. Notre prière est publique et communautaire, et quand nous prions, ce n’est pas pour un seul, mais pour tout le peuple, car nous, le peuple entier, nous ne faisons qu’un.
Le Dieu de la paix et le Maître de la concorde, qui nous a enseigné l’unité, a voulu qu’un seul prie pour tous comme lui-même a porté tous les hommes en lui seul. Les trois jeunes Hébreux, jetés à la fournaise, ont observé cette loi de la prière. Lorsqu’ils priaient, leurs voix n’en faisaient qu’une, leurs esprits étaient accordés, ils n’avaient qu’un seul cœur. Nous pouvons croire ce que déclare l’Écriture en nous enseignant, comment ils priaient, elle donne un exemple que nous pouvons imiter dans nos prières, pour que nous puissions être exaucés comme eux : Alors, dit-elle, tous trois, d’une seule voix, chantaient un hymne et bénissaient Dieu. Ils priaient d’une seule voix, et pourtant le Christ ne leur avait pas encore enseigné à prier. Leur prière méritait d’être exaucée, elle fut efficace parce que la faveur du Seigneur était acquise à une prière pacifique, humble et spirituelle.
Nous voyons les Apôtres prier ainsi avec les disciples, après l’ascension du Seigneur : D’un seul cœur, ils participaient fidèlement à la prière, avec quelques femmes et Marie, la mère de Jésus, et avec ses frères. D’un seul cœur, ils participaient fidèlement à la prière : l’assiduité en même temps que la concorde de leur prière montrait que Dieu, qui fait habiter dans sa maison ceux qui ont un seul cœur, n’admet dans sa demeure éternelle que ceux qui prient d’un seul cœur.
Comme les mystères de la prière du Seigneur, frères bien-aimés, sont nombreux et profonds ! Ils sont contenus dans de brèves paroles, mais avec quelle richesse de vertu spirituelle. Absolument rien n’est omis, parmi tout ce que nous pouvons demander dans la prière ; dans ce condensé de l’enseignement divin : Priez ainsi, dit le Seigneur : Notre Père qui es aux cieux. ~
L’homme nouveau, régénéré et rendu à son Dieu par la grâce divine, commence par dire Père, parce que désormais il est devenu fils. Le Verbe, dit saint Jean, est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, et qui croient en son nom, il leur a donné le pouvoir de devenir fils de Dieu. Celui qui a cru en son nom et qui est devenu fils de Dieu doit donc commencer à rendre grâce et à professer qu’il est fils de Dieu, en appelant son Père le Dieu qui est aux cieux.