Samedi 21 novembre
Parole de Dieu du jour : Luc 20,27-40
COMMENTAIRE
Dans ce passage, Jésus écarte le problème soumis par ses contradicteurs, ici les Sadducéens, car dans la vie éternelle, il n’y a pas de mariage. Nous serons face à face avec Dieu dans une vie qui ne finit jamais, tous, également enfants de Dieu, frères et sœurs les uns pour les autres, recevant de lui notre existence. Il sera le centre de toute relation et c’est à travers cette relation que nous serons reliés. Comprenons bien une telle affirmation… Nous disons, nous croyons, cependant que dans l’éternité nous retrouverons tous les membres de nos familles qui nous ont précédés. En effet ces liens ont été signes de la présence de l’amour de Dieu ici bas. Ce n’est pas contradictoire avec l’affirmation de Jésus. Cette communion avec Dieu donne un autre sens à tous les liens que nous aurions pu tissés tout au long d’une vie. Ceux-ci demeurent importants, et je dirais même, sacrés, mais ils sont envahis de l’amour infini, éternel et premier de Dieu dans cette grande communion de tous les saints.
En ces temps difficiles où de nombreuses familles sont éprouvées par un deuil, prions en toute confiance pour tous nos frères défunts. P. FB
Fête du jour : Présentation de la Vierge Marie au Temple
Cet épisode de la vie de la Vierge Marie ne se trouve pas dans les quatre évangiles, mais dans un livre apocryphe, le « protévangile de Jacques ». La piété populaire et la spiritualité mariale en furent marquées, car elle soulignait bien la disponibilité de la Vierge Marie, à l’égard de la volonté divine. Tant en Orient qu’en Occident, cette fête connut un grand succès. Marie est bien prédestinée à devenir le temple vivant de la divinité. La scène est toute simple, selon cet évangile apocryphe: Anne et Joachim voulurent remercier Dieu de la naissance de cette enfant. Ils la lui consacrèrent. Lorsqu’elle eut trois ans, Marie fut conduite au Temple, un prêtre l’accueille par des paroles qui ressemblent au Magnificat et l’enfant s’assied sur les marches de l’autel. « Tout le peuple d’Israël l’aima ». Cette fête est attestée dès le VIe siècle.
MÉDITATION DU JOUR
Qu’allons-nous offrir ?
Saint Bernard de Clairvaux médite ici sur la présentation de Jésus au Temple (Lc 2, 22-35), qui nous donne à penser sur l’offrande de Marie.
Cette offrande-ci, mes frères, paraît bien facile : on se contente de la présenter au Seigneur, de la racheter avec des oiseaux, et aussitôt on la remporte. Viendra le jour où ce n’est plus dans le Temple, ni entre les bras de Syméon que le Christ sera offert, mais en dehors de la ville et entre les bras de la croix. Viendra le jour où il ne sera plus racheté par du sang étranger, mais où lui-même rachètera les autres par son propre sang (He 9, 12).
De plein gré je vais t’offrir mon sacrifice, Seigneur (Ps 53, 8), parce que toi-même, c’est de plein gré, et non en raison de quelque contrainte, que tu as été offert pour mon salut. Mais qu’allons-nous offrir, nous, mes frères, et que rendrons-nous au Seigneur pour tout ce qu’il nous a donné ? (Ps 115, 12) Lui, il a offert pour nous la plus précieuse victime qu’il possédait ; en vérité il ne pouvait en être de plus précieuse. Nous aussi donc, faisons ce que nous pouvons : offrons-lui ce que nous avons de meilleur : nous-mêmes ! Lui s’est offert lui-même : qui es-tu, toi, pour hésiter à t’offrir toi-même ?
Qui pourrait m’accorder qu’une si haute Majesté veuille accueillir mon offrande ? Je ne possède que deux piécettes(Mc 12, 42), Seigneur, je veux dire mon corps et mon âme : puissé-je te les offrir parfaitement en sacrifice de louange !
St Bernard de Clairvaux
Consulté par les princes et les papes, saint Bernard († 1153), moine de Cîteaux, a fait rayonner, au xiie siècle, l’ordre cistercien dans toute l’Europe. / 3e Sermon sur la purification de la Vierge Marie, 2-3, trad. M.-I. Huille, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 481, 2004, p. 281-283.
Messes du dimanche :
Dimanche à 11h ; vos prêtres célèbreront la messe en communion avec vous. Ils confieront toutes les intentions particulières qui leur ont été transmises.
Dimanche messe télévisée sur France 2 à 11h.
Messe du diocèse : sur la chaine Youtube du diocèse de Lyon.null
PAPE FRANÇOIS CATÉCHÈSE SUR LA PRIÈRE (3)
AUDIENCE GÉNÉRALE
Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 27 mai 2020
Catéchèse – 4. La prière des justes
Chers frères et sœurs, bonjour!
Nous consacrons la catéchèse d’aujourd’hui à la prière des justes.
Le dessein de Dieu à l’égard de l’humanité est bon, mais dans notre vie quotidienne nous faisons l’expérience de la présence du mal: c’est une expérience de tous les jours. Les premiers chapitres du livre de la Genèse décrivent l’extension progressive du péché dans l’histoire humaine. Adam et Eve (cf. Gn 3, 1-7) doutent des intentions bienveillantes de Dieu, en pensant avoir affaire à une divinité envieuse, qui empêche leur bonheur. D’où la rébellion: ils ne croient plus en un Créateur généreux, qui désire leur bonheur. Leur cœur, cédant à la tentation du malin, est pris par des délires de toute-puissance: «Si nous mangeons le fruit de l’arbre, nous deviendrons comme Dieu» (cf. v. 5). Et ceci est la tentation: c’est l’ambition qui entre dans le cœur. Mais l’expérience va dans un sens opposé: leurs yeux s’ouvrent et ils découvrent qu’ils sont nus (v. 7), sans rien. N’oubliez pas cela: le tentateur est un mauvais payeur, il paye mal.
Le mal devient encore plus violent avec la deuxième génération humaine, il est plus fort: c’est l’histoire de Caïn et Abel (cf. Gn 4,1-16). Caïn est envieux de son frère: il y a le vers de l’envie; bien qu’étant l’aîné, il voit Abel comme un rival, quelqu’un qui menace sa primauté. Le mal apparaît dans son cœur et Caïn n’arrive pas à le dominer. Le mal commence à entrer dans le cœur: dans les pensées on regarde toujours l’autre mal, avec soupçon. Et cela a aussi lieu par la pensée: «Celui-là est méchant, il me fera du mal». Et cette pensée entre dans le cœur… Et ainsi, l’histoire de la première fraternité se conclut par un homicide. Je pense, aujourd’hui, à la fraternité humaine… des guerres partout.
Dans la descendance de Caïn, les métiers et les arts se développent, mais se développe également la violence, exprimée par le sinistre cantique de Lamek, qui retentit comme un hymne de vengeance: «J’ai tué un homme pour une blessure, un enfant pour une meurtrissure […]. C’est que Caïn est vengé sept fois, mais Lamek, septante-sept fois» (Gn 4, 23-24). La vengeance: «Tu l’as fait, tu payeras». Mais ce n’est pas un juge qui dit cela, c’est moi qui le dis. Et je me fais le juge de la situation. Et ainsi le mal se répand comme une tache d’huile, jusqu’à occuper toute la scène: «Yahvé vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre et que son cœur ne formait que de mauvais desseins à longueur de journée» (Gn 6, 5). Les grandes fresques du déluge universel (chap. 6-7) et de la tour de Babel (chap. 11) révèlent qu’il y a besoin d’un nouveau début, comme d’une nouvelle création, qui aura son accomplissement en Jésus Christ.
Pourtant, une autre histoire est aussi écrite dans ces premières pages de la Bible, moins visible, beaucoup plus humble et pieuse, qui représente le rachat de l’espérance. Même si presque tous se comportent de manière atroce, en faisant de la haine et de la conquête le grand moteur de l’histoire humaine, il y a des personnes capables de prier Dieu avec sincérité, capables d’écrire de manière différente le destin de l’homme. Abel offre à Dieu un sacrifice de prémices. Après sa mort, Adam et Eve eurent un troisième fils, Seth, dont naquit Enosh (qui signifie «mortel»), et il est dit: «Celui-ci fut le premier à invoquer le nom de Yahvé» (4, 26). Ensuite apparaît Hénok, un personnage qui «marche avec Dieu» et qui est enlevé au ciel (cf. 5, 22.24). Et enfin, il y a l’histoire de Noé, un homme juste qui «marchait avec Dieu» (6, 9), devant lequel Dieu se retient de son intention d’effacer l’humanité (cf. 6, 7-8).
En lisant ces récits, on a l’impression que la prière est la digue, est le refuge de l’homme face à la vague du mal qui grandit dans le monde. Si l’on regarde bien, nous prions aussi pour être sauvés de nous-mêmes. Il est important de prier: «Seigneur, s’il te plaît, sauve-moi de moi-même, de mes ambitions, de mes passions». Les orants des premières pages de la Bible sont des hommes artisans de paix: en effet, la prière, lorsqu’elle est authentique, libère des instincts de la violence et elle est un regard adressé à Dieu, pour qu’Il recommence à prendre soin de l’homme. On lit dans le Catéchisme: «Cette qualité de la prière est vécue par une multitude de justes dans toutes les religions» (CEC, n. 2569). La prière cultive des oasis de renaissance dans des lieux où la haine de l’homme n’a été capable que d’agrandir le désert. Et la prière est puissante, parce qu’elle attire le pouvoir de Dieu et le pouvoir de Dieu donne toujours la vie: toujours. Il est le Dieu de la vie et il fait renaître.
Voilà pourquoi la seigneurie de Dieu passe à travers la chaîne de ces hommes et de ces femmes, souvent incompris ou exclus du monde. Mais le monde vit et grandit grâce à la force de Dieu que ces serviteurs attirent par leur prière. Ils sont une chaîne qui n’est pas du tout bruyante, qui apparaît rarement sur la première page des journaux, et pourtant elle très importante pour rendre la confiance au monde! Je me souviens de l’histoire d’un homme: un chef de gouvernement, pas de notre époque, des temps passés. Un athée qui n’avait pas de sentiment religieux dans le cœur, mais qui enfant entendait sa grand-mère qui priait, et cela était resté dans son cœur. Et à un moment difficile de sa vie, ce souvenir est revenu dans son cœur et il s’est dit: «Mais ma grand-mère priait…». Il commença ainsi à prier avec les formules de sa grand-mère et là, il a trouvé Jésus. La prière est une chaîne de vie, toujours; tant d’hommes et de femmes qui prient sèment la vie. La prière sème la vie, la petite prière: c’est pourquoi il est si important d’apprendre aux enfants à prier. J’éprouve de la douleur quand je vois des enfants qui ne savent pas faire le signe de croix. Il faut leur apprendre à bien faire le signe de croix, car c’est la première prière. Il est important que les enfants apprennent à prier. Ensuite, peut-être oublieront-ils, prendront-ils un autre chemin; mais les premières prières apprises enfants restent dans le cœur, parce qu’elles sont une semence de vie, la semence du dialogue avec Dieu.
Le chemin de Dieu dans l’histoire de l’homme est passé à travers eux: il est passé par un «reste» de l’humanité qui ne s’est pas conformé à la loi du plus fort, mais qui a demandé à Dieu d’accomplir ses miracles, et surtout de transformer notre cœur de pierre en un cœur de chair (cf. Ez 36, 26). Et cela aide la prière: parce que la prière ouvre la porte à Dieu, en transformant notre cœur très souvent de pierre, en un cœur humain. Et il y a besoin de tant d’humanité, et avec l’humanité on prie bien.