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Lundi 7 juin

Parole de Dieu : Matthieu 5,1-12

Commentaire

Quel enseignement exigeant Jésus nous livre ici. Saint Ignace nous invite à contempler de telles scènes lorsque nous prions (E.S. 47). Je rejoins la foule assise sur l’herbe et je regarde, je vois des gens dont la tenue et l’expression faciale montrent que leur vie n’est pas facile. Jésus emploie le mot « heureux » ; qu’est-ce que je pense de ce qu’il dit ? Est-ce que ça me semble vrai ?

Je regarde Jésus, il connaît la pauvreté, le travail manuel, la discrimination. En même temps, il nous transmet un sentiment de paix totale. La béatitude, c’est le fait que Dieu est proche de nous. Dieu peut se servir de ceux qui, aux yeux du monde, semblent avoir peu de valeur.

Je pense à ma vie et aux défis auxquels je fais face en ce jour, quelle serait ma béatitude ? Je demande à Jésus de m’aider à me souvenir de ce qu’il entend par la véritable béatitude.

« L’espérance est chevillée au corps des humains » :

Auteur d’un petit traité roboratif sur l’espérance, Ce qui nous fait tenir en temps d’incertitude (Mame), le père Paul Valadier analyse en profondeur les peurs de notre temps, et comment les épreuves nous révèlent les ressources spirituelles qui peuvent nous aider à les traverser. 

Dans l’histoire des hommes, les peurs de notre époque sont-elles nouvelles ?


Paul Valadier : Toute époque a connu des peurs, sinon dans la totalité de la société, du moins en certaines couches de cette société. Peurs des épidémies (choléra, peste, typhus…) en des temps où la médecine se révélait souvent impuissante, peur de l’insécurité bien plus grande qu’aujourd’hui, même dans les villes, peur des troubles civils et des guerres, peur des famines très fréquentes… La liste serait longue. De nos jours, la surprise est grande : ce qui est nouveau, car nos sociétés, persuadées d’un inéluctable progrès des sciences, ont largement cru que nous avions « dépassé » ces périodes obscures et obscurantistes, et donc que pourrait régner assurément une existence sans trop de souffrances pour tous. Or il n’est en rien : on découvre même à quel point nos scientifiques bafouillent et se contredisent. Les épidémies sont donc toujours d’actualité, et l’on nous en promet d’autres… Autre nouveauté évidente : le caractère mondial de la pandémie. Aucun pays n’est épargné, et du coup nous nous découvrons solidaires bien plus que nous ne l’aurions pensé. D’où la question : que valent nos frontières devant la maladie ?

En quoi les formules proposées aujourd’hui pour vaincre ces peurs sont-elles insatisfaisantes ?


Je ne vois malheureusement pas beaucoup de « formules proposées ». Le ton général est au catastrophisme, notamment à cause des changements climatiques, peut-être surtout dans un pays comme la France, où le penchant au pessimisme et au dénigrement des autorités, quelles qu’elles soient, est fort. Cependant, même si une foi aveugle dans les progrès scientifiques et techniques en a pris un coup, nous gardons l’espérance de surmonter l’épidémie grâce aux vaccins ; or ceux-ci ont été remarquablement mis au point avec une rapidité impressionnante. Mais il faudrait plus qu’une technique, si bonne soit-elle, pour remonter le moral de nos sociétés : des énergies spirituelles seraient indispensables. Or l’appel aux « valeurs républicaines », invoquée de tous côtés, paraît bien dérisoire par rapport à ce vide spirituel et intellectuel qu’aucun système politique ne peut combler.

 L’espérance chrétienne est une réponse, mais l’espérance peut être aussi une démarche de la raison : comment l’expliquez-vous ?


Paradoxalement en effet ce sont les religions, le christianisme en particulier, tellement décriées et tenues pour évanescentes, qui fournissent une ressource éminente de sens, donc d’espérance dans notre situation. Mais l’espérance est chevillée au corps des humains : la volonté de vivre, de survivre est plus forte que tout. En témoignerait l’extraordinaire mobilisation dont nous avons été les témoins, tant du personnel médical, vraiment exemplaire, que de tout un chacun qui s’est préoccupé des siens, en a pris des nouvelles, s’est montré affectivement proche malgré les confinements qui nous isolaient. Tout n’a pas été parfait, mais force est de constater que, même si certains ont baissé les bras ou se sont sentis écrasés, beaucoup ont montré une impressionnante ténacité à vivre. Pour un croyant, la volonté de vivre a un nom : la force secrète que le Dieu vivant donne à chacun de vivre, et si possible de vivre bien, ce goût de vivre qui stimule la raison et renforce la volonté.

 Propos recueillis par Philippe de Saint-Germain.

Méditation du pape François autour de la fête du corps et du sang du Christ

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, en Italie et dans d’autres pays, on célèbre la Solennité du Corps et du Sang du Christ, le Corpus Domini. L’Évangile nous présente le récit de la Dernière Cène (Mc 14,12-16.22-26). Les paroles et les gestes du Seigneur nous touchent le cœur : Il prend le pain dans ses mains, il prononce la bénédiction, le rompt et le tend à ses disciples en disant : «Prenez, ceci est mon corps» (v. 22).

C’est ainsi, avec simplicité, que Jésus nous donne le plus grand sacrement. Son geste est un humble geste de don, de partage. A l’apogée de sa vie, il ne distribue pas le pain en abondance pour nourrir les foules, mais il se rompt lui-même dans le repas pascal avec ses disciples. De cette façon, Jésus nous montre que le but de la vie consiste à se donner, que la plus grande chose est de servir. Et nous retrouvons aujourd’hui la grandeur de Dieu dans un morceau de pain, dans une fragilité qui déborde d’amour et de partage. Fragilité est le mot que je voudrais souligner. Jésus se fait fragile comme le pain qui se rompt et s’émiette. Mais c’est là que réside sa force, dans sa fragilité. Dans l’Eucharistie, la fragilité est force : force de l’amour qui se fait petit pour pouvoir être accueilli et non pas redouté ; force de l’amour qui se rompt et se divise pour nourrir et donner la vie ; force de l’amour qui se fragmente pour nous rassembler dans l’unité.

Et il y a une autre force qui ressort dans la fragilité de l’Eucharistie : la force d’aimer celui qui commet des fautes. C’est dans la nuit où il est trahi que Jésus nous donne le Pain de la vie. Il nous offre le don le plus grand alors qu’il éprouve dans son cœur l’abîme le plus profond : le disciple qui mange avec Lui, qui trempe sa bouchée dans le même plat, est en train de le trahir. Et la trahison est la plus grande douleur pour celui qui aime. Et que fait Jésus ? Il réagit au mal par un bien plus grand. Au “non” de Judas il répond par le “oui” de la miséricorde. Il ne punit pas le pêcheur, mais il donne sa vie pour lui. Quand nous recevons l’Eucharistie, Jésus fait la même chose avec nous : il nous connaît, il sait que nous sommes pêcheurs et que nous faisons tant d’erreurs, mais il ne renonce pas à unir sa vie à la nôtre. Il sait que nous en avons besoin, parce que l’Eucharistie n’est pas la récompense des saints, non, mais le Pain des pécheurs. C’est pourquoi il nous exhorte : “Prenez et mangez”.