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Mercredi 18 novembre

PAROLE DE DIEU DU JOUR : Évangile selon Saint Luc 19,11-28

COMMENTAIRE

Je trouve que cette parabole est déconcertante, je dirais même, dure. Il y a deux histoires parallèles. D’abord, l’hostilité entre le roi et les citoyens qui veulent s’en débarrasser. En second lieu, les interactions entre le roi et ses esclaves. Ces derniers reçoivent plus d’attention. Le roi est avare, tyrannique et cruel. Sa seule qualité est sa volonté de récompenser la fidélité et l’initiative de ses esclaves.

Mais alors, quel éclairage la parabole apporte à la nature du Royaume de Dieu ? Nous pourrions en déduire que notre service de Dieu ne doit pas être minimaliste, craintif, ou fait à contrecœur; il doit être généreux, imaginatif et agissant. Bref un agir au service de l’évangie sans crainte et continu ? Nous devons être disposés à prendre des risques pour répondre à la mission que Dieu nous confie. Être prêts « à perdre notre vie » afin de « la trouver » ! Jésus recherche des personnes à qui il peut faire confiance quite à prendre des risques. Les lâches et les indécis ne construiront jamais le Royaume, veut nous faire comprendre Jésus.

Le texte nous annonce la montée de Jésus vers Jérusalem, le ton de notre parabole n’est pas neutre. L’heure où les traitres, les lâches et les indécis, notamment parmi les apôtres, approche. Pensons  pourtant à la mission que Jésus confie à ses apôtres : il leur a dit d’aller porter l’Évangile au monde entier : une mission impossible, dirions-nous peut être aujourd’hui. Pourtant, il connaissait ceux qu’il avait choisis et c’est précisément ce qu’ils ont fait; ils ont pris d’énormes risques en propageant l’Évangile. Je peux alors demander la grâce de générosité, du don de moi-même, dans ma réponse à la mission qui m’est confiée.                                         P.FB

Message de Monseigneur Michel DUBOST, administrateur apostolique du diocèse de Lyon :

Le président de la Conférence épiscopale, Mgr de Moulins Beaufort, a rencontré ce lundi le premier ministre pour lui demander l’autorisation de célébrer la messe la plus normalement possible. Pour nous, en effet, l’Eucharistie est la source et le sommet de la vie chrétienne.

Le Premier Ministre a entendu Mgr de Moulins Beaufort et lui a demandé de patienter au moins jusqu’au 1erdécembre et de prévoir les mesures barrières appropriées.

Les raisons de la demande sont simples à comprendre : les hôpitaux sont déjà pleins (un des prêtres du diocèse de Lyon a été évacué à Angers pour y être soigné) le personnel hospitalier est harassé. Il nous faut donc tout faire pour enrayer la propagation de la Covid.

Comment ne pas entendre cette demande ? Certes, il faut du courage pour l’accepter ! Mais nous ne pouvons pas proclamer que le Christ nous invite à rechercher le bien commun et refuser en même temps de prendre en compte les cris qui traversent notre société : cris des hospitaliers, cris des commerçants, cris et silence accablé de ceux qui sont réduits à la solitude et à la pauvreté. Comment pouvons-nous nous plaindre alors que la Covid fait des victimes ? Le Pape lui-même, montre l’exemple en annulant ses audiences et les messes ouvertes à tous.

Faut-il pour autant se résigner ? Faut-il pour autant mettre notre foi en veilleuse ? Faut-il renoncer à l’essentiel ? Certainement pas ! Comme des millions de chrétiens dans le monde qui ne peuvent célébrer la messe tous les dimanches, il nous faut vivre avec le désir de rencontrer le Christ en redoublant d’ardeur pour l’écouter en lisant la Parole de Dieu, en priant, en le rencontrant sous la figure des isolés et des nécessiteux, en continuant à bâtir son corps, la communauté.

Oui, frères et sœurs, « approchez-vous de Dieu, il s’approchera de vous » (Jac 4.7)

 Sortie du confinement

Nous pouvons espérer une reprise des messes en public en début décembre si la situation sanitaire du pays continue de s’améliorer. L’espoir est mince mais réel.  La conférence des évêques a remis au ministère de l’intérieur un nouveau protocole sanitaire. Celui-ci devrait être plus strict que le précédent, même si les grandes lignes avaient déjà été appliquées. C’est certainement au niveau de la distanciation entreles personnes que nous allons devoir faire encore plus d’effort. On nous parle d’une distanciation de 4m2 entre chaque personne (y compris membres d’une même famille ou d’un même groupe). Tout cela n’est pas complètement confirmé, mais je préfère, en amont, annoncer la couleur. Nous devrons encore améliorer l’aménagement de nos églises et respecter les uns et les autres, les uns pour les autres, les mesures  qui seront décidées. P.FB

PAPE FRANÇOIS  : AUDIENCE GÉNÉRALE CATÉCHÈSE SUR LA PRIÈRE (1)

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 6 mai 2020

Catéchèse – 1. Le mystère de la prière

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous commençons aujourd’hui un nouveau cycle de catéchèses sur le thème de la prière. La prière est le souffle de la foi, son expression la plus propre. Comme un cri qui sort du cœur de celui qui croit et se confie à Dieu.

Pensons à l’histoire de Bartimée, un personnage de l’Evangile (cf. Mc 10, 46-52 et par.) et je dois vous dire que pour moi, c’est le plus sympathique de tous. Il était aveugle, il était assis en train de mendier au bord de la route à la périphérie de sa ville, Jéricho. Ce n’est pas un personnage anonyme, il a un visage, un nom: Bartimée, c’est-à-dire «fils de Timée». Un jour, il entend dire que Jésus devait passer par là. En effet, Jéricho était un carrefour de peuples, constamment traversée par des pèlerins et des marchands. Alors Bartimée se poste: il aurait fait tout le possible pour rencontrer Jésus. Beaucoup de gens faisaient la même chose: rappelons Zacchée, qui monta sur l’arbre. Beaucoup de gens voulaient voir Jésus, et lui aussi.

Ainsi, cet homme entre dans les Evangiles comme une voix qui crie à tue-tête. Il ne voit pas; il ne sait pas si Jésus est proche ou loin, mais il l’entend, il le comprend à la foule qui, à un certain moment, augmente et se rapproche… Mais lui est complètement seul, et personne ne se préoccupe de lui. Alors que fait Bartimée? Il crie. Et il crie, et il continue de crier. Il utilise l’unique arme en sa possession: la voix. Il commence à crier: «Fils de David, Jésus, aie pitié de moi!» (v. 47). Et il continue ainsi, en criant.

Ses cris répétés dérangent, ils semblent impolis, et de nombreuses personnes le réprimandent, lui disent de se taire: «Mais sois poli, ne fais pas ça!». Mais Bartimée ne se tait pas, au contraire, il crie encore plus fort: «Fils de David, Jésus, aie pitié de moi!» (v. 47). Cette obstination est si belle de ceux qui cherchent une grâce et qui frappent, frappent à la porte du cœur de Dieu. Lui crie, frappe. Cette expression: «Fils de David», est très importante; elle signifie «le Messie» — le Messie confesse — et c’est une profession de foi qui sort de la bouche de cet homme méprisé de tous.

Et Jésus entend son cri. La prière de Bartimée touche son cœur, le cœur de Dieu, et les portes du salut s’ouvrent pour lui. Jésus le fait appeler. Il bondit, et ceux qui lui disaient auparavant de se taire le conduisent à présent au Maître. Jésus lui parle, lui demande d’exprimer son désir — cela est important — et alors, le cri devient une requête: «que je recouvre la vue Seigneur!» (cf. v. 51).

Jésus lui dit: «Va, ta foi t’a sauvé» (v. 52). Il reconnaît à cet homme pauvre, sans défense, méprisé, toute la puissance de sa foi, qui attire la miséricorde et la puissance de Dieu. La foi, c’est avoir deux mains levées, une voix qui crie pour implorer le don du salut. Le Catéchisme affirme que «l’humilité est le fondement de la prière» (Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2559). La prière naît de la terre, de l’humus — dont dérive «humble», «humilité» —; elle vient de notre état de précarité, de notre soif constante de Dieu (cf. ibid., 2560-2561).

La foi, nous l’avons vu en Bartimée, est un cri; la non-foi c’est étouffer ce cri. Cette attitude qu’avaient les gens, en le faisant taire: ce n’était pas des gens de foi, mais lui en revanche, oui. Etouffer ce cri est une sorte d’«omertà». La foi est une façon de protester contre une condition difficile dont nous ne comprenons pas la raison; la non-foi c’est se limiter à subir une situation à laquelle nous nous sommes adaptés. La foi est l’espérance d’être sauvés; la non-foi est s’habituer au mal qui nous opprime et continuer ainsi.

Chers frères et sœurs, nous commençons cette série de catéchèses avec le cri de Bartimée, parce que sans doute tout est déjà écrit dans une figure comme la sienne. Bartimée est un homme persévérant. Autour de lui, il y a des gens qui expliquaient qu’implorer était inutile, que c’était un brouhaha qui restait sans réponse, un vacarme qui dérangeait uniquement, et qu’il était prié de cesser de crier: mais lui n’est pas resté en silence. Et à la fin, il a obtenu ce qu’il voulait.

Plus forte que tout argument contraire, dans le cœur de l’homme, il y a une voix qui invoque. Nous avons tous cette voix en nous. Une voix qui sort spontanément, sans que personne ne la commande, une voix qui s’interroge sur le sens de notre chemin ici-bas, surtout quand nous sommes dans l’obscurité: «Jésus, aie pitié de moi! Jésus, aie pitié de moi!». C’est une belle prière.

Mais ces paroles ne sont-elles pas gravées dans toute la création? Tout invoque et supplie afin que le mystère de la miséricorde trouve son accomplissement définitif. Les chrétiens ne sont pas les seuls à prier: ils partagent le cri de la prière avec tous les hommes et toutes les femmes. Mais l’horizon peut être encore étendu: Paul affirme que toute la création «gémit en travail d’enfantement» (Rm 8, 22). Les artistes se font souvent l’interprète de ce cri silencieux de la création, qui pèse sur toute créature et qui s’élève surtout dans le cœur de l’homme, parce que l’homme est un «mendiant de Dieu» (CEC, n. 2559). C’est une belle définition de l’homme: «mendiant de Dieu». Merci.