Jeudi 15 avril
Parole de Dieu : Jean 3,31-36
Commentaire :
Dans ce passage, notre place véritable nous est donnée, par le leitmotiv « Celui qui… » Un chemin est tracé. Sachons aller de l’une à l’autre de ces définitions de l’homme, de la terre à la Vie éternelle, en passant par l’acceptation du témoignage du Fils…
« Celui qui est de la terre est terrestre, et il parle de façon terrestre ». La Résurrection, elle se manifeste par la reconnaissance de ces flux de relations, dans ses « saints effets » [saint Ignace les Exercices Spirituels]… Comme nous le montre ce passage de Saint Jean, un flux concerne le Mystère de Dieu, les relations entre le Père, le Fils et l’Esprit, mais il y a aussi un autre flux, celui de l’homme, à l’intérieur du cœur de l’homme. L’homme qui est de la terre et qui donc parle terrestre, est suscité pour pouvoir recevoir le flux divin et pouvoir ainsi le certifier par son existence terrestre. Il peut donc dire « oui » ou « non ». Au cœur de la Résurrection, pour chacun, il y a l’enjeu de la foi… de la foi en ce qu’a vécu Notre Seigneur Jésus Christ en sa vie terrestre, une foi qui nous ouvre, dans le même mouvement, à cette vie renouvelée en notre propre quotidien….
« Celui qui accepte son témoignage certifie par-là que Dieu dit la vérité » L’enjeu de chacune de nos vies à la lumière pascale, est bien de recevoir dans cette perspective tous les faits et gestes du Seigneur Jésus, pour les écouter jusqu’au bout, pour les entendre vraiment, au point d’être mis en mouvement nous-mêmes, pour nous ouvrir… et, par-là, quitter ce que nous avons bien à reconnaître comme notre enfermement, notre mort. L’enjeu de la Résurrection, consiste à recevoir pleinement la Vie qui ne cesse de se donner au jour le jour. La Résurrection, c’est un « oui » simple et épuré au quotidien de nos jours, à la vie de Nazareth, là où je suis, sereinement… Par-là, je certifie, « certi-fier » je fais du témoignage une chose certaine pour moi, pour mes frères… J’atteste du Nouveau Testament, du Testament éternel.
« Celui qui croit au Fils a la vie éternelle » Voilà l’homme, « ecce homo » celui qui unit le mystère de Dieu et le devenir de l’homme, le Fils. Il exprime le Père. Il peut être reçu par tout homme… Dans ce mouvement, la Vie, la Vie éternelle, celle de Dieu, se répand, elle peut, elle aussi, être reçue… Le Père a tout donné au Fils ; recevoir le Fils en notre terre, c’est donc recevoir le Père… L’Esprit aide ce mouvement, Esprit lui aussi donné pleinement par le Père… Recevoir ce qui se donne, ceux qui se donnent, pour entrer dans le mouvement de reconnaissance envers Celui qui se donne, à tous et à chacun pleinement, par le Fils et l’Esprit. Être nous aussi avec le Père en ce mouvement de la vie éternelle, à notre juste place, avec nos frères, tous nos frères… Dépouillons le vieil homme, allons, quittons… Devenons…
Parole du pape François sur la prière :
L’Église est une grande école de prière. Bon nombre d’entre nous ont appris les premières prières sur les genoux de leurs parents ou de leurs grands-parents. Ce don que nous avons reçu dans l’enfance avec simplicité est un patrimoine très riche, et l’expérience de la prière mérite d’être approfondie toujours plus. La prière est la respiration de la foi et nous y grandissons tant que nous apprenons à prier, elle est notre force. Ainsi, fleurissent dans l’Eglise des communautés et des groupes consacrés à la prière. Ce sont des cellules vitales, pour le tissu ecclésial et pour la société, car prier et travailler en communauté fait avancer le monde.
Tout dans l’Église naît dans la prière, et tout grandit grâce à la prière. Les saints ont trouvé leur force dans la prière qu’ils puisent dans le « puits » inépuisable de la mère Église. Ils la soutiennent avec les armes de la prière. A cet effet, la lampe de la foi sera toujours allumée sur la terre tant qu’il y aura l’huile de la prière. Le devoir essentiel de l’Église est de prier et d’éduquer à prier, de transmettre de génération en génération la lampe de la foi avec l’huile de la prière. Sans la foi, tout s’écroule ; et sans la prière, la foi s’éteint.
C’est pourquoi l’Église, qui est maison et école de communion, est maison et école de prière.
Un beau texte sur Saint Joseph :
Si donc saint Joseph n’est pas père, comment aura-t-il un amour de père ? C’est ici qu’il nous faut entendre que la puissance divine agit en cette œuvre. C’est par un effet de cette puissance que saint Joseph a un cœur de père ; et si la nature ne le donne pas, Dieu lui en fait un de sa propre main. Car c’est de lui dont il est écrit qu’il tourne où il lui plaît les inclinations. Pour l’entendre il faut remarquer une belle théologie que le Psalmiste nous a enseignée, lorsqu’il dit que Dieu forme en particulier tous les cœurs des hommes : Qui finxit singillatim corda eorum (« Lui qui forme le cœur de chacun » Ps 32, 15). Ne vous persuadez pas, chrétiens, que David regarde le cœur comme un simple organe du corps, que Dieu forme par sa puissance comme toutes les autres parties qui composent l’homme. Il veut dire quelque chose de singulier : il considère le cœur en ce lieu comme principe de l’inclination ; et il le regarde dans les mains de Dieu comme une terre molle et humide, qui cède et qui obéit aux mains du potier et reçoit de lui sa figure. C’est ainsi, nous dit le Psalmiste, que Dieu forme en particulier tous les cœurs des hommes.
(…)
C’est donc cette même main qui forme en particulier tous les cœurs des hommes, qui fait un cœur de père en Joseph et un cœur de fils en Jésus. C’est pourquoi Jésus obéit, et Joseph ne craint pas de lui commander. Et d’où lui vient cette hardiesse de commander à son Créateur ? C’est que le vrai Père de Jésus-Christ, ce Dieu qui l’engendre dans l’éternité, ayant choisi le divin Joseph pour servir de père au milieu des temps à son Fils unique, a fait en quelque sorte couler en son sein quelque rayon ou quelque étincelle de cet amour infini qu’il a pour son Fils: c’est ce qui lui change le cœur, c’est ce qui lui donne un amour de père; si bien que le juste Joseph, qui sent en lui-même un cœur paternel formé tout à coup par la main de Dieu, sent aussi que Dieu lui ordonne d’user d’une autorité paternelle; et il ose bien commander à celui qu’il reconnaît pour son maître. »
Bossuet