Commentaire
Nous pouvons suivre le regard de Jésus… Un regard qui discerne et dévoile ce que personne n’aperçoit : une femme insignifiante, elle se confond avec les pierres du Temple, elle longe discrètement, furtivement les murs pour « jeter » le peu de son avoir à l’abri du regard de tous. Jésus regarde cette femme, il explicite son geste et nous donne ainsi, à nous ses disciples, de contempler le mouvement d’oblation totale de notre Dieu.
Cette femme « pauvre… a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre ». Ainsi fait notre Dieu en Jésus : dans la discrétion et l’infini respect de notre liberté, Dieu abandonne tous ses biens pour épouser notre condition humaine.
« Et soudain entrera dans son Temple le Seigneur que vous cherchez, le Messager de l’Alliance que vous désirez » (Malachie 3,3). Voici que Jésus se tient assis dans le Temple de Jérusalem, au seuil de sa Passion, et il se laisse rejoindre par cette femme qui lui ressemble et, une fois de plus, il révèle le visage véritable de Dieu. Le Père a tout donné, la veuve a tout donné : ces deux-là se correspondent, se répondent, se disent l’un par l’autre, l’un avec l’autre.
Telle est la Parole de vie, le Christ livré et totalement donné par le Père, comme son bien unique et précieux, qu’il nous est donné de contempler ce jour.
LECTURE DE SAINT THOMAS D’AQUIN
POUR L’OFFICE DU CORPS DU CHRIST
Le mystère de l’Eucharistie.
Le Fils unique de Dieu, voulant nous faire participer à sa divinité, a pris notre nature afin de diviniser les hommes, lui qui s’est fait homme.
En outre, ce qu’il a pris de nous, il nous l’a entièrement donné pour notre salut. En effet, sur l’autel de la croix il a offert son corps en sacrifice à Dieu le Père afin de nous réconcilier avec lui ; et il a répandu son sang pour qu’il soit en même temps notre rançon et notre baptême : rachetés d’un lamentable esclavage, nous serions purifiés de tous nos péchés.
Et pour que nous gardions toujours la mémoire d’un si grand bienfait, il a laissé aux fidèles son corps à manger et son sang à boire, sous les dehors du pain et du vin.
Banquet précieux et stupéfiant, qui apporte le salut et qui est rempli de douceur ! Peut-il y avoir rien de plus précieux que ce banquet où l’on ne nous propose plus, comme dans l’ancienne Loi, de manger la chair des veaux et des boucs, mais le Christ qui est vraiment Dieu ? Y a-t-il rien de plus admirable que ce sacrement ? ~
Aucun sacrement ne produit des effets plus salutaires que celui-ci : il efface les péchés, accroît les vertus et comble l’âme surabondamment de tous les dons spirituels !
Il est offert dans l’Église pour les vivants et pour les morts afin de profiter à tous, étant institué pour le salut de tous. Enfin, personne n’est capable d’exprimer les délices de ce sacrement, puisqu’on y goûte la douceur spirituelle à sa source et on y célèbre la mémoire de cet amour insurpassable, que le Christ a montré dans sa passion.
Il voulait que l’immensité de cet amour se grave plus profondément dans le cœur des fidèles. C’est pourquoi à la dernière Cène, après avoir célébré la Pâque avec ses disciples, lorsqu’il allait passer de ce monde à son Père, il institua ce sacrement comme le mémorial perpétuel de sa passion, l’accomplissement des anciennes préfigurations, le plus grand de tous ses miracles ; et à ceux que son absence remplirait de tristesse, il laissa ce sacrement comme réconfort incomparable.
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