A l’invitation de l’association Aide et Fraternité, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées le 30 novembre à Pontcharra pour écouter les Pères Firmin N’TAYE et Toussaint KUSENZA répondre à la question : Où va l’Afrique ? (Problèmes, enjeux, défis)
Une conférence à deux voix
S’en est suivie une passionnante conférence à deux voix. Après avoir souligné le caractère citoyen de leur démarche, les conférenciers ont commencé leur intervention par répondre à la question ci-après :
– d’où vient l’Afrique et quel est son statut actuel ? Pour eux, l’Afrique est un continent qui se relève de 4 siècles d’esclavage qui ont totalement modifié la société africaine (de 1441 à 1848, avec plus de 18 millions d’hommes et de femmes, les plus vigoureux, arrachés à leur terre) et de près d’un siècle de colonisation.
L’Afrique, ce sont de jeunes Etats (à peine soixante ans d’indépendance) avec pour la grande majorité un sol fertile et un sous-sol très riche (l’Afrique détient 97% des réserves mondiales de cuivre, 80% de celles de coltan, 60% de celles de diamant, 57% de celles d’or, 50% de celles de cobalt, 49% de celles de platine, 41% de celles de vanadium, etc.), ce qui fait d’elle, en théorie, le continent le plus riche.
Mais paradoxalement, l’Afrique est, dans les faits, le continent le plus pauvre au monde. Comment peut-on alors comprendre ce paradoxe ?
Le continent le plus pauvre, pourquoi ?
La pauvreté des états africains s’explique d’une part par le pillage de ses ressources par les anciennes puissances coloniales (la France, la Belgique, etc.), les puissances économiques (les USA, la Chine, etc.) et les multinationales.
Elle s’explique d’autre part par les politiques économiques inadaptées imposées aux pays africains par les institutions internationales (FMI, Banque Mondiale). La pauvreté des Etats africains s’explique enfin par la médiocrité de ses dirigeants politiques dont on peut égrener une longue liste de tares : manque de démocratie, mauvaise gouvernance, corruption, détournement de fonds, etc.
Face à cette situation paradoxale d’un continent regorgeant de nombreuses ressources mais dont les populations s’appauvrissent de jour en jour, la question que les conférenciers se sont posée est la suivante : comment penser l’avenir de l’Afrique ? Mieux : où va l’Afrique ?
Confiant que l’avenir de l’Afrique est radieux, les conférenciers ont, pour cela, indiqué de nombreux défis à relever. Parmi ceux-ci :
l’éducation gratuite pour tous,
le respect des Droits de l’Homme,
la bonne gouvernance,
l’indépendance de la justice,
la lutte contre la corruption et l’impunité, etc.
A nous citoyens Européens, ils ont demandé d’accompagner et de soutenir les efforts des Africains dans leur combat pour le développement, la consolidation de la démocratie et la construction des Etats de droit.
Pour cela, ils nous ont proposé de soutenir des initiatives, telles que la création d’ usines de transformation des matières premières dans le continent africain (cacao, café, fruits et produits du sous-sol) plutôt que leur exportation à l’état brut : plus il y aura d’usines en Afrique, moins il y aura des migrants en Europe.
A nous encore de nous opposer aux ventes d’armes en Afrique ou au soutien des dirigeants dictateurs africains, etc.
Cette longue conférence, émaillée d’exemples réels et vécus, tranchait fortement avec les propos souvent caricaturaux concernant l’Afrique.
Merci, Pères Firmin et Toussaint, de nous avoir ouvert l’intelligence et le cœur : nous regarderons désormais l’Afrique avec un regard neuf.
Michel Chamba