C’est cet homme de notre région qui, avec d’autres Lyonnais, a voulu rechristianiser notre pays au début du XIXème siècle. L’Eglise de France ressortait alors meurtrie après la Révolution de 1789. Parlons seulement de la région lyonnaise car il y eut beaucoup d’autres foyers de renouveau dans notre pays.
Né en 1789
C’est à Marlhes, sur le plateau du mont Pilat, que Marcellin Champagnat vient au monde, en 1789, l’année même où commence la Révolution… Sans être vraiment révolutionnaire son père, petit agriculteur, était ouvert aux idées nouvelles véhiculées par la Révolution.
Des prêtres du grand diocèse de Lyon parcouraient les campagnes à la recherche de candidats au sacerdoce. Marcellin accepta avec hésitation d’entrer dans cette voie en ignorant sans doute les difficultés qui l’attendaient.
Son parcours pour devenir prêtre rappelle celui du curé d’Ars son aîné de quelques années (1786-1859). Les études furent très difficiles pour Marcellin. Il connut le découragement. Mais il avait une mère qui le soutint. Ils allèrent ensemble à la Louvesc, pas si loin de Marlhes, et il reprit courage.
La promesse de Fourvière
Ces premiers obstacles franchis on le retrouve à Fourvière avec d’autres jeunes prêtres, pleins de zèle. Ils ambitionnent de fonder une société qui appelleront « La Société de Marie » comprenant des prêtres, des sœurs, des frères et des laïcs. Marcellin, choisit de s’occuper de la branche des Frères. Ordonné prêtre en 1816 il est nommé à La Valla-en-Gier, une paroisse de montagne au sud de St-Chamond dans la Loire. A peine arrivé il met à exécution la résolution prise à Fourvière. On était en janvier 1817.
Les atouts de ce fondateur
Marcellin était un homme sans prétentions mais doué d’une volonté de fer. Ses confrères prêtres disaient plutôt que c’était un entêté! Mais c’était aussi un mystique, un amoureux de la Vierge Marie. Sans beaucoup d’argent ni de puissants appuis ce « vicaire paysan » se lance dans une grande aventure qui le mènera bien plus loin qu’il aurait imaginé. Persuadé qu’il fait la volonté de Dieu il n’hésite pas à « sortir des sentiers battus ». Il quitte son presbytère pour habiter avec ses premiers frères et se « fait maçon » pour construire une grande maison dans la vallée du Gier. Elle deviendra ce « Notre Dame de l’Hermitage » qui continue de rayonner aujourd’hui.
Marcellin ne manquait pas d’atouts. Son courage, son audace étaient servis par un sens pratique peu commun et surtout il était « adoré » de ses Frères, issus du même milieu que lui. Son œuvre va se développer de manière inattendue et miraculeuse. Les épreuves ne seront pas épargnées au courageux vicaire. Peu de soutien du côté du diocèse de Lyon au début au moins. Pire que cela l’un des jeunes prêtres qui était monté à Fourvière avec lui en 1816 essaiera de l’écarter et de s’imposer à l’Hermitage quand Marcellin était malade. Les autorités administratives ne lui font guère confiance non plus. Toutes ses démarches pour faire approuver et reconnaître sa congrégation resteront vaines.
« Si la grain ne meurt… »
Quand Marcellin Champagnat, épuisé par le travail, les épreuves, la maladie quitte ce monde à 51 ans en 1840 on ne donne pas cher de son œuvre. Mais était-ce vraiment la sienne ou celle de Dieu? Ce qu’il laissait de plus précieux à ses frères c’est un esprit. Que de chemin parcouru depuis 1817! Les Frères Maristes d’aujourd’hui voudraient continuer à vivre de cet esprit.
fr Bernard Méha