Jeudi 15 juillet
Parole de Dieu : Matthieu 11,28-30
Commentaire :
Jésus nous lance une invitation : « Venez à moi » (v.28). Et c’est un appel ouvert à tous, mais à la condition d’avoir besoin d’aide, d’avoir besoin de lui, de reconnaître que l’on ne peut pas faire tout seul.
Jésus s’adresse à tous ceux qui plient sous le poids du fardeau, sous le poids des soucis, sous le poids de la vie. Il se propose à tous ceux qui s’échinent sur le dur métier de la condition humaine.
Pourquoi à ceux là ?
Parce que Jésus est venu sauver, réparer, délivrer, ressusciter ; et que pour avoir lui-même embrasser la Croix de toute douleur, il est infiniment proche de toutes les détresses et souffrances humaines. Jésus ne propose pas de porter leur fardeau, mais de leur donner le sien, en les assurant qu’il est facile et léger (v.30).
Mais que signifie porter le joug du Christ ?
Sans doute se mettre à son école et à son exemple : à l’école du Père qui peut tout pour nous, et à l’école du frère qui attend tout de nous. Ainsi s’opère un double décentrement qui nous rend espérant et bienveillant, confiant et compatissant. Là est le levier de tout poids et de toute charge et surcharge, parce qu’à l’intérieur de nous quelqu’un d’autre que nous s’en est chargé.
La foi, c’est-à-dire la confiance et la fiabilité que nous accorderons à cette parole, est notre disposition à accueillir ce quelqu’un d’autre qui déjà travaille en nous. Elle n’est autre chose qu’un don en nous, pour nous tourner les uns vers les autres et apprendre à nous aimer, c’est-à dire nous porter les uns les autres.
Ainsi portés, nous nous engageons à porter. C’est cela qui allège et nous donne le cœur en repos, léger et content, non pas que nous portons moins (peut-être même que nous porterons plus !), mais différemment. P.FB
15 Juillet : Mémoire de saint Bonaventure, docteur de l’Eglise
Avec le bienheureux Jean Duns Scot et saint Thomas d’Aquin, il est l’un des trois plus célèbres docteurs de la scolastique. Comme auteur spirituel, il est parmi les grands de tous les temps. Né à Bagno-Regio en Italie, fils de médecin, Jean Fisanza fut guéri d’une grave maladie quand sa mère fit un vœu à saint François qui venait d’être canonisé. On l’envoie étudier les lettres et les arts à l’Université de Paris. C’est là que, impressionné par l’exemple de l’un de ses maîtres, il entre chez les frères mineurs, à 22 ans, prenant le nom de Bonaventure. Il gravit sans peine le cursus des études théologiques et commence à enseigner de 1248 à 1257.
En 1257, il est élu ministre général de l’Ordre et se met à parcourir l’Europe. Il a fort à faire pour maintenir l’unité de cet Ordre devenu si grand, car il n’est pas simple de faire suivre à 35.000 frères la règle de vie élaborée par saint François pour quelques disciples. Des aménagements s’imposent. Mais il sait allier la fermeté dans l’autorité et la compréhension à l’égard de tous ses frères, tout en demeurant d’une affectueuse humilité avec tous. En plus de sa charge, il mène de front une vie de prédicateur, d’enseignant et d’écrivain. Il se voit confier par le Pape des missions diplomatiques, en particulier pour le rapprochement avec l’Église grecque. En 1273, le pape Grégoire X le crée cardinal et le charge de préparer un second concile de Lyon. C’est dans cette ville que frère Bonaventure meurt en plein concile. Le Pape Sixte-Quint en a fait un docteur de l’Église en 1587.
MÉDITATION DU JOUR
Dieu se révèle dans l’Écriture
L’origine de l’Écriture ne se situe pas dans la recherche humaine, mais dans la divine révélation qui provient du Père des lumières, de qui toute paternité au ciel et sur terre tire son nom. De lui, par son Fils Jésus Christ s’écoule en nous l’Esprit Saint. Par l’Esprit Saint, partageant et distribuant ses dons à chacun de nous selon sa volonté, la foi nous est donnée, et par la foi, le Christ habite en nos cœurs. Telle est la connaissance de Jésus Christ de laquelle découlent comme de sa source, la fermeté et l’intelligence de toute la Sainte Écriture.
Il est donc impossible d’entrer dans la connaissance de l’Écriture sans d’abord posséder la foi infuse du Christ, comme la lumière, la porte et aussi le fondement de toute l’Écriture.
L’aboutissement ou le fruit de la Sainte Écriture n’est pas quelconque, c’est la plénitude de l’éternelle félicité. Car elle est l’Écriture dans laquelle sont les paroles de la vie éternelle, elle est donc écrite, non seulement pour que nous croyions, mais aussi pour que nous possédions la vie éternelle dans laquelle nous verrons, nous aimerons et où nos désirs seront universellement comblés. Alors, nos désirs étant comblés, nous connaîtrons vraiment la charité qui surpasse la connaissance et ainsi nous serons remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu. C’est à cette plénitude que la divine Écriture s’efforce de nous introduire selon le sens vrai du texte de l’Apôtre. C’est donc en vue de cette fin, c’est dans cette intention que la Sainte Écriture doit être étudiée, enseignée et entendue.
St Bonaventure
Saint Bonaventure († 1274), immense théologien et successeur de saint François à la tête de la famille franciscaine, archevêque et cardinal, mourut durant le concile de Lyon. / Breviloquium, Paris, Éd. franciscaines, 1966, p. 85.
L’ITINÉRAIRE DE L’ÂME VERS DIEU PAR S. BONAVENTURE
Le Christ est le chemin et la porte, l’échelle et le véhicule, il est le propitiatoire posé sur l’arche de Dieu et le mystère caché depuis le commencement.
Celui qui tourne résolument et pleinement ses yeux vers le Christ en le regardant suspendu à la croix, avec foi, espérance et charité, dévotion, admiration. exultation, reconnaissance, louange et jubilation, celui-là célèbre la Pâque avec lui, c’est-à-dire qu’il se met en route pour traverser la mer Rouge grâce au bâton de la croix. Quittant l’Égypte, il entre au désert pour y goûter la manne cachée et reposer avec le Christ au tombeau, comme mort extérieurement mais expérimentant dans la mesure où le permet l’état de voyageur – ce qui a été dit sur la croix au larron compagnon du Christ : Aujourd’hui avec moi tu seras dans le paradis.
En cette traversée, si l’on veut être parfait, il importe de laisser là toute spéculation intellectuelle. Toute la pointe du désir doit être transportée et transformée en Dieu. Voilà le secret des secrets, que personne ne connaît sauf celui qui le reçoit, que nul ne reçoit sauf celui qui le désire, et que nul ne désire, sinon celui qui au plus profond est enflammé par l’Esprit Saint que le Christ a envoyé sur la terre. Et c’est pourquoi l’Apôtre dit que cette mystérieuse sagesse est révélée par l’Esprit Saint.
Si tu cherches comment cela se produit, interroge la grâce et non le savoir, ton aspiration profonde et non pas ton intellect, le gémissement de ta prière et non ta passion pour la lecture, interroge l’Époux et non le professeur, Dieu et non l’homme, l’obscurité et non la clarté ; non point ce qui luit mais le feu qui embrase tout l’être et le transporte en Dieu avec une onction sublime et un élan plein d’ardeur. Ce feu est en réalité Dieu lui-même dont la fournaise est à Jérusalem. C’est le Christ qui l’a allumé dans la ferveur brûlante de sa Passion. Et seul peut le percevoir celui qui dit avec Job : Mon âme a choisi le gibet, et mes os, la mort. Celui qui aime cette mort de la croix peut voir Dieu ; car elle ne laisse aucun doute, cette parole de vérité : l’homme ne peut me voir et vivre.
Mourons donc, entrons dans l’obscurité, imposons silence à nos soucis, à nos convoitises et à notre imagination. Passons avec le Christ crucifié de ce monde au Père. Et quand le Père se sera manifesté, disons avec Philippe : Cela nous suffit. Écoutons avec Paul : Ma grâce te suffit. Exultons en disant avec David : Ma chair et mon cœur peuvent défaillir : le roc de mon cœur et mon héritage, c’est Dieu pour toujours. Béni soit le Seigneur pour l’éternité, et que tout le peuple réponde : Amen, amen.