Lundi 5 juillet
Parole de Dieu : Matthieu 9,18-26
Commentaire :
La foi, autant celle de la malade que celle du Rabbin de la synagogue, est frappante. Jésus lui répond généreusement. Cette foi profonde contraste fortement avec les joueurs de flûte et la foule qui se moquent de la déclaration de Jésus comme quoi la jeune fille n’est pas morte, mais qu’elle dort.
Jésus se rapproche à merveille des gens qui ont la foi. La foi établit une relation forte entre Jésus et nous-mêmes, et c’est ainsi que son énergie se répand sur nous. Je prie pour le genre de foi que le chef de la synagogue et la femme malade ont montré.
À qui dois-je m’identifier sur cette scène surpeuplée? Suis-je comme le dirigeant désespéré ou la femme malade? Ou suis-je comme les gens qui se sont moqué de Jésus parce qu’ils n’avaient pas foi en lui? Ou est-ce que je demande à Jésus simplement de me laisser le toucher, ou de me prendre par la main et m’emmener à la vie? Cet événement remet en cause la profondeur de ma propre foi en la puissance du Christ, qui peut également changer efficacement ma vie, mais il faut que je me tourne vers lui.
SERMON DE SAINT AUGUSTIN
SUR L’ANCIEN TESTAMENT
« Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé »
Mon crime, dit David, moi, je le reconnais. Si moi, je reconnais, c’est donc à toi de fermer les yeux. Ne prétendons aucunement que notre vie est vertueuse et que nous sommes sans péché. Pour que notre vie mérite l’éloge, demandons pardon. Les hommes sans espérance, moins ils font attention à leurs propres péchés, plus ils sont curieux des péchés d’autrui. Ils ne cherchent pas ce qu’ils vont corriger, mais ce qu’ils vont critiquer. Et puisqu’ils ne peuvent pas s’excuser, ils sont prêts à accuser les autres. Ce n’est pas l’exemple de prière et de satisfaction envers Dieu que nous donne le psalmiste lorsqu’il dit : Car mon crime, moi, je le reconnais ; et mon péché est toujours devant moi. Celui-là n’était pas attentif aux péchés d’autrui. Il invoquait son propre témoignage contre lui-même, il ne se flattait pas, mais il s’examinait, il descendait profondément en lui-même. Il ne se pardonnait pas et c’est justement pour cela qu’il pouvait demander sans impudence d’être pardonné.
Tu veux te réconcilier avec Dieu ? Apprends à te comporter de telle sorte que Dieu se réconcilie avec toi. Remarque ce qu’on lit dans le même psaume : Car, si tu avais voulu un sacrifice, je te l’aurais bien offert ; tu ne prendras pas plaisir aux holocaustes. Tu n’auras donc pas de sacrifice ? Tu n’auras rien à offrir, tu n’auras aucune offrande pour te réconcilier avec Dieu ? Écoute la suite, et dis à ton tour : Le sacrifice pour Dieu, c’est un esprit brisé. Le cœur brisé et humilié, Dieu ne le méprise pas. Après avoir rejeté ce que tu offrais, tu as trouvé quelque chose à offrir. Tu voulais offrir, comme tes pères, des animaux immolés, ce qu’on appelait des sacrifices. Si tu avais voulu un sacrifice, je t’en aurais bien offert. Ce n’est donc pas cela que tu cherches, et pourtant c’est un sacrifice que tu cherches.
Tu ne prendras pas plaisir aux holocaustes, dit-il. Ainsi donc, parce que tu ne prendras pas plaisir aux holocaustes, tu resteras sans sacrifice ? Pas du tout ! Le sacrifice pour Dieu, c’est un esprit brisé ; le cœur brisé et humilié, Dieu ne le méprise pas. Tu possèdes de quoi offrir. N’inspecte pas un troupeau, n’arme pas des navires et ne franchis pas la mer jusqu’à des régions lointaines pour en rapporter des aromates. Cherche dans ton cœur ce qui peut plaire à Dieu. Il faut briser ton cœur. Ne crains pas qu’il en meure ! On te le dit ici : Ô Dieu, crée en moi un cœur pur. Pour que soit créé un cœur pur, il faut briser le cœur impur.
Il faut nous déplaire à nous-mêmes quand nous péchons, parce que les péchés déplaisent à Dieu. Et puisque nous ne sommes pas sans péché, nous ressemblerons à Dieu au moins en ce que le péché nous déplaît, comme à lui. Pour une part tu seras uni à la volonté de Dieu, car ce qui te déplaît en toi, c’est ce que déteste celui qui t’a créé.
Fréquemment cité par le pape François dans ses discours, Fiodor Dostoïevski a écrit certains des plus beaux chefs-d’œuvre de la littérature russe. Parmi eux se trouve Les frères Karamazov. S’il fait partie des livres préférés du souverain pontife et est régulièrement conseillé comme lecture au lycée, cet ouvrage donne aussi une incroyable définition de la prière.
Dialogue direct avec Dieu, la prière est un incontournable de la foi. Prier chaque jour, c’est faire silence, écouter, adorer, s’ouvrir au monde. Elle n’est pas facultative ou réservée à quelques uns. Saint Paul ne cesse d’ailleurs de le rappeler : « Priez sans cesse. Confiez-vous au Christ, sans vous lasser ». Les fidèles prient pour rendre grâce, pour demander quelque chose, pour confier quelqu’un. Ils prient pour les vivants mais aussi les défunts. La prière se trouve au cœur de centaines d’ouvrages de théologie et occupe une place privilégiée dans les écrits des grands saints. Mais si vous n’avez pas le temps de vous y plongez, commencez peut-être par ce court extrait de Dostoïevski dont les mots, savoureux, décrivent avec justesse l’importance de cet acte de foi.
Jeune homme, n’oublie pas la prière. Si ta prière est sincère, chaque fois un nouveau sentiment y passera, et en lui une pensée nouvelle, que tu ne connaissais pas encore et qui te redonnera du courage ; et tu comprendras que la prière est une éducation. Souviens-toi encore : chaque jour et chaque fois que tu le pourras, répète en toi-même : « Seigneur, aie pitié de tous ceux qui, aujourd’hui, se sont présentés devant Toi ». Car, à chaque heure et à chaque seconde, des milliers d’hommes quittent leur vie ici-bas et leur âme se présente devant le Seigneur. Et combien nombreux sont, parmi eux, ceux qui quittent la terre dans la solitude, à l’insu de tous, dans la tristesse et l’angoisse à la pensée qu’ils ne manqueront à personne et que personne ne sait même s’ils ont ou non vécu. Alors, de l’autre bout du monde, ta prière pour le repos de son âme s’élèvera peut-être vers Dieu, quand même vous ne vous seriez point connus. Combien il sera émouvant pour son âme, qui se présente pleine d’effroi devant le Seigneur, de sentir à cet instant que lui aussi possède un intercesseur, qu’un être humain est demeuré sur terre, qui l’aime. Et puis, Dieu vous regardera tous les deux avec plus de clémence ; car du moment que tu l’as tellement plaint, combien Il le plaindra, Lui dont la miséricorde et l’amour sont infiniment plus grands que les tiens. Et Il lui pardonnera pour l’amour de toi.