Mercredi 30 juin
Parole de Dieu : Matthieu 8,38-34
Commentaire :
La défaite du mal est annoncée dans le cri des deux possédés : « Que nous veux-tu, Fils de Dieu ? Es-tu venu pour nous tourmenter avant le moment fixé ? » (v.29). Aveu de faiblesse et d’une retraite proche, on peut y entendre en sous-entendu, « laisse-nous profiter du peu de temps qu’il nous reste pour semer encore un peu plus la peur et la haine ».
Mais l’ombre de la Croix se profile déjà, menaçante pour les ténèbres et le chaos vaincus par avance. Oui ! Le Salut est en marche et rien ne peut arrêter sa force et sa victoire. Il aura le dernier mot par le puissance de la Résurrection.
La présence de Jésus déroute, trouble, met en lumière. Reconnu par ses deux détracteurs comme le « Fils de Dieu » (v.29), il est le Verbe, traversant, depuis l’origine du monde, la création et continuant son œuvre de séparer et de « bien-dire ». Limité dans le temps de son Incarnation, il porte en lui l’éternité de sa victoire consommée dès avant les siècles. Tout le mystère de sa personne comprend déjà la victoire inaliénable de la lumière.
La réaction de la foule est plus surprenante, après être venue à sa rencontre, pourquoi le supplie-t-elle de quitter leur territoire, comme si elle se positionnait en ennemi du bien ?
Nous pouvons noter toutefois, qu’il ne s’agit pas d’une menace ou d’une intimidation à la manière des possédés, mais d’une supplication, comme d’une prière.
Les Gadaréniens attendent aussi le « moment fixé », ils ne se résoudront pas à une guérison à la sauvette, Jésus est venu en terre païenne jusqu’à eux, ils se sont déplacés en masse pour le voir. Ils l’ont vu. Ils ont reçu un acompte de leur libération par la mort des porcs et la délivrance des deux possédés. Ils sont maintenant dans la promesse du Salut universel et total.
Aveu de leur faiblesse, leur demande de mise en distance peut s’interpréter comme la distance intégrée entre leur pauvreté de créatures (et d’autant plus qu’ils sont païens face à un Juif) et la puissance du Créateur. Ce n’est pas forcément le non-accueil d’une porte fermée plutôt qu’une distanciation de reconnaissance. Le choc de la mise en présence de la Victoire met en branle leurs soubassements charnels, comme Pierre lui-même a demandé à Jésus de s’éloigner : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur » (Lc 5,8).
Aujourd’hui : Mémoire des premiers martyrs chrétiens
Connaissez-vous le visage des premiers martyrs chrétiens français ?
Pour voir les visages des 48 premiers martyrs chrétiens français, il faut aller à Lyon, à l’espace culturel de l’Antiquaille où viennent d’être restaurées des mosaïques du XIXe siècle.
Rencontre avec Étienne Piquet-Gauthier, directeur de la Fondation Saint-Irénée, qui a participé au financement de la restauration de mosaïques du XIXe siècle représentant les premiers martyrs chrétiens français.
Quelle est l’histoire de ces mosaïques ?
Étienne Piquet-Gauthier : Ces mosaïques ont été réalisées fin XIXe, à la même époque que la construction de Notre-Dame de Fourvière. Le lieu dit de l’Antiquaille qui les abrite est d’ailleurs à deux pas de la basilique. De façon assez inédite, elles représentent en détail — entendez selon le supplice subi — les 48 premiers martyrs chrétiens morts à Lyon en 177, sous le règne de Marc-Aurèle. Ce n’est pas moi qui le dis ! Mais Eusèbe de Césarée qui retranscrit leurs martyrs dans son Histoire du Christianisme, écrite au IVe siècle.
.Que font ces mosaïques dans ce lieu ?
Le lieu de l’Antiquaille est chargé d’histoire. Proche du palais du légat romain, la découverte de grottes creusées dans la colline où il est situé a pu faire penser qu’il s’agissait des cachots des premiers chrétiens. Rien de sûr… mais le culte et la mémoire de ces martyrs et notamment de saint Pothin, premier évêque, a été entretenu dans ce lieu par les sœurs visitandines qui s’y installent au XVIIe siècle. Après la Révolution, un hôpital s’y ouvre, ce qui n’empêche pas la réalisation des mosaïques fin XIXe, l’endroit étant toujours considéré comme lié aux martyrs. À la fermeture de l’hôpital en 2003, on redécouvre l’intérêt de ces mosaïques abimées, la crypte était devenue un lieu de stockage ! Une association se lance dans de grands travaux de rénovation qui vont durer dix ans. Aujourd’hui, l’Antiquaille est devenu un espace culturel qui retrace l’histoire du christianisme et accueille des expositions temporaires.
Pourquoi faut-il aller voir ces mosaïques ?
Car elles sont uniques au monde ! Autant pour ce qu’elles représentent que pour leur restauration. Elles permettent de comprendre facilement l’histoire de la foi chrétienne de ces 48 martyrs, fondateurs de l’Église de Gaule et donc de France. Comme une bande dessinée… mais faite d’or et de carmin ! La restauration est unique car les monuments historiques ont donné l’autorisation de combler les lacunes et les manques avec des tesselles neuves. Grâce à la tradition artisanale italienne, nous avons pu retrouver le fournisseur de l’époque, et donc la même matière première. Le résultat est superbe !
LE CHEMIN DE LA PERFECTION DE SAINTE THÉRÈSE D’AVILA
« Que ton nom soit sanctifié. Que ton règne vienne. »
Quelle est la personne, pour étourdie qu’elle soit, qui, lorsqu’elle sollicite un personnage important, ne réfléchit d’avance à la façon de présenter sa requête, de manière à lui être agréable et à ne pas l’importuner, se rappelant l’objet de sa requête, les raisons qui la motivent, en particulier si elle demande quelque chose d’aussi important que celle que notre bon Jésus nous apprend à demander ? Cela me semble digne d’être considéré. Ne pourrais-tu, Seigneur, tout inclure en un seul mot, et dire : « Donne-nous, Père, ce qui nous convient ? » car rien de plus n’eût été, semble-t-il, nécessaire pour celui qui comprend tout.
Ô Sagesse éternelle ! Cela pouvait suffire entre toi et ton Père, c’est ainsi que tu l’as sollicité au Jardin des Oliviers : tu as exprimé ton amour et ta crainte, en te remettant à sa volonté ; mais nous ne sommes pas, Seigneur, tu le sais, aussi soumis que toi à la volonté de ton Père ; il fallait que nous sollicitions des choses remarquables pour prendre soin d’examiner si ce que nous demandions nous convient, et sinon, ne point le demander. Car nous sommes ainsi faits que si on ne nous donne pas ce que nous voulons, nous usons de notre libre arbitre pour refuser ce que nous offre le Seigneur; même lorsqu’il nous offre ce qu’il y a de meilleur, si ce n’est pas argent comptant, nous craignons de ne jamais nous enrichir.
Or le bon Jésus nous demande de dire ces mots, qui sollicitent la venue en nous du Royaume : Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Voyez ici, mes filles, la grande sagesse de notre Maître. Je considère que le moment est venu de comprendre que nous demandons ce royaume. Mais comme sa Majesté a vu que nous ne pouvions ni sanctifier, ni louer, ni exalter, ni glorifier ce saint nom du Père Éternel puisque notre petitesse nous empêche de le faire comme il se doit, sauf si sa Majesté y pourvoyait en nous donnant son royaume ici-bas, le bon Jésus a mis ces deux demandes côte à côte. Je veux vous dire ici ma pensée : pour que nous comprenions, mes filles, ce que nous demandons, il est important d’insister et de faire tout notre possible pour contenter celui qui peut nous l’accorder. Si mes considérations ne vous satisfont point, réfléchissez de votre côté, notre Maître nous le permet à condition de nous soumettre en tout aux enseignements de l’Église, comme je le fais ici.
Il me semble donc que l’excellence du royaume du ciel, c’est, entre autres, de ne plus faire cas des choses de la terre, c’est le calme et la gloire en nous-même, la joie de la joie de tous, une paix perpétuelle, une grande satisfaction intérieure de voir que tout le monde sanctifie et loue le Seigneur, et bénit son nom, sans que nul ne l’offense. Tout le monde l’aime, et l’âme elle-même ne sait que l’aimer, elle ne peut cesser de l’aimer, puisqu’elle le connaît. C’est ainsi que nous l’aimerions ici-bas, quoique moins parfaitement, et moins spontanément; mais nous l’aimerions autrement que nous ne l’aimons, si nous le connaissions.