Samedi 29 mai
Parole de Dieu : Marc 11,27-33
Commentaire :
Le chrétien n’est pas dans une logique « raisonnable » comme le reste du monde, il ne doit « pas avoir honte de vivre avec le scandale de la croix », a dit le pape François dans une homélie le 1er juin 2013, en évoquant aussi « le scandale de l’Incarnation ».
Le chrétien peut faire « toutes les œuvres sociales » possibles, jusqu’à provoquer l’admiration des autres : « Oh que c’est bien l’Église, que c’est beau les œuvres sociales que fait l’Église ! »… mais s’il explique qu’il agit ainsi « parce que ces personnes sont la chair du Christ, le scandale arrive », a fait observer le pape.
Pourtant, cette affirmation est le « point central » de l’action du chrétien, a-t-il rappelé : « l’Église n’est pas une organisation culturelle, religieuse, ni sociale; ce n’est pas cela. L’Église est la famille de Jésus. L’Église confesse que Jésus est le Fils de Dieu venu dans la chair. »
Il a dénoncé la tentation « séduisante » de « faire de bonnes choses sans le scandale du Verbe incarné, sans le scandale de la croix ». Sans l’incarnation du Verbe il manque le fondement de la foi : « c’est la vérité, c’est la révélation de Jésus. Cette présence de Jésus incarné. C’est l’essentiel ». Ce mystère ne peut « être supprimé ».
Mais le scandale de la croix attire la persécution du monde : dans l’Évangile du jour, les chefs des prêtres, les scribes et les anciens demandent à Jésus : « Par quelle autorité fais-tu cela ? » (Mc 11, 27-33). Jésus répond par une question : « Le baptême de Jean venait-il du ciel ou des hommes ? » et ne cède pas à leur « fausse curiosité » qui a pour but de lui « tendre un piège », a souligné le pape.
Pourquoi Jésus posait-il problème ? « Ce n’est pas parce qu’il faisait des miracles » ni parce qu’il prêchait la liberté du peuple, a répondu le pape. « Le problème qui scandalisait ces gens était que les démons criaient à Jésus : “Tu es le Fils de Dieu, tu es le Saint”. Cela est le point central ».
Comme cela est arrivé au Christ, le monde tend aussi des « pièges » aux chrétiens, pièges que le pape a traduit ainsi : « mais vous chrétiens, soyez un peu plus normaux, comme les autres personnes, raisonnables, ne soyez pas si rigides ». Derrière cette invitation, il y a celle de ne pas annoncer que « Dieu s’est fait homme », car « l’incarnation du Verbe est le scandale », a-t-il estimé.
Si les chrétiens deviennent « des chrétiens raisonnables, des chrétiens sociaux », il n’y aura « plus de martyrs ». Au contraire, s’ils affirment que « le Fils de Dieu est venu et s’est fait chair », s’ils prêchent « le scandale de la croix », « les persécutions viendront, la croix arrivera ».
En conclusion, le pape François a exhorté les fidèles à demander au Seigneur « de ne pas avoir honte de vivre avec ce scandale de la croix ». Il a invité à invoquer de Dieu la sagesse, pour « ne pas se laisser prendre au piège par l’esprit du monde qui fera toujours des propositions éduquées, des propositions civilisées, de bonnes propositions ». Mais ces propositions nient « le fait que le Verbe se soit incarné », un fait qui « scandalise » et « détruit l’œuvre du diable ». P.FB
Prière de saint Augustin sur la Trinité (conclusion du ch.28 du traité sur la Trinité)
Seigneur notre Dieu, nous croyons en vous, Père, Fils et Saint-Esprit. La vérité n’aurait pas dit : « Allez, baptisez toutes les nations au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit (Mt 28,19) », si vous n’étiez pas Trinité. D’autre part, la voix divine n’aurait pas dit : « Ecoute, Israël : le Seigneur ton Dieu est un Dieu un (Dt 6,4) », si, en même temps que Trinité, vous n’étiez un seul Seigneur Dieu. Et si vous, Dieu le Père, étiez tout à la fois Dieu le Père, et le Fils votre Verbe Jésus-Christ et votre Don le Saint-Esprit, nous ne lirions pas dans les lettres de vérité : « Dieu a envoyé son Fils (Ga 4,4 Jn 3,17) » ; et vous, ô Fils unique, vous n’auriez pas dit du Saint-Esprit : « Celui que le Père enverra en mon nom (Jn 14,26) », et encore : « Celui que je vous enverrai du Père (Jn 15,26) ». Dirigeant mon intention sur cette règle de foi, je vous ai cherché, autant que je l’ai pu ; autant que vous m’avez donné de le pouvoir, j’ai désiré voir des yeux de l’intelligence, ce que je croyais ; j’ai discuté longuement, j’ai pris bien de la peine, Seigneur mon Dieu, mon unique espérance, exaucez-moi ; ne souffrez pas que la fatigue m’empêche de vous (572) chercher ; faites au contraire que je cherche toujours votre présence avec ardeur (Ps 104,4). Donnez-moi la force de vous chercher, vous qui m’avez fait vous trouver et m’avez donné l’espoir de vous trouver de plus en plus.
Devant vous est ma force et ma faiblesse ; conservez l’une, guérissez l’autre. Devant vous est ma science et mon ignorance ; là où vous m’avez ouvert la porte, laissez-moi entrer, là où vous me l’avez fermée, ouvrez-moi quand je frappe ; que je me souvienne de vous, que je vous comprenne, que je vous aime. Augmentez en moi ces deux choses, jusqu’à ce que vous m’ayez réformé en entier. Je sais qu’il est écrit : « Tu n’échapperas pas au péché dans « l’abondance des paroles () ». Mais plût au ciel que je n’ouvrisse la bouche que pour prêcher votre parole et chanter vos louanges ! Non-seulement j’éviterais le péché, mais j’acquerrais de précieux mérites, même dans l’abondance des paroles. Car cet homme que vous avez béatifié n’aurait jamais voulu conseiller le mal au fils qu’il avait enfanté dans la foi et à qui il écrivait : « Annonce la parole, insiste à temps et à contre-temps (2Tm 4,2) ». Faut-il dire qu’on ne peut accuser d’avoir trop parlé celui qui annonçait votre parole, Seigneur, non-seulement à temps, mais encore à contre-temps ? Il n’y avait rien de trop, puisqu’il n’y avait que le nécessaire.
Délivrez-moi, Seigneur, de l’abondance des paroles que je subis à l’intérieur, dans mon âme si misérable à vos yeux, mais cherchant refuge dans le sein de votre miséricorde. Car, quand ma bouche se tait, ma pensée ne reste pas en silence. Si, du moins, je ne pensais qu’à ce qui vous est agréable, je ne vous prierais pas de me délivrer de l’abondance des paroles. Mais beaucoup de mes pensées, telles que vous les connaissez, sont des pensées d’homme, puisqu’elles sont vaines (Ps 94,11). Faites-moi la grâce de n’y pas consentir, de les réprouver même quand elles me font plaisir et de ne pas m’y appesantir dans une espèce de sommeil. Et qu’elles ne prennent jamais sur moi assez d’empire, pour exercer quelque influence sur mes actions ; mais que, sous votre sauvegarde, mon jugement soit en sécurité et ma conscience à l’abri. Un sage, parlant de vous dans son livre intitulé l’Ecclésiastique, a dit : « Nous multiplions les paroles, et nous n’aboutissons pas ; mais tout se résume en un mot : Il est lui-même tout (Si 43,29) ».
Quand donc nous serons parvenus jusqu’à vous, « ces paroles que nous multiplions sans aboutir », cesseront, et vous serez seul à jamais tout en tous (1Co 15,28) ; et nous tiendrons sans fin un seul langage, vous louant tous ensemble, et unis tous en vous. Seigneur Dieu un, Dieu Trinité, que vos fidèles admettent tout ce qui m’est venu de vous dans ces livres ; et, s’il y a quelque chose de mon propre fond, pardonnez-le-moi, vous et les vôtres. Amen!