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Lundi 19 avril

Parole de Dieu du jour : Jean 6,22-29

Commentaire

À la fin de la semaine dernière, nous avons entendu un épisode important du ministère de Jésus, dans l’évangile de saint Jean, la multiplication des pains. Toute cette semaine nous entendrons les suites de cet épisode, la longue discussion de Jésus avec les foules sur le « pain de vie ». Jésus part de ce pain, matériel, pour conduire ses auditeurs vers une attention à ce qu’il y a de plus élevé, le pain eucharistique, sa vie qu’il nous donne. Tout au long de cette discussion, Jésus les bouscule, il veut les emmener plus loin. Aujourd’hui, il ne s’agit pas simplement de chercher le pain qui nourrit le corps, mais la nourriture qui conduit à la vie éternelle. C’est une belle question qui peut nourrir ma journée. Je travaille pour gagner mon pain quotidien. Mais que ferai-je aujourd’hui pour trouver la nourriture de l’âme, celle que Jésus veut me donner et qui demeure pour la vie éternelle ? Comment cette attention à Jésus sera-t-elle présente dans ma vie, tout au long de cette semaine ?

                                                                                                              Père Alain de Boudemange

Prendre soin de son âme, les conseils de trois vieux moines :

Envie de ne rien faire ? Une fatigue mélangée à une tristesse profonde ? C’est peut-être « l’acédie« , un mal spirituel qui peut toucher chaque chrétien, qui vous gagne. Voici les conseils de trois grands moines qui l’ont vécu… et l’ont surmonté.

Un étrange état d’âme, une sorte de tristesse et de mélancolie frappait les premiers moines chrétiens, ceux qui avaient choisi de se réfugier dans le désert pour vivre plus intensément, dans la solitude ou en petites communautés, leur idéal de perfection spirituelle. Ces hommes étaient parfois touchés par un malaise qui les rendait à la fois inquiets, insatisfaits, tristes et fatigués. Un mal appelé par l’Église « acédie » . Un syndrome d’anxiété et de dépression, dirait-on aujourd’hui. Ce mal de vivre pouvait prendre alors différentes formes : irritation vis-à-vis des confrères et de la vie monastique, manque de concentration dans la lecture et la prière, grande fatigue, faim et sommeil soudains, envie de nouveauté, désir incontrôlable d’être ailleurs. Le « démon de l’acédie, qu’on appelle aussi démon de midi, est le plus pesant de tous les démons », avertit Évagre le Pontique, moine du IVᵉ siècle ayant vécu dans le désert égyptien : 

« Il attaque le moine vers la quatrième heure, et l’assiège jusque vers la huitième. Il commence par lui donner l’impression que le soleil est bien lent dans sa course, ou même immobile, et que le jour a cinquante heures. Puis il le pousse à regarder sans cesse par la fenêtre, le jette hors de sa cellule pour examiner le soleil et voir si la huitième heure approche, enfin l’incite à jeter les yeux de tous côtés, espérant la visite d’un frère. Il lui fait prendre en haine l’endroit où il se trouve, son genre de vie, le travail des mains ; il lui suggère qu’il n’y a plus d’amour parmi les frères, qu’il ne peut compter sur aucun…» 

L’acédie est une sorte de torpeur qui paralyse la foi et doit être combattue. Oui, mais comment ? Quelques pistes avec ces trois grands moines qui ont combattu l’acédie qui peut perturber insidieusement la vie psychique de chaque chrétien : 

Saint Antoine le Grand : Où que tu ailles, aie toujours Dieu devant les yeux. Ascète et ivre de Dieu, comme de nombreux anachorètes aux premiers siècles du christianisme, saint Antoine le Grand (vers 251‑356) se retire dans le désert pour trouver dans le silence et la solitude les conditions idéales d’union à Dieu. Comme le Christ, c’est donc au désert qu’Antoine éprouve sa foi. Malgré le sentiment d’épuisement psychique, même de folie qui le traverse, il décide de résister aux visions imposées par Satan : « Je vis tous les filets du diable déployés sur la terre ». 

Ce dernier s’efforce à le distraire de ses prières en le poussant à renoncer en esprit au jeûne auquel il s’astreint et, en rêve, à se vautrer dans la goinfrerie… Il comprend alors que l’ascèse ne doit jamais être considérée comme une fin en soi. C’est le Christ qui, vivant lui, est vainqueur des tentations, c’est le Christ qui agit en lui quand il chasse les démons. Le salut vient de Dieu. Comme il l’explique lui-même en donnant ce conseil précieux : 

« Garde ce que je te commande : où que tu ailles, aie toujours Dieu devant les yeux ; quoi que tu fasses, aie le témoignage des Saintes Écritures ; et en quelque lieu que tu te tiennes, n’en bouge pas facilement. Garde ces trois choses et tu seras sauvé ».

Saint Pierre Damien : Que la charité enflamme ton enthousiasme ! Moine-ermite camaldule, Pierre Damien (1007-1072) se voue très jeune à la prière, à l’ascèse et à l’étude des Saintes Ecritures, à la contemplation ainsi qu’à la prédication. Nommé prieur à Font Avellane (Ombrie), il est en relation avec les grands monastères de son époque, comme Cluny ou le Mont-Cassin. 

Dans ses nombreux ouvrages qui ont fait de lui un docteur de l’Église, Pierre Damien insiste sur certaines manifestations du mal. Frappé lui-même par la somnolence durant la lecture, il décrit cette « inévitable lourdeur des paupières à laquelle même un saint de grand tempérament n’arrive pas à résister ». Pour lui, le remède se trouve dans la charité qui conduit à la vraie joie :

« Que l’espérance te conduise vers la joie ! Que la charité enflamme ton enthousiasme ! et que dans cette ivresse, ton âme oublie qu’elle souffre, pour s’épanouir en se dirigeant vers ce qu’elle contemple au-dedans d’elle-même ». 

 

Saint Romuald : Il n’est d’autre repos que le repos éternel. Moine fondateur de l’ordre camaldule, celui que l’on connaît comme étant le dernier des Pères du désert, saint Romuald de Ravenne (vers 950 – 1027) a reconnu souffrir d’acédie. Celle-ci se manifestait notamment pendant l’apprentissage par cœur des Psaumes. Face à la rébellion du corps contre les contraintes de la vie monacale qu’il subissait, il répétait qu’il ne fallait pas céder mais au contraire augmenter les veilles, les prières et les jeûnes. Pour lui, le moine laborieux doit se souvenir qu’il n’est d’autre repos que le repos éternel. Puisque les heures du matin sont celles où l’acédie se manifeste le plus fréquemment, il faut alors les occuper par la prière.