Lien hebdomadaire paroissial

Dimanche 22 novembre

Parole de Dieu de ce dimanche

  • Ezechiel 34,11-12.15-17
  • Psaume 22
  • Première lettre de Paul aux Corinthiens 15,20-26.28
  • Evangile selon saint Matthieu 25,31-46

COMMENTAIRE

Chers paroissiens


En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous célébrons la solennité du Christ Roi de l’univers. Sa royauté est une royauté d’orientation, de service, et aussi une royauté qui s’affirmera, à la fin des temps, comme jugement. Aujourd’hui, nous avons devant nous le Christ comme roi, pasteur et juge, qui montre les critères d’appartenance au Royaume de Dieu. Voilà les critères.

La page évangélique s’ouvre par une vision grandiose. S’adressant à ses disciples, Jésus dit: «Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire» (Mt 25, 31). Il s’agit de l’introduction solennelle du récit du jugement universel. Après avoir vécu l’existence terrestre dans l’humilité et la pauvreté (nous pouvons une nouvelle fois relire le discours des Béatitudes Matthieu 5), après avoir appelé ces disciples à cette même humilité, Jésus apparaît à présent dans la gloire divine qui lui appartient, entouré par des foules d’anges. L’humanité tout entière est convoquée devant lui et il exerce son autorité en séparant les uns et les autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres.


A ceux qu’il a placés à sa droite, il dit: «Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir» (vv. 34-36). Les justes sont surpris parce qu’ils ne se rappellent pas avoir jamais rencontré Jésus, et encore moins l’avoir aidé de
cette façon; mais lui déclare: «Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (v. 40). Cette parole ne finit jamais de nous frapper, parce qu’elle nous révèle à quel point arrive l’amour de Dieu: au point de s’identifier à nous, mais pas quand nous allons bien, quand nous sommes en bonne santé et heureux, non, mais quand nous sommes dans le besoin. Et c’est de cette façon cachée qu’il se laisse rencontrer, qu’il nous tend la main en tant que mendiant. Jésus révèle ainsi le critère décisif de son jugement, c’est-à-dire l’amour concret pour le prochain en difficulté. Et ainsi se révèle le pouvoir de l’amour, de la royauté de Dieu: solidaire avec qui souffre pour susciter partout des attitudes et des œuvres de miséricorde.


La parabole du jugement se poursuit en présentant le roi qui éloigne de lui, ceux qui, durant leur vie, ne se sont pas préoccupés des besoins de leurs frères. Dans ce cas aussi, ceux-là sont surpris et demandent: «Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou prisonnier, et de ne te point secourir?» (v. 44). Sous-entendu: «Si nous t’avions vu, nous t’aurions sûrement aidé!». Mais le roi répondra: «Dans la mesure où vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait» (v. 45). A la fin de notre vie, nous serons jugés sur l’amour, c’est-à-dire sur notre engagement concret à aimer et à servir Jésus dans nos frères les plus petits et le plus dans le besoin. Ce mendiant, ce nécessiteux qui tend la main est Jésus; ce malade que je dois visiter est Jésus; ce prisonnier est Jésus; cet affamé est Jésus. Pensons à cela.


Jésus viendra à la fin des temps pour juger toutes les nations, mais il vient à nous chaque jour, de tant de façons, et nous demande de l’accueillir. Que la Vierge Marie nous aide à le rencontrer et à le recevoir dans sa Parole, et dans le même temps dans nos frères et sœurs qui souffrent de la faim, de la maladie, de l’oppression, de l’injustice. Puissent nos cœurs l’accueillir dans l’ aujourd’hui de notre vie, afin que nous soyons accueillis par Lui dans l’éternité de son Royaume de lumière et de paix.


Père Frédéric Benoist, curé de la paroisse.

Lettre de saint Paul aux confinés qui attendent le retour de la messe

Voici un étrange manuscrit. Pierre Durieux a imaginé la dernière épître (virtuelle) de saint Paul s’adressant du Ciel aux Gallo-romains éprouvés par l’épidémie et le confinement. En l’attente de la reprise de la messe, l’apôtre des nations propose de retrouver le chemin de l’adoration. Inspirant et exclusif.

Frères et soeurs, on me rapporte que vous vous sentez faibles… On me dit que la situation de votre pays est complexe en ce moment. Votre Église vient de demander à vos gouvernants s’il était possible de célébrer la messe, dans vos églises qui ne vous appartiennent plus depuis l’édit de séparation de l’an 1905 après la naissance du Christ. C’est ça ? Et vos autorités auraient refusé à votre Église la célébration des messes en raison des normes sanitaires, tout en permettant des moments de prière. C’est bien ça ! Comme cela risque de durer ou de se reproduire, vous me demandez mon avis… Tout cela est effroyablement compliqué pour moi qui suis un vieil homme… Mais puisque vous insistez, moi, Paul, j’écris ces mots de ma propre main.

Venez, adorez !


Comme je le disais à Tite (3, 1), « rappelle à tous qu’ils doivent être soumis aux gouvernants et aux autorités, qu’ils doivent leur obéir et être prêts à faire tout ce qui est bien ». Tant que vos évêques n’auront pas obtenu gain de cause pour célébrer la messe dans vos églises, mais tant que vous pouvez y prier, organisez donc des grands moments d’adoration ! Vous ne pouvez pas manger le corps du Christ mais vous pourrez ainsi Le déconfiner de son tabernacle et Le voir.

Vous vous préparerez ainsi à votre vie éternelle, comme l’a justement dit Jean : « Nous serons semblables à Lui, parce que nous Le verrons tel qu’Il est » (1 Jn 3, 2). Pour l’instant, regardez-Le donc, et configurez-vous à ce bout de pain descendu du Ciel, consacré, démuni et nourrissant.

Les canaux de la grâce


Le Conseil d’État vous a demandé de cocher, dans l’attestation de sortie, la mention « motif familial impérieux » pour aller prier dans votre lieu de culte. Rien n’est plus vrai : vous allez en effet rencontrer Dieu, votre Père, et Jésus, votre frère, sous le regard de votre mère, Marie, au beau milieu de la grande famille invisible des croyants, cette fraternité qui est la définition même de l’Église. Quant à l’adjectif « impérieux », il me rappelle le mot « commandement », dont le premier est justement… l’adoration !

Si donc, il advenait que des gens d’armes vous interrogent sur le chemin de votre paroisse, vous saurez, en vous expliquant, témoigner de votre foi. Ce ne sera peut-être pas simple ! Moi-même j’ai été conduit au tribunal, car on disait que « la manière dont cet individu incite les gens à adorer le Dieu unique est contraire à la loi » (Ac, 18, 13) ! Cela m’a valu bien des confinements à moi aussi, tant comme bourreau que comme prisonnier ! Quant à vous, vos confinements pourront se durcir encore beaucoup avant que vous ayez bouché les canaux de la grâce : « Notre homme extérieur dépérit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour » (2 Co 4, 16).

Tenez bon !


Bon courage mes amis : tenez bon, tenez ferme dans l’attente du prochain repas du Seigneur. Continuez à exprimer que vous en avez besoin ! Car votre faim de ce jour est aussi un témoignage. Dans l’invraisemblable débat sur les biens « essentiels » ou non, dites et redites que s’il n’y avait qu’un Bien absolument essentiel, même s’il ne se voit pas (2 Co 4, 18), c’est ici, c’est le Royaume, et c’est la messe ! Que votre chemin de Damas vous donne, comme moi, d’ouvrir les yeux ! Je me répète, mais si vous vous sentez faibles… c’est alors que vous êtes forts (2 Co 12, 10) !


Bon courage mes amis : tenez bon, tenez ferme dans l’attente du prochain repas du Seigneur. Continuez à
exprimer que vous en avez besoin ! Car votre faim de ce jour est aussi un témoignage. Dans
l’invraisemblable débat sur les biens « essentiels » ou non, dites et redites que s’il n’y avait qu’un Bien
absolument essentiel, même s’il ne se voit pas (2 Co 4, 18), c’est ici, c’est le Royaume, et c’est la messe !
Que votre chemin de Damas vous donne, comme moi, d’ouvrir les yeux ! Je me répète, mais si vous vous
sentez faibles… c’est alors que vous êtes forts (2 Co 12, 10) !