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Mardi 8 juin

Parole de Dieu : 2 Corinthiens 1,18-22

Commentaire

Dieu n’est pas seulement invoqué comme témoin, mais sa fidélité préservé Paul de tomber dans la confusion du Oui et du Non. Paul fait appel au Christ tel qu’il l’a toujours annoncé. En lui il n’y a ni balancement, ni confusion, ni hésitation entre Oui et Non. Il n’est que lumière, comme le proclament aussi les autres apôtres : 1 Jean 1,5 et Jacques 1,17.

Parce que les promesses de Dieu ont trouvé en la personne de Jésus leur OUI, on peut compter avec certitude sur la fidélité de Dieu. Il ne s’agit donc pas de considérer les promesses de Dieu comme obsolètes parce qu’elles sont « accomplies » en Christ. Mais bien au contraire leur accomplissement en Christ les remet en vigueur d’une façon nouvelle. Elles demandent à être acceptées comme plus sûres et certaines que tout ce qui se présente comme « la réalité ».

Puisqu’en Dieu il n’y a que le OUI, il n’y a pas de choix à faire. Le « AMEN » des humains ne peut être que leur seule bonne réponse. Le AMEN des croyants (c’est à dire de l’Église) est le AMEN que le Dieu de grâce attend du monde entier. ET C’est ainsi, comme le dit l’évangile de Matthieu de ce jour, Matthieu 5, 13-16, que nous sommes sel de la terre et lumière du monde.

Pour sortir de la crise, si nous parions sur l’Esprit saint ?

le respect dû à la Création et reprendra goût au soin de cultiver son âme en Seule l’écoute de l’Esprit saint nous rendra capables de résoudre la crise multidimensionnelle que nous traversons, à la fois sociale et écologique, mais d’abord spirituelle. Telle est la thèse du théologien William Clapier dans son ouvrage : « L’Esprit ce grand oublié (Salvator)

Malgré les multiples aspects objectifs qu’elle présente (écologique, économique, social, anthropologique, etc.), la crise que nous traversons actuellement est avant tout de nature spirituelle. L’homme semble vouloir fuir son intériorité et accepter l’idée que le bonheur se trouve dans les biens proposés par la société marchande. Les appâts du consumérisme, munis de la force de frappe du marketing, n’ont aucune peine à nous persuader que le bonheur est à portée de « clic » et de notre carte bleue. Face à ce rouleau compresseur subliminal, l’homme postmoderne est bien désarmé. Ayant fait l’impasse sur la culture de son âme, il est devenu une proie facile pour toutes les sollicitations de l’économie de la convoitise. Celle-ci s’accommode très bien d’un individu déstructuré, dévasté dans son intériorité et pauvre en relations interpersonnelles. Car les premiers alliés du consumérisme sont l’individualisme et le matérialisme rampant. 

L’Esprit saint, premier soutien de notre intériorité spirituelle : Or, cette déstructuration intérieure n’impacte pas seulement les monades individuelles que sont devenus les membres de la société de consommation. Elle se répercute également au niveau des réalités extérieures : économie, écologie, inégalités sociales qui explosent, repliements sectaires. Alors, que faire ? Qu’opposer à la raison instrumentale, technocratique, à l’idolâtrie du bonheur quantifiable et au repli sur soi ou sur sa communauté ? Tout simplement l’Esprit de Dieu ! Lui seul nous extirpera de cette nasse à la fois matérielle, idéologique et sociétale en déblayant le chemin du retour vers nous-mêmes — chemin obstrué par tant de chicanes, de guet-apens et de sirènes de tout acabit. Seule la voie de l’Esprit est en mesure de rendre à l’homme son intégrité de créature spirituelle. Et cet appel à l’Esprit transcende le niveau de nos individualités mais concerne également les réalités extérieures évoquées plus haut. La crise de l’esprit impacte en effet les équilibres écologiques qui, à leur tour, influent sur le domaine social. Si nous ne nous ressaisissons pas, à la crise écologique s’ajoutera une crise sociale parce que « tout est lié », ainsi que l’affirme le pape François à la suite de l’encyclique Laudato si’.

 Une opportunité pour redécouvrir l’Esprit Saint : Aussi la crise multidimensionnelle que nous traversons représente-t-elle une opportunité pour redécouvrir l’Esprit. Les défis qui nous attendent sont d’une ampleur trop importante pour qu’une réponse politique suffise. Seule une mobilisation éthique et spirituelle est à la hauteur de la gravité de la situation. C’est pourquoi les chrétiens ne doivent pas avoir peur d’en appeler à l’Esprit saint. À son école, l’homme, ballotté à tous les vents de la convoitise, prendra conscience du simple bonheur d’exister, renouera avec le respect dû à la Création et reprendra goût au soin de cultiver son âme en interdépendance avec ses semblables, en Église ou au sein de groupes d’entraide. La solution aux maux actuels ne se trouve pas seulement dans la militance, mais aussi dans le retour vers soi et dans l’écoute de l’Esprit, plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes !

LETTRE DE SAINT IGNACE D’ANTIOCHE AUX ROMAINS

« Avec le Christ, je suis fixé à la croix »

Ni les plaisirs du monde ni les royaumes de ce siècle ne me serviront de rien. Plutôt que de régner sur la terre entière, il est bon pour moi de rejoindre le Christ Jésus. Je le cherche, lui qui est mort pour nous ; je le désire, lui qui est ressuscité pour nous. Mon enfantement approche. Pardonnez-moi, mes frères, mais ne m’empêchez pas de vivre, ne cherchez pas à me faire mourir. Puisque je veux être à Dieu, ne me livrez pas au monde, ne m’égarez pas au moyen de la matière. Laissez-moi recevoir la pure lumière ; quand j’en serai arrivé là, je serai un homme. Permettez-moi d’imiter la passion de mon Dieu. Si quelqu’un a Dieu en lui, il pourra comprendre ce que je veux et il aura pitié de moi, connaissant ce qui fait mon angoisse.

Le prince de ce monde veut m’entraîner, et corrompre les sentiments que j’ai pour Dieu. Que personne donc, parmi vous qui êtes là, ne lui apporte du renfort ; soyez plutôt de mon parti, qui est celui de Dieu. Ne parlez pas de Jésus Christ, alors que vous désirez le monde. Que l’envie n’habite pas en vous. Quand je serai près de vous, et je vous implore, ne me croyez pas ; croyez plutôt ce que je vous écris. En effet, je vous écris alors que je suis vivant, mais en désirant mourir. Mon désir terrestre a été crucifié, et il n’y a plus en moi d’ardeur pour aimer la matière, mais une eau qui vit et qui parle, disant au fond de moi : « Viens vers le Père. » Je ne prends plus de plaisir à la nourriture périssable, ni aux plaisirs de cette vie. Je désire le pain de Dieu, qui est la chair de Jésus Christ, issu de David, et comme boisson je désire son sang, qui est la charité impérissable.

Je ne veux plus vivre comme les hommes. C’est ce qui se réalisera si vous le voulez. Je vous prie de le vouloir pour que, vous aussi vous rejoigniez le bon vouloir de Dieu. Je vous le demande par ces quelques lignes : croyez-moi ; Jésus Christ vous fera découvrir que je dis vrai ; il est la bouche exempte de mensonge par laquelle le Père a parlé en toute vérité. Demandez pour moi que je sois exaucé. Ce n’est pas selon la chair que je vous écris, mais selon la pensée de Dieu. Si je subis ma passion, vous m’aurez montré de la bienveillance ; si j’en suis exclu, vous m’aurez montré de la haine.

Souvenez-vous dans votre prière de l’Église de Syrie qui, au lieu de moi, a Dieu pour pasteur. Seul Jésus Christ, et aussi votre charité, la gouvernera en guise d’évêque. Pour moi, je rougis d’être compté parmi les évêques, car je n’en suis pas digne, étant le dernier d’entre eux et un avorton. Mais j’ai obtenu par miséricorde d’être quelqu’un, si je rejoins Dieu. Mon esprit vous salue, et aussi la charité des Églises qui m’ont accueilli au nom de Jésus Christ et non pas comme un étranger de passage. En effet, les Églises qui n’étaient pas sur ma route selon la chair allaient m’attendre de ville en ville.