La Messe, une explication

La messe, sacrement de l’Eucharistie, le très grand mystère !

Dans notre journal paroissial « Ensemble », nous avons pensé à une nouvelle rubrique, qui serait consacrée à la messe. Une première partie est parue dernièrement et ce sont les lignes ci-dessous. Elles se veulent une explication simple de la liturgie de la Messe. Bonne lecture ! Ces pages sont dues au Père Bruno Bouvier, curé de la paroisse.

Souvent, nous croyons voir ce qu’est la messe ou alors nous nous arrêtons sur nos difficultés, ou sur tel ou tel aspect ou partie de la messe. Nous voudrions en quelques pages présenter les différentes parties de la messe pour approfondir le grand mystère de la liturgie eucharistique.

Parfois, j’entends des personnes me dirent : « la messe, c’est toujours la même chose ! » Il est vrai que nous sommes dans une civilisation qui recherche la nouveauté, et pour autant nous savons que la répétition est nécessaire à l’apprentissage de nouvelles connaissances. Le « tout, tout de suite » de notre époque nous laisse un goût d’insatisfaction. Notre vie est pourtant faite de répétitions quotidiennes. Par exemple, nous nous levons tous les matins pour nous recoucher tous les soirs, ce qui pourrait paraître absurde. Mais entre le lever et le coucher nous savons que nous allons vivre une belle journée, avec de nombreuses découvertes et que nous serons enrichis à notre coucher.

Si l’Église célèbre jour après jour le sacrement de l’Eucharistie, c’est parce que Jésus lui en a donné l’ordre : « Faites cela en mémoire de moi ». Jésus donne peu de commandements. L’Évangile nous en rapporte trois : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé », « priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson » et celui de l’Eucharistie : « faites cela en mémoire de moi ! » Nous pouvons facilement faire le lien entre ces commandements et tous nous montrent l’importance de la messe.

Les Apôtres, au Cénacle, le Jeudi saint au soir, lors de l’institution du sacrement de l’Eucharistie, ont reçu cette parole ainsi que les gestes de Jésus comme un trésor à conserver. De fait, c’est l’ultime action de Jésus au milieu de ses apôtres, c’est le testament de celui qui va mourir. Et, comme tout testament, il n’a de valeur qu’une fois que celui qui l’a donné est mort. La particularité de l’Eucharistie est que Jésus qui est mort et aussi ressuscité au matin du troisième jour. Lui-même, au soir de Pâques, à Emmaüs a refait les gestes, l’action même de l’Eucharistie (voir Luc 24). C’est à la « fraction du pain » que les disciples d’Emmaüs reconnurent la présence même de Jésus.

Ces quelques éléments rapidement accumulés nous permettent d’entrer dans la beauté et la grandeur de la messe. Ce n’est pas une action que les hommes font pour Dieu, c’est d’abord une action que Dieu fait pour les hommes. Le Père a envoyé son Fils il y a 2000 ans qui s’est fait homme, Jésus, et encore aujourd’hui Jésus vient à nous dans le sacrement de l’Eucharistie.

Sa venue est environnée de rites et de symboles qu’il nous faut, avec humilité, essayer de décrypter pour mieux comprendre le sens même du culte dans la liturgie chrétienne. En 2000 ans la messe s’est enrichie de beaucoup de paroles et de gestes mais elle a gardé la même structure. Au cœur de ces rites divers, demeure le moment le plus important de l’Eucharistie : le moment de la consécration. C’est le sommet de la Messe. Lorsque le prêtre prononce les paroles même de Jésus « ceci est mon corps livré pour vous » et « ceci est la coupe de mon sang versé pour vous et pour la multitude » l’Eucharistie est réalité. Ce qui précède nous y préparent et ce qui suit en découle, particulièrement dans la communion eucharistique.

Lorsque l’on présente le sacrement de l’Eucharistie aux enfants dans la préparation à la première communion l’on essaye de montrer les deux parties de la messe : la liturgie de la parole et la liturgie de l’Eucharistie. Nous savons que chacune de ces deux parties peut aisément être divisée en deux parties avec une préparation et une action qui chacune peut aussi être distinguée en deux.

Voilà un petit tableau pour résumer :

Liturgie de la Parole

Liturgie de l’Eucharistie

Préparation

Action-Écoute

Préparation

Action-Offrande

Chant

Signe de croix

Salutation

Pénitence et Gloria

1°lecture

Psaume

2° lecture

Évangile

Homélie

Credo

Prière de l’assemblée

Offertoire

Quête

Prière sur les offrandes

Grande prière eucharistique

Notre Père

Communion

Bénédiction finale

Nous faisons avec vous, Lecteurs, le pari qu’en étudiant petit à petit chaque moment de la messe nous entrerons plus profondément dans un mystère qui nous dépasse, qui nous saisit, le mystère de l’amour de Dieu.

  1. L’entrée dans la messe

Après cette longue introduction, nous allons nous intéresser à la première partie de la messe que l’on appelle souvent « l’accueil » mais qui, en fait, est plus que cela. La messe commence par l’entrée dans le lieu de la célébration. L’église construite à la fois pour permettre le rassemblement des baptisés chaque Dimanche mais aussi la célébration des six autres sacrements et des autres liturgie non sacramentelles comme les funérailles, des bénédictions… Mais aussi l’église est le lieu de la présence de Jésus dans son Eucharistie conservée au tabernacle, la tente de la Rencontre.

En ouverture de la Messe, l’assemblée est invitée à chanter. Le chant a pour fonction de rassembler toute l’assemblée, de lui permettre d’être une en adressant à Dieu un chant approprié au dimanche ou à la fête célébrée. Le chant est adressé comme une louange au Père par le Fils dans l’Esprit Saint. Le chant est sans doute le sommet de ce que l’homme est capable de produire dans le domaine du beau, et aussi permet à tout le corps de se déployer. Chanter à la messe permet à notre corps et à notre cœur de s’unir. Ce que nous proférons par notre bouche doit être le jaillissement de notre cœur, mais en même temps, comme le dit l’Église dans un adage antique, il faut que notre cœur concorde avec ce que nous chantons. C’est ainsi que le chant d’entrée permet à notre cœur de s’accorder à la fête célébrée ou au dimanche célébré. Le chant a ainsi la fonction de nous faire entrer dans la beauté de ce que nous célébrons.

Après le chant d’entrée, le prêtre invite les fidèles à faire le signe de la croix. Le signe de croix du début de la messe rappelle notre baptême et nous permet de découvrir que ce que nous célébrons n’est rien moins que le mystère de la mort de Jésus-Christ. Dans le signe de croix se rencontre la mort de Jésus et la profession de notre foi en Dieu. La croix est pour les chrétiens à la fois le lieu de la souffrance extrême du Fils de Dieu qui s’est fait homme, mais aussi elle est « l’arbre de vie » (cf. Gn 3, 9. 24) duquel est cueilli le fruit qui donne la vie : le Corps et le Sang de Jésus. Jésus a livré son corps pour que les hommes aient la vie : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10,10).

Tracer sur tout son corps le signe de la croix est une manifestation de sa foi. « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » est ainsi la plus courte profession de foi que nous pouvons faire. « Au nom de Dieu qui est le Père et le Fils et le Saint-Esprit ». Nous croyons, chrétiens, en Dieu qui est Trinité, une communion d’amour. Cette communion d’amour, nous sommes invités à y participer depuis le jour de notre baptême et la célébration de l’Eucharistie est vraiment le moment où nous entrons dans la profondeur même de l’amour de Dieu.

Ensuite, le prêtre salue l’Assemblée en disant « Le Seigneur soit avec vous ». Cette salutation antique appelle la réponse des membres de l’Assemblée : « Et avec votre esprit ». Ainsi nous entrons dans ce qui fait la messe : un dialogue entre le prêtre et l’Église. Le prêtre représente Jésus-Christ et c’est pour cela qu’il revêt des habits liturgiques qui ne sont pas les habits de tous les jours. Le dialogue entre Jésus-Christ et son peuple ou, pour aller dans la mystique nuptiale, le dialogue entre l’Époux (le Christ) et son épouse (l’Église) permet la croissance de la vie chrétienne. Les réponses des fidèles aux paroles du prêtre sont très importantes. Souvent, elles sont un peu murmurées par les chrétiens alors qu’elles devraient être proclamées avec force. Saint Jérôme (au IV° siècle) raconte que, lorsqu’il a visité des communautés chrétiennes en Égypte, il a été stupéfait parce que, dans les églises, il entendait, nous dit-il, claquer les « Amen » comme des coups de tonnerre dans le ciel. Sans doute il est bon de réfléchir à notre manière de répondre aux paroles du prêtre et de pouvoir le faire à haute et intelligible voix.

  1. La préparation pénitentielle et le Gloria

Avant d’entrer plus avant dans la liturgie, il convient que chaque chrétien participant à l’Eucharistie puisse se reconnaître comme ayant besoin de la miséricorde de Dieu. De par notre péché nous sommes indignes de nous présenter en présence du Dieu trois fois saint. Pécheurs, dans la suite de la tradition liturgique juive, nous sommes invités à confesser notre péché. C’est en quelque sorte un sacrifice qui est offert à Dieu pour appeler sur nous sa miséricorde. Se reconnaître comme pécheur au début de la messe permet ainsi de recevoir la Miséricorde, Dieu qui lui-même veut nous sauver.

Trois formules s’offrent pour cela, soit la récitation du « Je confesse à Dieu », soit un petit dialogue pour demander la Miséricorde, soit alors une litanie dite ou chantée. Dans tous les cas le chant du « Kyrie eleison » ou « Seigneur prends pitié » a sa place dans ce rite. Le chant du Kyrie a une dimension trinitaire, nous nous adressons aux trois personnes de la Trinité. Au Père est donné le titre de « Seigneur », au Fils, « Christ » et à l’Esprit Saint, « Seigneur ». Dire ou chanter « Seigneur prends pitié », c’est reprendre l’expression de l’Evangile lors de nombreuses rencontres de pauvres avec Jésus. Ils se reconnaissaient comme pécheurs et appelaient ainsi sur eux la pitié de celui en qui ils croyaient, la miséricorde faite chair.

Après cette préparation pénitentielle, lorsque que cela est est prescrit, l’assemblée chante le « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ». C’est le texte liturgique le plus ancien que la liturgie actuelle possède. On en trouve le texte dans un écrit du II° siècle, Les constitutions apostoliques. Il est composé de nombreux verset bibliques et commence par le chant des anges au soir de la naissance de Jésus. Ce texte tout à fait singulier est une louange adressée à Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. Le chant du « Gloire à Dieu » est donc une hymne liturgique par laquelle l’Eglise qui est sur la terre s’unit au chant de l’Eglise du ciel. Chanter la louange de Dieu par des mots qui ne sont pas les nôtres mais ceux de l’Eglise manifeste le désir d’entrer toujours plus profondément dans la doxologie, c’est-à-dire la louange adressée à la gloire de notre Dieu.

Ensuite, prend place ce qu’on appelle communément « l’oraison d’ouverture » ou Collecte. Dans cette prière le prêtre demande à Dieu ce qui est bon pour le Peuple. Il invite à la prière les fidèles en disant ou chantant « Prions », ou « Prions le Seigneur ». Cette collecte est un texte bref mais d’une densité très grande. Chaque dimanche et même chaque jour de fête comporte une oraison particulière. Dans cette oraison nous trouvons une nourriture solide pour une méditation. Et en même temps, nous trouvons toute la sobriété de la liturgie romaine qui en peu de mots dit l’essentiel. L’élan et le mouvement de l’âme ne demande pas de longs développements. À la fin de cette oraison, pour ratifier l’oraison, le peuple est appelé à chanter ou à répondre « Amen ». Ces oraisons sont habituellement adressées au Père par le Fils dans l’Esprit Saint c’est ce que dit bien la conclusion : « par Jésus-Christ, ton Fils notre Seigneur et notre Dieu qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit maintenant et pour les siècles des siècles. Amen ». Il y a dans cette phrase conclusive une profondeur théologique qui indique ce qu’est la liturgie : une prière adressée au Père, par le Fils, dans l’Esprit Saint. Pour se préparer à la messe du Dimanche il est important de lire dans la semaine qui précède les lectures de la liturgie de la Parole mais aussi les trois oraisons : la collecte, l’oraison sur les offrandes et la prière après la communion (appelée communément la postcommunion). Ces trois oraisons disent, en quelques mots, ce que nous pouvons demander à Dieu et recevoir de Lui.

  1. La liturgie de la Parole

Lorsque Dieu donne son premier commandement, il dit à son peuple : « Ecoute Israël » (Dt 6). Depuis cette parole, dans la tradition juive comme dans la tradition chrétienne, la vie du fidèle exige l’écoute de la Parole de Dieu. Le psaume 94 le dit de manière très belle : « aujourd’hui si vous écoutez ma voix n’endurcissez pas votre cœur. »

Dans la messe, lorsque nous prenons le temps d’écouter les lectures de la Parole de Dieu c’est toujours pour réveiller notre foi. Avant d’agir nous écoutons la parole du Seigneur. Contrairement à la tradition protestante, pour nous, catholiques, la Parole de Dieu n’est pas un livre. La Bible en tant que tel que devient Parole de Dieu que lorsqu’elle est proclamée et écoutée dans la foi. Cela peut se faire dans une prière personnelle chez soi. Mais dans la liturgie de l’Eglise la lecture de l’Ecriture est réellement écoute de Dieu. Les Pères de l’Église ont développé la métaphore des « deux tables » : la table la Parole et la table de l’Eucharistie. Ainsi était manifestée l’importance de la nourriture du chrétien dans ses deux dimensions. Le Concile Vatican II a repris cette distinction pour maintenir l’unité fondamentale entre l’écoute de la Parole de Dieu et la célébration du sacrement de l’Eucharistie. Nous savons que dans la tradition catholique toute célébration d’un sacrement implique l’écoute de la Parole de Dieu qui fait un avec le geste et la parole sacramentelle.

La liturgie chrétienne est marquée par les usages juifs de la liturgie synagogale. A la synagogue l’écoute de la Torah, des Prophètes, occupe une grande part du culte. On lit avec attention les rouleaux des Ecritures et un Rabbin les commente. Dans l’Évangile on voit que Jésus lui-même à effectuer cette lecture et ce commentaire au début de son ministère à Nazareth (cf. Lc 4, 16-22).

Lors des travaux en vue de la réforme liturgique, promulguée en 1969, le Consilium dans sa réforme de la liturgie de l’Eucharistie, a voulu proposer une lecture suivie de la Bible répartie entre les lectures du dimanche et les lectures de la semaine. Chaque dimanche il est donné à entendre 3 lectures suivant un cycle A/B/C qui permet d’entendre un Evangéliste chaque année. L’année A est lu l’Evangile selon St Matthieu ; l’année B, St Marc ; l’année C, St Luc. L’Evangile selon St Jean lui est distribué au long des années.

Cette diversité de lecture à la messe peut paraître déroutante et un peu complexe. En fait, il faut savoir que la première lecture est toujours en rapport avec l’Évangile. Dans la préparation à la messe, personnelle ou communautaire, il est important de trouver cette relation entre ces deux lectures. Le Psaume qui est lu ou chanté permet de méditer la première lecture qui vient d’être proclamée et ouvre d’une certaine manière sur la deuxième lecture qui est globalement toujours tirée des lettres de St Paul ou d’autres Apôtres.

À la fin de chaque lecture nous sommes invités à répondre : « Nous rendons grâce à Dieu ». Cela peut paraître paradoxal parce que certaines lectures nous sont peut-être difficiles à entendre. Mais c’est notre manière de répondre à la Parole de Dieu et de ne pas être extérieur à ce qui est proclamé, mais d’entrer dans une intériorisation de ce qui a été lu.

L’Évangile est le sommet de la Liturgie de la Parole. Alors que les autres lectures sont écoutées dans la position assise, dans une attitude d’attention et en même temps de réception, lors de l’acclamation de l’Evangile, on se met debout, manifestant ainsi que nous sommes des chrétiens ressuscités qui allons rencontrer Jésus-Christ qui s’est relevé d’entre les morts. De manière solennelle le prêtre appelle l’attention des fidèles en disant « Le Seigneur soit avec vous » et les fidèles répondent à haute et intelligible voix « Et avec votre esprit » et le prêtre proclame « Evangile de Jésus-Christ selon St … » Nous commençons l’écoute de l’Évangile en nous marquant de trois croix : une sur le front, pour demander que notre intelligence soit ouverte à cette Parole, une sur nos lèvres pour que nos lèvres puissent proclamer la Bonne Nouvelle et une sur notre cœur manifestant que nous voulons que la Parole de Dieu entre en nous-mêmes pour nous transformer.

A la fin de l’Évangile le prêtre dit ou chante : « Acclamons la Parole de Dieu. » On répond « Louange à Toi Seigneur Jésus. » Dans la foi chrétienne la Parole de Dieu c’est Jésus-Christ, et c’est toujours Lui qui nous parle dans les lectures. Comme chrétiens, nous ne croyons pas et nous sommes pas une « religion du livre », mais nous sommes la religion formée par la Parole de Dieu, le Verbe du Père qui s’est fait homme.

À la suite de toutes ces lectures, le prêtre est invité à faire l’homélie. Homelia, en grec, veut dire originellement discussion. Depuis de nombreux siècles elle est l’exposition spirituelle de ce qui a été lu, une explication et une application à notre vie quotidienne suivant le temps de l’année liturgique, ou suivant tel ou tel événement, tel moment de la vie de l’Eglise. L’homélie actualise la Parole de Dieu pour la vie chrétienne en notre temps. L’homélie veut ainsi présenter les aspects les plus importants des lectures. L’Eglise invite le prêtre en prêchant à donner des éléments de catéchèse pour permettre ainsi un approfondissement de la foi personnelle. L’homélie ouvre aussi la transition entre la liturgie de la Parole et ce qui suit, la liturgie eucharistique.

 

  1. La Profession de foi et la Prière Universelle

Après avoir écouté la Parole de Dieu, les fidèles sont invités à Lui répondre. Ils le font dans la Profession de foi et la Prière Universelle. Pour professer la foi de l’Eglise, les fidèles sont invités à redire le Symbole de Nicée-Constantinople, le Credo le plus ancien que l’Église possède puisqu’il a été promulgué lors du concile de Nicée en 325 et complété par le concile de Constantinople en 381. Le centre de ce grand Credo est l’affirmation que Jésus est bien Dieu né de Dieu, le Fils du Père éternel qui s’est fait homme de la Vierge Marie. Proclamer le Credo en assemblée chrétienne c’est augmenter sa foi dans une affirmation communautaire. Ainsi grandit une relation nouvelle avec le Christ Fils du Père qui envoie l’Esprit Saint. Le Credo est de composition trinitaire et il norme notre foi chrétienne. Il dit ce que l’Eglise croit et donne à notre foi de devenir toujours plus ecclésiale. Tout ce qu’un chrétien croit n’est pas inscrit dans le Credo, mais tout chrétien doit croire ce qui est inscrit dans ce texte vénérable. Depuis la réforme liturgique, il est possible de dire le « Symbole des Apôtres ». Ce « petit Credo » existe en cette forme depuis le VIII° siècle et servait plus à la dévotion privée. Il est composé des trois questions de la profession de foi que nous entendons lors des baptêmes, questions auxquelles les catéchumènes où les parents du bébé à baptiser répondent : « Je crois ». On lui a donné ce nom de « Symbole des Apôtres » parce-que composé de douze articles qui selon la tradition auraient été écrit par chacun des Apôtres. Comme le disent les Italiens : « si ce n’est pas vrai, c’est bien trouvé !! »

  1. La Liturgique Eucharistique

Nous voici devant le grand porche de l’Eucharistie. Nous avons déjà passé la porte de l’église, nous sommes entrés dans la maison de Dieu et, ensuite, nous avons passé la porte du pardon, puis nous avons passé la porte de la Parole de Dieu, et nous arrivons maintenant devant le tympan magnifique de l’Eucharistie. Cette progression dans la messe nous permet d’accéder au grand mystère célébré, le mystère de la mort et de la résurrection du Christ. Chaque dimanche, le Jour du Seigneur, l’Eglise se rassemble pour écouter la Parole de Dieu, certes, mais avant tout pour célébrer la résurrection du Christ dans le sacrement que Jésus a institué le Jeudi Saint, au Cénacle, pour donner d’y participer par le sacrement de son corps et le son sang.

L’offertoire

Une église est composée de différents lieux et tous sont importants et permet d’entrer dans ce qui se passe. La liturgie de la Parole a lieu à « l’ambon », le « lieu élevé » où les lectures sont proclamées. À la fin de la prière universelle le lieu central devient l’autel. Déjà dans l’Ancien Testament, Dieu demande à son peuple de construire un autel de pierre pour y offrir les sacrifices. Dans les temples païens, l’autel est placé à l’extérieur du temple, visible par tous. A l’intérieur des temples se trouve la statue de la divinité et le peuple n’y a pas accès. Au temple de Jérusalem l’on retrouve cela, le « Saint des saints », le lieu où se trouve l’Arche d’Alliance, est clos et le grand-prêtre ne peut y entrer qu’une fois par an pour présenter le sang de l’oblation en vue de la rémission des péchés du peuple.

Dans la tradition chrétienne le culte se passe à l’intérieur de l’édifice et l’autel est le point central de l’église. Liturgiquement, il est demandé que l’autel soit édifié en pierre. Sa forme est celui d’un tombeau sarcophage, manifestant que c’est sur le tombeau du Ressuscité que l’on célèbre le sacrement de sa Mort et de sa Résurrection. L’autel est consacré par un Evêque lors de la liturgie de la Dédicace d’un autel. Marqué par 5 Croix, représentant les cinq plaies du Christ, il est alors enduit de Saint Chrême et enflammé par de l’encens pour sa consécration. Il devient ainsi le lieu saint pour célébrer l’Eucharistie du Seigneur. Il devient le Christ au milieu de son Eglise. Et c’est le lieu saint de la Messe.

Au moment de l’offertoire, le prêtre monte à l’autel pour y recevoir le pain et le vin qu’il dispose sur l’autel. Dans la dernière réforme liturgique, il a été voulu que ce temps soit appelé la « présentation des dons ». Ce changement de nom, passage de l’offertorium à praesentatio donorum révèle une volonté de changement de paradigme. La Messe, traditionnellement, est comprise comme la célébration du sacrifice du Christ. Pour les liturgistes de cette époque, elle est alors vue avant tout comme un repas sacré. C’est une ligne d’interprétation qui voit la messe avant tout comme un partage de pain pour que le Christ se donne. La Cène prend la place de la Messe offrande du sacrifice du Christ.

Ce courant (proche du protestantisme) semble ne pas tenir compte de la Tradition qui a toujours vu dans l’offertoire un moment d’offrande. Les fidèles s’unissent à ce que fait le prêtre. Le prêtre offre le pain et le vin comme le signe même du tout le travail des hommes. Ce pain et ce vin deviendront le Corps et le Sang du Christ dans la consécration. Cela implique que l’homme entre dans un mouvement d’offrande de sa vie à Dieu. St Paul dans l’épître aux Romains écrit : « Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte » (Rm 12, 1). Chaque dimanche, les chrétiens sont ainsi invités à offrir leur travail de la semaine, leur vie concrète. La quête qui a lieu à ce moment-là exprime cela. En déposant de l’argent dans les paniers, ce qui permet la vie de la paroisse, les fidèles signifient qu’ils déposent à l’autel leurs vies pour que le Christ les prenne et les transforme en une vie nouvelle. Tout ce que l’homme fait de bon est appelé à devenir sacrifice en l’honneur de notre Seigneur vivant. L’offertoire est donc ce moment important qui fait transition entre la liturgie de la Parole et l’Eucharistie de Jésus. L’offertoire introduit chaque baptisé dans l’unique offrande du Christ.

Dans l’antiquité les chrétiens apportaient à ce moment des pains spéciaux pour l’Eucharistie et des fioles de vin. Le prêtre en prenait ce qui était nécessaire pour la messe et le reste était destiné aux pauvres. Ce mouvement de déposer à l’autel est exprimé dans de nombreuses « oraisons sur les offrandes » qui synthétisent le sens de l’offertoire. Par exemple : « Confiants dans ton amour, Seigneur, nous venons à ton autel avec nos offrandes : puissions-nous, par un effet de ta grâce, être purifiés dans l’eucharistie que nous célébrons » (9° Dimanche du temps ordinaire) ou encore : « C’est toi qui nous donnes, Seigneur, ce que nous t’offrons, pourtant tu vois dans notre offrande un geste d’amour ; aussi nous te prions avec confiance : puisque tes dons sont notre propre valeur, qu’ils fructifient pour nous en bonheur éternel » (8° Dimanche du temps ordinaire). L’Eglise nous invite donc vivre intérieurement l’offertoire. Dans la préparation personnelle de la messe, il est bon de lire et de méditer les « oraisons sur les offrandes » qui concluent cette partie de la messe et ouvre sur la Prière eucharistique.

 

à suivre…