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Mardi 23 février

Commentaire :


Pour faire comprendre son discours sur l’efficacité de la parole de Dieu, Isaïe emploie une image, celle de la pluie. Dans un pays gorgé de soleil, comme est Israël ou comme est Babylone, c’est-à-dire qu’il ne demande qu’à refleurir dès la première pluie, cette comparaison est particulièrement parlante : « La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, pour donner la semence au semeur et le pain à celui qui mange… ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission. »



Je m’arrête sur ce mot de mission : Isaïe avait compris une chose, c’est que la grande particularité de la parole de Dieu est d’être une parole de pardon et de réconciliation. Je vous lis les versets qui précèdent tout juste notre texte d’aujourd’hui : « Recherchez le Seigneur parce qu’il se laisse trouver, appelez-le puisqu’il est proche. Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme malfaisant, ses pensées. Qu’il retourne vers le Seigneur qui lui manifestera sa tendresse, vers notre Dieu qui pardonne abondamment. CAR vos pensées ne sont pas mes pensées… » (Is 55, 6-9). La mission dont il est question dans le passage d’aujourd’hui (« ma parole ne me reviendra pas sans avoir accompli sa mission ») est donc une mission d’annonce du pardon gratuit de Dieu, et donc de réconciliation de l’humanité avec lui : Traduisez : Dieu finira bien par réconcilier l’humanité avec lui. Plus tard, Saint Paul ne dira pas autre chose : « Dieu notre sauveur, veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (1 Tm 2, 4).

Une montée vers Pâques… avec Charles de Foucauld (1/5) :

Comment vivre le Carême comme un chemin de vraie conversion ? Suivez ces saints, les imitateurs du Christ, pour redécouvrir Dieu et le vrai sens de la montée vers la lumière de Pâques. Cette première semaine du Carême, Charles de Foucauld vous donne un conseil indispensable.

En se retirant du monde pour aller vivre dans le désert, Charles de Foucauld est un modèle de converti. Avec ce religieux français bientôt canonisé, on retrouve le sens profond du Carême, qui est un chemin de vraie conversion. Et si celui-ci dure quarante jours, c’est pour profiter de cette durée pour s’unir au Seigneur qui a passé autant de temps seul dans le désert. Cette solitude-là, Charles de Foucauld ne l’a connue que trop bien : ermite du Sahara brûlant, il est un homme d’aventure et d’exploration, mais surtout de solitude et de prière.

Le désert, un temps indispensable

Imitateur de Jésus, le célèbre ermite fait le choix de se retirer du monde pour mieux entendre la voix de son unique maître. Pour lui, le cheminement passe le désert aux confins de la Syrie d’abord, puis en Terre Sainte, et enfin à Béni-Abbès, en Algérie. C’est là qu’il trouvera une école d’humilité, de confiance en Dieu et d’abandon à la Providence. « C’est là qu’on se vide, qu’on chasse en soi tout ce qui n’est pas Dieu », écrit-il dans une lettre. Assassiné dans le Sahara algérien en 1916, dans sa vie offerte pour ses frères, il suit son Maître. Sa spiritualité du désert est finalement une préparation à la « Pâque », le « passage » du Christ vers le Père. Découvrez sa méditation pour monter avec lui vers la lumière de Pâques :

Il faut passer par le désert et y séjourner pour recevoir la Grâce de Dieu ; c’est là qu’on se vide, qu’on chasse de soi tout ce qui n’est pas Dieu et qu’on vide complètement cette petite maison de notre âme pour laisser toute la place à Dieu seul. Les Hébreux ont passé par le désert, Moïse y a vécu avant de recevoir sa mission, saint Paul, saint Jean Chrysostome se sont aussi préparés au désert… C’est indispensable… C’est un temps de grâce, c’est une période par laquelle toute âme qui veut porter des fruits doit nécessairement passer. Il lui faut ce silence, ce recueillement, cet oubli de tout le créé, au milieu desquels Dieu établit son règne et forme en elle l’esprit intérieur. La vie intime avec Dieu, la conversation de l’âme avec Dieu dans la foi, l’espérance et la charité. Plus tard l’âme produira des fruits exactement dans la mesure où l’homme intérieur se sera formé en elle. Si cette vie intérieure est nulle, il y aura beau avoir du zèle, de bonnes intentions, beaucoup de travail, les fruits sont nuls : c’est une source qui voudrait donner de la sainteté aux autres, mais qui ne peut, ne l’ayant pas : on ne donne que ce qu’on a, et c’est dans la solitude, dans cette vie, seul avec Dieu seul, dans ce recueillement profond de l’âme qui oublie tout le créé pour vivre seule en union avec Dieu, que Dieu se donne tout entier à celui qui se donne ainsi tout entier à Lui. Donnez-vous tout entier à Lui seul, mon bien-aimé Père, durant ces années de préparation, de grâce, et Il se donnera tout entier à vous. En cela ne craignez pas d’être infidèle à vos devoirs envers les créatures ; c’est au contraire le seul moyen pour vous de les servir efficacement. Regardez saint Paul, saint Benoît, saint Patrice, saint Grégoire le Grand, tant d’autres, quel long temps de recueillement et de silence ! Montez plus haut : regardez saint Jean Baptiste, regardez Notre Seigneur. Notre Seigneur n’en n’avait pas besoin mais il a voulu nous donner l’exemple. Rendez à Dieu ce qui est à Dieu. Charles de Foucauld, Lettre au père Jérôme, 19 mai 1898 (OS p.765).