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Samedi 5 juin

Parole de Dieu : Marc 12,38-44

Commentaire

Nous pouvons suivre le regard de Jésus… Un regard qui discerne et dévoile ce que personne n’aperçoit : une femme insignifiante, elle se confond avec les pierres du Temple, elle longe discrètement, furtivement les murs pour « jeter » le peu de son avoir à l’abri du regard de tous. Jésus regarde cette femme, il explicite son geste et nous donne ainsi, à nous ses disciples, de contempler le mouvement d’oblation totale de notre Dieu.

Cette femme « pauvre… a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre ». Ainsi fait notre Dieu en Jésus : dans la discrétion et l’infini respect de notre liberté, Dieu abandonne tous ses biens pour épouser notre condition humaine.

« Et soudain entrera dans son Temple le Seigneur que vous cherchez, le Messager de l’Alliance que vous désirez » (Malachie 3,3). Voici que Jésus se tient assis dans le Temple de Jérusalem, au seuil de sa Passion, et il se laisse rejoindre par cette femme qui lui ressemble et, une fois de plus, il révèle le visage véritable de Dieu. Le Père a tout donné, la veuve a tout donné : ces deux-là se correspondent, se répondent, se disent l’un par l’autre, l’un avec l’autre.

Telle est la Parole de vie, le Christ livré et totalement donné par le Père, comme son bien unique et précieux, qu’il nous est donné de contempler ce jour.

LECTURE DE SAINT THOMAS D’AQUIN 
POUR L’OFFICE DU CORPS DU CHRIST

Le mystère de l’Eucharistie.



Le Fils unique de Dieu, voulant nous faire participer à sa divinité, a pris notre nature afin de diviniser les hommes, lui qui s’est fait homme.

En outre, ce qu’il a pris de nous, il nous l’a entièrement donné pour notre salut. En effet, sur l’autel de la croix il a offert son corps en sacrifice à Dieu le Père afin de nous réconcilier avec lui ; et il a répandu son sang pour qu’il soit en même temps notre rançon et notre baptême : rachetés d’un lamentable esclavage, nous serions purifiés de tous nos péchés.

Et pour que nous gardions toujours la mémoire d’un si grand bienfait, il a laissé aux fidèles son corps à manger et son sang à boire, sous les dehors du pain et du vin.

Banquet précieux et stupéfiant, qui apporte le salut et qui est rempli de douceur ! Peut-il y avoir rien de plus précieux que ce banquet où l’on ne nous propose plus, comme dans l’ancienne Loi, de manger la chair des veaux et des boucs, mais le Christ qui est vraiment Dieu ? Y a-t-il rien de plus admirable que ce sacrement ? ~

Aucun sacrement ne produit des effets plus salutaires que celui-ci : il efface les péchés, accroît les vertus et comble l’âme surabondamment de tous les dons spirituels !

Il est offert dans l’Église pour les vivants et pour les morts afin de profiter à tous, étant institué pour le salut de tous. Enfin, personne n’est capable d’exprimer les délices de ce sacrement, puisqu’on y goûte la douceur spirituelle à sa source et on y célèbre la mémoire de cet amour insurpassable, que le Christ a montré dans sa passion.

Il voulait que l’immensité de cet amour se grave plus profondément dans le cœur des fidèles. C’est pourquoi à la dernière Cène, après avoir célébré la Pâque avec ses disciples, lorsqu’il allait passer de ce monde à son Père, il institua ce sacrement comme le mémorial perpétuel de sa passion, l’accomplissement des anciennes préfigurations, le plus grand de tous ses miracles ; et à ceux que son absence remplirait de tristesse, il laissa ce sacrement comme réconfort incomparable.

MÉDITATION DU JOUR

Tout donné

Offrir à Dieu soi-même et tout ce qui est à soi, c’est lui faire un présent et une offrande de soi-même, de toutes ses pensées, de toutes ses paroles, et de toutes ses actions, de tous ses biens, soit spirituels, soit temporels, en un mot de tout ce qu’on possède en ce monde, en témoignant à Dieu que, comme on y est tout à fait dépendant de lui, on se consacre aussi tout à lui et à son service ; l’assurant même qu’on ne veut point disposer de soi, mais qu’on s’abandonne entièrement à sa disposition ; et le priant qu’il ne permette pas qu’on ait aucune pensée, ni qu’on prononce une seule parole, ni qu’on fasse même la moindre action, qui ne soit conforme à sa sainte volonté, et à ce qu’il demande de nous ; lui représentant aussi toutes les grâces qu’on a reçues de lui, et lui faisant connaître que bien loin d’en abuser, on veut faire en sorte de n’en pas laisser une seule inutile et sans qu’elle ait son entier effet ; lui faisant enfin une offrande et une consécration particulière de tous ses avantages de la nature, et de tous les biens temporels qu’on peut posséder, en lui déclarant que comme on ne les a reçus que de lui on ne les veut employer que pour lui.

St Jean-Baptiste de La Salle

Jean-Baptiste de La Salle, f.e.c. († 1719), prêtre et fondateur de la congrégation des Frères des écoles chrétiennes, a été canonisé en 1900. / Les devoirs d’un chrétien envers Dieu, Lille, Lefort, 1825, p. 288.