Lien hebdomadaire paroissial

Dimanche 22 novembre

Parole de Dieu de ce dimanche

  • Ezechiel 34,11-12.15-17
  • Psaume 22
  • Première lettre de Paul aux Corinthiens 15,20-26.28
  • Evangile selon saint Matthieu 25,31-46

COMMENTAIRE

Chers paroissiens


En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous célébrons la solennité du Christ Roi de l’univers. Sa royauté est une royauté d’orientation, de service, et aussi une royauté qui s’affirmera, à la fin des temps, comme jugement. Aujourd’hui, nous avons devant nous le Christ comme roi, pasteur et juge, qui montre les critères d’appartenance au Royaume de Dieu. Voilà les critères.

La page évangélique s’ouvre par une vision grandiose. S’adressant à ses disciples, Jésus dit: «Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire» (Mt 25, 31). Il s’agit de l’introduction solennelle du récit du jugement universel. Après avoir vécu l’existence terrestre dans l’humilité et la pauvreté (nous pouvons une nouvelle fois relire le discours des Béatitudes Matthieu 5), après avoir appelé ces disciples à cette même humilité, Jésus apparaît à présent dans la gloire divine qui lui appartient, entouré par des foules d’anges. L’humanité tout entière est convoquée devant lui et il exerce son autorité en séparant les uns et les autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres.


A ceux qu’il a placés à sa droite, il dit: «Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir» (vv. 34-36). Les justes sont surpris parce qu’ils ne se rappellent pas avoir jamais rencontré Jésus, et encore moins l’avoir aidé de
cette façon; mais lui déclare: «Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (v. 40). Cette parole ne finit jamais de nous frapper, parce qu’elle nous révèle à quel point arrive l’amour de Dieu: au point de s’identifier à nous, mais pas quand nous allons bien, quand nous sommes en bonne santé et heureux, non, mais quand nous sommes dans le besoin. Et c’est de cette façon cachée qu’il se laisse rencontrer, qu’il nous tend la main en tant que mendiant. Jésus révèle ainsi le critère décisif de son jugement, c’est-à-dire l’amour concret pour le prochain en difficulté. Et ainsi se révèle le pouvoir de l’amour, de la royauté de Dieu: solidaire avec qui souffre pour susciter partout des attitudes et des œuvres de miséricorde.


La parabole du jugement se poursuit en présentant le roi qui éloigne de lui, ceux qui, durant leur vie, ne se sont pas préoccupés des besoins de leurs frères. Dans ce cas aussi, ceux-là sont surpris et demandent: «Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou prisonnier, et de ne te point secourir?» (v. 44). Sous-entendu: «Si nous t’avions vu, nous t’aurions sûrement aidé!». Mais le roi répondra: «Dans la mesure où vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait» (v. 45). A la fin de notre vie, nous serons jugés sur l’amour, c’est-à-dire sur notre engagement concret à aimer et à servir Jésus dans nos frères les plus petits et le plus dans le besoin. Ce mendiant, ce nécessiteux qui tend la main est Jésus; ce malade que je dois visiter est Jésus; ce prisonnier est Jésus; cet affamé est Jésus. Pensons à cela.


Jésus viendra à la fin des temps pour juger toutes les nations, mais il vient à nous chaque jour, de tant de façons, et nous demande de l’accueillir. Que la Vierge Marie nous aide à le rencontrer et à le recevoir dans sa Parole, et dans le même temps dans nos frères et sœurs qui souffrent de la faim, de la maladie, de l’oppression, de l’injustice. Puissent nos cœurs l’accueillir dans l’ aujourd’hui de notre vie, afin que nous soyons accueillis par Lui dans l’éternité de son Royaume de lumière et de paix.


Père Frédéric Benoist, curé de la paroisse.

Lettre de saint Paul aux confinés qui attendent le retour de la messe

Voici un étrange manuscrit. Pierre Durieux a imaginé la dernière épître (virtuelle) de saint Paul s’adressant du Ciel aux Gallo-romains éprouvés par l’épidémie et le confinement. En l’attente de la reprise de la messe, l’apôtre des nations propose de retrouver le chemin de l’adoration. Inspirant et exclusif.

Frères et soeurs, on me rapporte que vous vous sentez faibles… On me dit que la situation de votre pays est complexe en ce moment. Votre Église vient de demander à vos gouvernants s’il était possible de célébrer la messe, dans vos églises qui ne vous appartiennent plus depuis l’édit de séparation de l’an 1905 après la naissance du Christ. C’est ça ? Et vos autorités auraient refusé à votre Église la célébration des messes en raison des normes sanitaires, tout en permettant des moments de prière. C’est bien ça ! Comme cela risque de durer ou de se reproduire, vous me demandez mon avis… Tout cela est effroyablement compliqué pour moi qui suis un vieil homme… Mais puisque vous insistez, moi, Paul, j’écris ces mots de ma propre main.

Venez, adorez !


Comme je le disais à Tite (3, 1), « rappelle à tous qu’ils doivent être soumis aux gouvernants et aux autorités, qu’ils doivent leur obéir et être prêts à faire tout ce qui est bien ». Tant que vos évêques n’auront pas obtenu gain de cause pour célébrer la messe dans vos églises, mais tant que vous pouvez y prier, organisez donc des grands moments d’adoration ! Vous ne pouvez pas manger le corps du Christ mais vous pourrez ainsi Le déconfiner de son tabernacle et Le voir.

Vous vous préparerez ainsi à votre vie éternelle, comme l’a justement dit Jean : « Nous serons semblables à Lui, parce que nous Le verrons tel qu’Il est » (1 Jn 3, 2). Pour l’instant, regardez-Le donc, et configurez-vous à ce bout de pain descendu du Ciel, consacré, démuni et nourrissant.

Les canaux de la grâce


Le Conseil d’État vous a demandé de cocher, dans l’attestation de sortie, la mention « motif familial impérieux » pour aller prier dans votre lieu de culte. Rien n’est plus vrai : vous allez en effet rencontrer Dieu, votre Père, et Jésus, votre frère, sous le regard de votre mère, Marie, au beau milieu de la grande famille invisible des croyants, cette fraternité qui est la définition même de l’Église. Quant à l’adjectif « impérieux », il me rappelle le mot « commandement », dont le premier est justement… l’adoration !

Si donc, il advenait que des gens d’armes vous interrogent sur le chemin de votre paroisse, vous saurez, en vous expliquant, témoigner de votre foi. Ce ne sera peut-être pas simple ! Moi-même j’ai été conduit au tribunal, car on disait que « la manière dont cet individu incite les gens à adorer le Dieu unique est contraire à la loi » (Ac, 18, 13) ! Cela m’a valu bien des confinements à moi aussi, tant comme bourreau que comme prisonnier ! Quant à vous, vos confinements pourront se durcir encore beaucoup avant que vous ayez bouché les canaux de la grâce : « Notre homme extérieur dépérit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour » (2 Co 4, 16).

Tenez bon !


Bon courage mes amis : tenez bon, tenez ferme dans l’attente du prochain repas du Seigneur. Continuez à exprimer que vous en avez besoin ! Car votre faim de ce jour est aussi un témoignage. Dans l’invraisemblable débat sur les biens « essentiels » ou non, dites et redites que s’il n’y avait qu’un Bien absolument essentiel, même s’il ne se voit pas (2 Co 4, 18), c’est ici, c’est le Royaume, et c’est la messe ! Que votre chemin de Damas vous donne, comme moi, d’ouvrir les yeux ! Je me répète, mais si vous vous sentez faibles… c’est alors que vous êtes forts (2 Co 12, 10) !


Bon courage mes amis : tenez bon, tenez ferme dans l’attente du prochain repas du Seigneur. Continuez à
exprimer que vous en avez besoin ! Car votre faim de ce jour est aussi un témoignage. Dans
l’invraisemblable débat sur les biens « essentiels » ou non, dites et redites que s’il n’y avait qu’un Bien
absolument essentiel, même s’il ne se voit pas (2 Co 4, 18), c’est ici, c’est le Royaume, et c’est la messe !
Que votre chemin de Damas vous donne, comme moi, d’ouvrir les yeux ! Je me répète, mais si vous vous
sentez faibles… c’est alors que vous êtes forts (2 Co 12, 10) !

Lien quotidien paroissial

Samedi 21 novembre

Parole de Dieu du jour : Luc 20,27-40

COMMENTAIRE

Dans ce passage, Jésus écarte le problème soumis par ses contradicteurs, ici les Sadducéens, car dans la vie éternelle, il n’y a pas de mariage. Nous serons face à face avec Dieu dans une vie qui ne finit jamais, tous, également enfants de Dieu, frères et sœurs les uns pour les autres, recevant de lui notre existence. Il sera le centre de toute relation et c’est à travers cette relation que nous serons reliés. Comprenons bien une telle affirmation… Nous disons, nous croyons, cependant que dans l’éternité nous retrouverons tous les membres de nos familles qui nous ont précédés. En effet ces liens ont été signes de la présence de l’amour de Dieu ici bas. Ce n’est pas contradictoire avec l’affirmation de Jésus. Cette communion avec Dieu donne un autre sens à tous les liens que nous aurions pu tissés tout au long d’une vie. Ceux-ci demeurent importants, et je dirais même, sacrés, mais ils sont envahis de l’amour infini, éternel et premier de Dieu dans cette grande communion de tous les saints.

En ces temps difficiles où de nombreuses familles sont éprouvées par un deuil, prions en toute confiance pour tous nos frères défunts.  P. FB

Fête du jour : Présentation de la Vierge Marie au Temple

Cet épisode de la vie de la Vierge Marie ne se trouve pas dans les quatre évangiles, mais dans un livre apocryphe, le « protévangile de Jacques ». La piété populaire et la spiritualité mariale en furent marquées, car elle soulignait bien la disponibilité de la Vierge Marie, à l’égard de la volonté divine. Tant en Orient qu’en Occident, cette fête connut un grand succès. Marie est bien prédestinée à devenir le temple vivant de la divinité. La scène est toute simple, selon cet évangile apocryphe: Anne et Joachim voulurent remercier Dieu de la naissance de cette enfant. Ils la lui consacrèrent. Lorsqu’elle eut trois ans, Marie fut conduite au Temple, un prêtre l’accueille par des paroles qui ressemblent au Magnificat et l’enfant s’assied sur les marches de l’autel. « Tout le peuple d’Israël l’aima ». Cette fête est attestée dès le VIe siècle.

MÉDITATION DU JOUR

Qu’allons-nous offrir ?

Saint Bernard de Clairvaux médite ici sur la présentation de Jésus au Temple (Lc 2, 22-35), qui nous donne à penser sur l’offrande de Marie.

Cette offrande-ci, mes frères, paraît bien facile : on se contente de la présenter au Seigneur, de la racheter avec des oiseaux, et aussitôt on la remporte. Viendra le jour où ce n’est plus dans le Temple, ni entre les bras de Syméon que le Christ sera offert, mais en dehors de la ville et entre les bras de la croix. Viendra le jour où il ne sera plus racheté par du sang étranger, mais où lui-même rachètera les autres par son propre sang (He 9, 12).

De plein gré je vais t’offrir mon sacrifice, Seigneur (Ps 53, 8), parce que toi-même, c’est de plein gré, et non en raison de quelque contrainte, que tu as été offert pour mon salut. Mais qu’allons-nous offrir, nous, mes frères, et que rendrons-nous au Seigneur pour tout ce qu’il nous a donné ? (Ps 115, 12) Lui, il a offert pour nous la plus précieuse victime qu’il possédait ; en vérité il ne pouvait en être de plus précieuse. Nous aussi donc, faisons ce que nous pouvons : offrons-lui ce que nous avons de meilleur : nous-mêmes ! Lui s’est offert lui-même : qui es-tu, toi, pour hésiter à t’offrir toi-même ?

Qui pourrait m’accorder qu’une si haute Majesté veuille accueillir mon offrande ? Je ne possède que deux piécettes(Mc 12, 42), Seigneur, je veux dire mon corps et mon âme : puissé-je te les offrir parfaitement en sacrifice de louange !

St Bernard de Clairvaux

Consulté par les princes et les papes, saint Bernard († 1153), moine de Cîteaux, a fait rayonner, au xiie siècle, l’ordre cistercien dans toute l’Europe. / 3e Sermon sur la purification de la Vierge Marie, 2-3, trad. M.-I. Huille, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 481, 2004, p. 281-283.

Messes du dimanche :

Dimanche à 11h ; vos prêtres célèbreront la messe en communion avec vous. Ils confieront toutes les intentions particulières qui leur ont été transmises.

Dimanche messe télévisée sur France 2 à 11h.

Messe du diocèse : sur la chaine Youtube du diocèse de Lyon.null

PAPE FRANÇOIS CATÉCHÈSE SUR LA PRIÈRE (3)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 27 mai 2020

Catéchèse – 4. La prière des justes

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous consacrons la catéchèse d’aujourd’hui à la prière des justes

Le dessein de Dieu à l’égard de l’humanité est bon, mais dans notre vie quotidienne nous faisons l’expérience de la présence du mal: c’est une expérience de tous les jours. Les premiers chapitres du livre de la Genèse décrivent l’extension progressive du péché dans l’histoire humaine. Adam et Eve (cf. Gn 3, 1-7) doutent des intentions bienveillantes de Dieu, en pensant avoir affaire à une divinité envieuse, qui empêche leur bonheur. D’où la rébellion: ils ne croient plus en un Créateur généreux, qui désire leur bonheur. Leur cœur, cédant à la tentation du malin, est pris par des délires de toute-puissance: «Si nous mangeons le fruit de l’arbre, nous deviendrons comme Dieu» (cf. v. 5). Et ceci est la tentation: c’est l’ambition qui entre dans le cœurMais l’expérience va dans un sens opposé: leurs yeux s’ouvrent et ils découvrent qu’ils sont nus (v. 7), sans rien. N’oubliez pas cela: le tentateur est un mauvais payeur, il paye mal.

Le mal devient encore plus violent avec la deuxième génération humaine, il est plus fort: c’est l’histoire de Caïn et Abel (cf. Gn 4,1-16). Caïn est envieux de son frère: il y a le vers de l’envie; bien qu’étant l’aîné, il voit Abel comme un rival, quelqu’un qui menace sa primauté. Le mal apparaît dans son cœur et Caïn n’arrive pas à le dominer. Le mal commence à entrer dans le cœur: dans les pensées on regarde toujours l’autre mal, avec soupçon. Et cela a aussi lieu par la pensée: «Celui-là est méchant, il me fera du mal». Et cette pensée entre dans le cœur… Et ainsi, l’histoire de la première fraternité se conclut par un homicide. Je pense, aujourd’hui, à la fraternité humaine… des guerres partout.

Dans la descendance de Caïn, les métiers et les arts se développent, mais se développe également la violence, exprimée par le sinistre cantique de Lamek, qui retentit comme un hymne de vengeance: «J’ai tué un homme pour une blessure, un enfant pour une meurtrissure […]. C’est que Caïn est vengé sept fois, mais Lamek, septante-sept fois» (Gn 4, 23-24). La vengeance: «Tu l’as fait, tu payeras». Mais ce n’est pas un juge qui dit cela, c’est moi qui le dis. Et je me fais le juge de la situation. Et ainsi le mal se répand comme une tache d’huile, jusqu’à occuper toute la scène: «Yahvé vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre et que son cœur ne formait que de mauvais desseins à longueur de journée» (Gn 6, 5). Les grandes fresques du déluge universel (chap. 6-7) et de la tour de Babel (chap. 11) révèlent qu’il y a besoin d’un nouveau début, comme d’une nouvelle création, qui aura son accomplissement en Jésus Christ.

Pourtant, une autre histoire est aussi écrite dans ces premières pages de la Bible, moins visible, beaucoup plus humble et pieuse, qui représente le rachat de l’espérance. Même si presque tous se comportent de manière atroce, en faisant de la haine et de la conquête le grand moteur de l’histoire humaine, il y a des personnes capables de prier Dieu avec sincérité, capables d’écrire de manière différente le destin de l’homme. Abel offre à Dieu un sacrifice de prémices. Après sa mort, Adam et Eve eurent un troisième fils, Seth, dont naquit Enosh (qui signifie «mortel»), et il est dit: «Celui-ci fut le premier à invoquer le nom de Yahvé» (4, 26). Ensuite apparaît Hénok, un personnage qui «marche avec Dieu» et qui est enlevé au ciel (cf. 5, 22.24). Et enfin, il y a l’histoire de Noé, un homme juste qui «marchait avec Dieu» (6, 9), devant lequel Dieu se retient de son intention d’effacer l’humanité (cf. 6, 7-8).

En lisant ces récits, on a l’impression que la prière est la digue, est le refuge de l’homme face à la vague du mal qui grandit dans le monde. Si l’on regarde bien, nous prions aussi pour être sauvés de nous-mêmes. Il est important de prier: «Seigneur, s’il te plaît, sauve-moi de moi-même, de mes ambitions, de mes passions». Les orants des premières pages de la Bible sont des hommes artisans de paix: en effet, la prière, lorsqu’elle est authentique, libère des instincts de la violence et elle est un regard adressé à Dieu, pour qu’Il recommence à prendre soin de l’homme. On lit dans le Catéchisme: «Cette qualité de la prière est vécue par une multitude de justes dans toutes les religions» (CEC, n. 2569). La prière cultive des oasis de renaissance dans des lieux où la haine de l’homme n’a été capable que d’agrandir le désert. Et la prière est puissante, parce qu’elle attire le pouvoir de Dieu et le pouvoir de Dieu donne toujours la vie: toujours. Il est le Dieu de la vie et il fait renaître. 

Voilà pourquoi la seigneurie de Dieu passe à travers la chaîne de ces hommes et de ces femmes, souvent incompris ou exclus du monde. Mais le monde vit et grandit grâce à la force de Dieu que ces serviteurs attirent par leur prière. Ils sont une chaîne qui n’est pas du tout bruyante, qui apparaît rarement sur la première page des journaux, et pourtant elle très importante pour rendre la confiance au monde! Je me souviens de l’histoire d’un homme: un chef de gouvernement, pas de notre époque, des temps passés. Un athée qui n’avait pas de sentiment religieux dans le cœur, mais qui enfant entendait sa grand-mère qui priait, et cela était resté dans son cœur. Et à un moment difficile de sa vie, ce souvenir est revenu dans son cœur et il s’est dit: «Mais ma grand-mère priait…». Il commença ainsi à prier avec les formules de sa grand-mère et là, il a trouvé Jésus. La prière est une chaîne de vie, toujours; tant d’hommes et de femmes qui prient sèment la vie. La prière sème la vie, la petite prière: c’est pourquoi il est si important d’apprendre aux enfants à prier. J’éprouve de la douleur quand je vois des enfants qui ne savent pas faire le signe de croix. Il faut leur apprendre à bien faire le signe de croix, car c’est la première prière. Il est important que les enfants apprennent à prier. Ensuite, peut-être oublieront-ils, prendront-ils un autre chemin; mais les premières prières apprises enfants restent dans le cœur, parce qu’elles sont une semence de vie, la semence du dialogue avec Dieu. 

Le chemin de Dieu dans l’histoire de l’homme est passé à travers eux: il est passé par un «reste» de l’humanité qui ne s’est pas conformé à la loi du plus fort, mais qui a demandé à Dieu d’accomplir ses miracles, et surtout de transformer notre cœur de pierre en un cœur de chair (cf. Ez 36, 26). Et cela aide la prière: parce que la prière ouvre la porte à Dieu, en transformant notre cœur très souvent de pierre, en un cœur humain. Et il y a besoin de tant d’humanité, et avec l’humanité on prie bien.

Lien quotidien paroissial

Vendredi 20 novembre

Parole de Dieu du jour : Apocalypse 10,8-11 ; Luc 19,45-48

COMMENTAIRE

Ce jour, je vous propose les deux textes de la liturgie du jour.

La vision de Jean dans le livre de l’Apocalypse. Ce Livre ouvert dans la main de l’ange, la Parole de Dieu qui se manifeste dans le Christ (cf Apocalypse 5,1-10). Maintenant c’est à nous qu’est confiée celle-ci, il faut l’ouvrir, « la dévorer ». Oui la Parole de Dieu est une véritable nourriture. «elle est « douce comme le miel »… Comme le dit le prophète Isaïe, « elle féconde notre terre », comme l’eau et la neige qui descend du ciel, elle féconde notre vie, et surtout ne reste pas sans effet… Comment s’en convaincre sinon en la fréquentant chaque jour. Ce temps du confinement est une belle invitation pour nous inviter à lire au quotidien la Parole de Dieu pour s’en nourrir chaque jour…

Les « entrailles de Jean » sont remplies d’amertume… Beaucoup dans notre société ne connaissent pas du tout cette Parole de Dieu. Beaucoup ne croit pas en l’existence de Dieu. Sur quoi se fonde cette non foi dans la plupart des cas sinon sur une méconnaissance de la Parole de Dieu ? Celui qui parcourt la Parole de Dieu ne peut pas se détourner de Dieu. Il peut connaître des résistances, des doutes, des besoins de conversion, mais il ne peut pas nier Dieu.

Demandons alors au Seigneur de faire de chacune et chacun de nous des témoins de la Parole…

Dans l’Evangile, nous contemplons Jésus en train d’enseigner, quelle que soit les circonstances, il en enseigne, « le peuple tout entier, suspendu à ses lèvres, l’écoutait ». Ne doutons pas que beaucoup de nos contemporains, en écoutant la Parole de Dieu, écouteront… P.FB

MÉDITATION DU JOUR

Prends ce livre, et dévore-le

La parole a beaucoup de caractères qui la rapprochent d’un aliment. Quelqu’un met en sa bouche une bouchée de pain ou quelque autre nourriture. Il la broie d’abord avec ses dents et ainsi l’envoie dans l’estomac. Ainsi en est-il de tout mot : nous l’entendons, nous le méditons dans la bouche de l’intelligence ; comme avec des dents – c’est-à-dire avec des commentaires – nous le broyons. Il nous faut voir ce dont il parle, l’origine de ce dont il parle et la raison pourquoi il en parle. Ainsi de toute nourriture, tant que nous ne l’avons pas mâchée avec les dents, nous n’en percevons pas la saveur ; la parole que nous entendons, si nous ne l’avons pas mâchée en la travaillant en nous, nous ne pouvons pas en comprendre la portée.

La manne que l’on mangeait dans le désert jouait le rôle du mot. C’est pour cela qu’elle s’appelait « manne », ce qui en hébreu signifiait : « Qu’est cela ? » (Ex 16, 15). Toutes les fois que nous entendons un mot, il nous stimule à rechercher le nom même de la chose : « Qu’est-ce que nous entendons ? » Et comme la nourriture une fois mâchée est envoyée dans l’estomac, le mot lui aussi, après que nous l’avons bien travaillé, nous le confions à notre mémoire comme à un estomac. La nourriture ne sert à rien si elle n’a pas d’abord été mâchée, puis envoyée dans l’estomac. Les mots, de même, sont inefficaces pour le salut, s’ils n’ont pas été confiés à l’intelligence et à la mémoire.

Pseudo-Jean Chrysostome

Ce commentaire inachevé sur Matthieu, transmis en latin sous le nom de Jean Chrysostome, pourrait avoir été composé au ive siècle. / Opus imperfectum in Matthaeum, trad. S. B. Landry, dans L’Évangile selon Matthieu commenté par les Pères, Paris, DDB, coll. « Les Pères dans la foi » 30, 1985, p. 126-127.

SAINT SACREMENT

Samedi matin : de 10h à 12h. exposition de Saint Sacrement dans l’église sainte Madeleine. Un prêtre est à votre disposition pour une démarche du sacrement de la réconciliation ou simplement pour dialoguer.

PAPE FRANÇOIS 

AUDIENCE GÉNÉRALE

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 20 mai 2020

Catéchèse – 3. Le mystère de la création

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous poursuivons la catéchèse sur la prière, en méditant sur le mystère de la création. La vie, le simple fait que nous existions, ouvre le cœur de l’homme à la prière. 

La première page de la Bible ressemble à un grand hymne d’action de grâce. Le récit de la création est rythmé par des refrains, où est sans cesse réaffirmée la bonté et la beauté de chaque chose qui existe. Dieu, avec sa parole, appelle à la vie, et chaque chose accède à l’existence. Avec la parole, il sépare la lumière des ténèbres, il alterne le jour et la nuit, il fait se succéder les saisons, il crée une palette de couleurs avec la variété des plantes et des animaux. Dans cette forêt luxuriante qui domine rapidement le chaos, l’homme apparaît en dernier. Et cette apparition provoque un excès d’exultation qui amplifie la satisfaction et la joie: «Dieu vit tout ce qu’il avait fait: cela était très bon» (Gn 1, 31). Une bonne chose, mais aussi une belle chose: on voit la beauté de toute la création!

La beauté et le mystère de la création engendrent dans le cœur de l’homme le premier élan qui suscite la prière (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2566). C’est ce que récite le huitième Psaume, que nous avons entendu au début: «A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles, que tu fixas, qu’est donc le mortel, que tu en gardes mémoire, le fils d’Adam, que tu en prennes souci?» (vv. 4-5). L’orant contemple le mystère de l’existence autour de lui, il voit le ciel étoilé qui le domine — et que l’astrophysique nous montre aujourd’hui dans toute son immensité — et il se demande quel dessein d’amour doit se trouver derrière une œuvre aussi puissante!… Et dans cette immensité sans limites, qu’est l’homme? «Presque rien», dit un autre psaume (cf. 89, 48): un être qui naît, un être qui meurt, une créature très fragile. Pourtant, dans tout l’univers, l’être humain est la seule créature consciente d’une aussi grande profusion de beauté. Un petit être qui naît, qui meurt, qui est là aujourd’hui, mais plus demain, est le seul conscient de cette beauté. Nous sommes conscients de cette beauté!

La prière de l’homme est étroitement liée au sentiment de l’émerveillement. La grandeur de l’homme est infinitésimale par rapport aux dimensions de l’univers. Ses plus grandes conquêtes semblent bien peu de choses… Cependant l’homme n’est pas rien. Dans la prière s’affirme avec force un sentiment de miséricorde. Rien n’existe par hasard: le secret de l’univers est dans un regard bienveillant que quelqu’un aperçoit dans nos yeux. Le psaume affirme que nous sommes faits à peine moindre qu’un dieu, que nous sommes couronnés de gloire et d’honneur (cf. 8, 6). La relation avec Dieu est la grandeur de l’homme: son intronisation. Par nature nous ne sommes presque rien, petits, mais par vocation, par appel, nous sommes les enfants du grand Roi!

C’est une expérience que beaucoup d’entre nous ont faite. Si l’histoire de notre vie, avec toutes ses amertumes, risque parfois d’étouffer en nous le don de la prière, il suffit de la contemplation d’un ciel étoilé, d’un coucher de soleil, d’une fleur…, pour rallumer l’étincelle de l’action de grâce. Cette expérience est peut-être à la base de la première page de la Bible. 

Quand le grand récit biblique de la création est rédigé, le peuple d’Israël ne vit pas des jours heureux. Une puissance ennemie avait occupé sa terre; de nombreuses personnes avaient été déportées et se trouvaient à présent en esclavage en Mésopotamie. Il n’y avait plus de patrie, ni de temple, ni de vie sociale et religieuse, rien.

Pourtant, précisément à partir du grand récit de la création, quelqu’un commence à retrouver des motifs d’action de grâce, à louer Dieu pour l’existence. La prière est la première force de l’espérance. Tu pries et l’espérance grandit, tu vas de l’avant. Je dirais que la prière ouvre la porte à l’espérance. L’espérance est là, mais avec ma prière j’ouvre la porte.Parce que les hommes de prière conservent les valeurs fondamentales; ce sont ceux qui répètent, avant tout à eux-mêmes et ensuite à tous les autres, que cette vie, malgré toutes ses difficultés et ses épreuves, malgré ses moments difficiles, est pleine d’une grâce dont il faut s’émerveiller. Et, en tant que telle, elle doit toujours être défendue et protégée.

Les hommes et les femmes qui prient savent que l’espérance est plus forte que le découragement. Ils croient que l’amour est plus puissant que la mort, et qu’assurément un jour il triomphera, même si c’est selon des temps et des modalités que nous ne connaissons pas. Les hommes et les femmes de prière portent sur leur visage le reflet de l’éclat de lumière: car, même dans les jours les plus sombres, le soleil ne cesse pas de les illuminer. La prière t’illumine: elle illumine ton âme, elle illumine ton cœur et elle illumine ton visage. Même dans les temps les plus sombres, même dans les temps de très grande douleur.

Nous sommes tous porteurs de joie. Avez-vous pensé à cela? Que tu es un porteur de joie? Ou tu préfères apporter des mauvaises nouvelles, des choses qui attristent? Nous sommes tous capables d’apporter la joie. Cette vie est le don que Dieu nous a fait: elle est trop brève pour la passer dans la tristesse, dans l’amertume. Louons Dieu, en étant simplement contents d’exister. Regardons l’univers, regardons ses beautés et regardons également nos croix et disons: «Mais tu existes, tu nous a faits ainsi, pour toi». Il est nécessaire de ressentir cette inquiétude du cœur qui conduit à rendre grâce et à louer Dieu. Nous sommes les enfants du grand Roi, du Créateur, capables de lire sa signature dans toute la création; cette création qu’aujourd’hui nous ne protégeons pas, mais dans cette création, il y a la signature de Dieu qui l’a faite par amour. Que le Seigneur nous fasse comprendre cela toujours plus profondément et nous conduise à dire «merci»: et ce «merci» est une belle prière. 

Lien quotidien paroissial

Jeudi 19 novembre

PAROLE DE DIEU DU JOUR : Evangile selon St Luc 19,41-44

COMMENTAIRE

Jésus a pleuré sur Jérusalem; il était attristé par la résistance à la parole de Dieu, car « il prévoyait » le désastre auquel son peuple ferait bientôt face.  Juste après, il chassera les marchands du Temple. Évidemment cette parole de Jésus est empreinte de l’expérience de la destruction du Temple en 70 après Jésus Christ par les romains, avec son lot de persécutions, dont Luc se fait, ici, le porte-parole… En voyant ce qui se passe autour de nous,  dans nos familles, dans notre pays, dans le monde, nous sommes parfois envahis d’un sentiment de  tristesse, de découragement… Devant le mépris de la vérité et de la justice, la corruption et les souffrances que cela entraîne, Seigneur, prends pitié de nous !

Nous le voyons dans les évangiles, Jésus est souvent rempli d’un ardent désir face aux personnes qu’il rencontre; les malades et les pécheurs, il les invite à se laisser regarder par Dieu. Dans l’évangile d’aujourd’hui, il regarde Jérusalem et prie pour ses habitants, afin qu’ils accueillent ce que Dieu leur offre. Alors, si je considère la manière dont Jésus me regarde, je me rendrai compte qu’il désire ma croissance. Il veut me voir retenir toutes les possibilités que Dieu me présente tous les jours par amour et par miséricorde. P.FB

MÉDITATION DU JOUR

Les gens de Jérusalem

La ville sur laquelle notre Seigneur a pleuré est tout d’abord la sainte Église, la sainte chrétienté. En second lieu, notre Seigneur a pleuré sur les cœurs mondains, et vraiment il y a de quoi pleurer sur eux. Tous les hommes réunis n’y suffiraient pas et ne pourraient jamais verser assez de larmes, car ils ne savent pas et ils ne veulent pas savoir les jours où ils sont visités. Hélas, si même ils le savaient… Mais non, ils sont en grande paix. Les gens de Jérusalem étaient, eux aussi, en grande paix, quand le Christ pleura sur eux. Quels sont donc ces gens ? Ce sont tous ceux qui vivent dans la recherche de la jouissance désirée par leurs sens extérieurs. Pourvu qu’ils aient assez de biens, de domination, d’amitié, de parenté, de richesse et d’honneur, de tout ce que leur cœur désire, tout ce qui les satisfait, les réjouit et fait leurs délices, comme s’ils devaient vivre éternellement ainsi. Ils vont bien se confesser, ils vaquent bien à la prière, et ils pensent que tout est pour le mieux. Si on risquait une seule parole contre cette assurance, pour dire que leur état n’est pas tout à fait bon, ce serait en pure perte. Ils se reposent dans leur justice, dans laquelle ils se croient en parfaite sécurité.

Jean Tauler, o.p.

Disciple strasbourgeois de Maître Eckhart, Jean Tauler († 1361) fut un théologien, un mystique et un prédicateur influent. Surnommé le « docteur illuminé », il appartient au courant des mystiques rhénans. / Sermons, Paris, Cerf, 2007, p. 374-375.

PRIÈRE

Et n’oublions pas…. En ce 19 Novembre…

PAPE FRANÇOIS : AUDIENCE GÉNÉRALE CATÉCHÈSE SUR LA PRIÈRE (2)

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 13 mai 2020

Catéchèse – 2. La prière du chrétien

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous accomplissons aujourd’hui le deuxième pas sur le chemin de catéchèse sur la prière, commencé la semaine dernière.

La prière appartient à tous: aux hommes de chaque religion, et probablement aussi à ceux qui n’en professent aucune. La prière naît dans le secret de nous-mêmes, dans ce lieu intérieur que les autorités spirituelles appellent souvent le «cœur» (cf. Catéchisme de l’Église catholique, nn. 2562-2563). Ce qui prie en nous n’est donc pas quelque chose de périphérique, ce n’est pas l’une de nos facultés secondaires et marginales, mais c’est le mystère le plus intime de nous-mêmes. C’est ce mystère qui prie. Les émotions prient, mais on ne peut pas dire que la prière soit seulement une émotion. L’intelligence prie, mais prier n’est pas seulement un acte intellectuel. Le corps prie, mais on peut parler avec Dieu également en étant affecté par l’invalidité la plus grave. C’est donc tout l’homme qui prie, si son «cœur» prie.

La prière est un élan, c’est une invocation qui va au-delà de nous-mêmes: quelque chose qui naît au plus profond de notre personne et qui sort de nous-mêmes, parce qu’il ressent la nostalgie d’une rencontre. Cette nostalgie qui est plus qu’un besoin, plus qu’une nécessité: c’est un chemin. La prière est la voix d’un «moi» qui vacille, qui avance à tâtons, à la recherche d’un «Toi». La rencontre entre le «moi» et le «Toi» ne peut pas se faire avec des calculatrices: c’est une rencontre humaine et très souvent on avance à tâtons pour trouver le «Toi» que mon «moi» est en train de chercher.

La prière du chrétien naît en revanche d’une révélation: le «Toi» n’est pas resté enveloppé dans le mystère, mais il est entré en relation avec nous. Le christianisme est la religion qui célèbre sans cesse la «manifestation» de Dieu, c’est-à-dire son épiphanie. Les premières fêtes de l’année liturgique sont la célébration de ce Dieu qui ne reste pas caché, mais qui offre son amitié aux hommes. Dieu révèle sa gloire dans la pauvreté de Bethléem, dans la contemplation des Rois Mages, dans le baptême dans le Jourdain, dans le prodige des noces de Cana. L’Évangile de Jean conclut par une affirmation synthétique le grand hymne du Prologue: «Nul n’a jamais vu Dieu, le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître» (1, 18). C’est Jésus qui nous a révélé Dieu.

La prière du chrétien entre en relation avec le Dieu au visage très tendre, qui ne veut faire ressentir aucune peur aux hommes. C’est la première caractéristique de la prière chrétienne. Si les hommes étaient depuis toujours habitués à s’approcher de Dieu un peu intimidés, un peu effrayés par ce mystère fascinant et terrible, s’ils s’étaient habitués à le vénérer avec une attitude servile, semblable à celle d’un sujet qui ne veut pas manquer de respect à son seigneur, les chrétiens s’adressent en revanche à Lui en osant l’appeler d’une manière confidentielle par le nom de «Père». Jésus utilise même l’autre mot: «papa».

Le christianisme a banni du lien avec Dieu tout rapport «féodal». Dans le patrimoine de notre foi ne sont pas présentes des expressions comme «assujettissement», «esclavage» ou «vassalité»; mais des termes comme «alliance», «amitié», «promesse», «communion», «proximité». Dans son long discours d’adieu aux disciples, Jésus dit cela: «Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que fait son maître; je vous appelle amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi; mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai institués pour que vous alliez et portiez de fruit et un fruit qui demeure; alors tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera» (Jn 15, 15-16). Mais il s’agit d’un chèque en blanc: «Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je vous l’accorde»! 

Dieu est l’ami, l’allié, l’époux. Dans la prière on peut établir un rapport de confiance avec Lui, au point que dans le «Notre Père» Jésus nous a enseigné à lui adresser une série de demandes. Nous pouvons tout demander à Dieu, tout; tout expliquer, tout raconter. Peu importe si, dans la relation avec Dieu, nous nous sentons en faute: nous ne sommes pas de bons amis, nous ne sommes pas des enfants reconnaissants, nous ne sommes pas des époux fidèles. Il continue à nous aimer. C’est ce que Jésus démontre définitivement lors de la Dernière Cène, quand il dit: «Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, qui va être versé pour vous» (Lc 22, 20). Dans ce geste, Jésus anticipe au Cénacle le mystère de la Croix. Dieu est un allié fidèle: si les hommes cessent d’aimer, Lui continue cependant à aimer, même si l’amour le conduit au Calvaire. Dieu est toujours près de la porte de notre cœur et il attend que nous lui ouvrions. Et parfois, il frappe à notre cœur, mais il n’est pas envahissant: il attend. La patience de Dieu avec nous est la patience d’un père, de quelqu’un qui nous aime beaucoup. Je dirais que c’est à la fois la patience d’un père et d’une mère. Toujours proche de notre cœur, et quand il frappe, il le fait avec tendresse et avec beaucoup d’amour.

Essayons tous de prier ainsi, en entrant dans le mystère de l’Alliance. De nous mettre dans la prière entre les bras miséricordieux de Dieu, à nous sentir enveloppés par ce mystère de bonheur qu’est la vie trinitaire, à nous sentir comme des invités qui ne méritaient pas tant d’honneur. Et à répéter à Dieu, dans l’étonnement de la prière: est-il possible que tu ne connaisses que l’amour? Il ne connaît pas la haine. Il est haï, mais il ne connaît pas la haine. Il connaît seulement l’amour. Voilà quel est le Dieu que nous prions. C’est le cœur incandescent de toute prière chrétienne. Le Dieu d’amour, notre Père qui nous attend et nous accompagne.