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Mardi 20 avril

Parole de Dieu : Jean 6,30-35

Commentaire :

Dans la suite des évangiles des jours précédents, Jésus, dans ce « discours du pain de vie », fait franchir à ses interlocuteurs des étapes successives. Aujourd’hui, il se compare à Moïse : Moïse, dans le désert, a été le témoin du don de la manne par Dieu à son peuple, comme lui, Jésus, la veille, a multiplié les pains pour les foules. Mais Jésus ne fait pas qu’accompagner le don de Dieu aux hommes : il est lui-même le don de Dieu. Dieu donne son Fils, Jésus, qui vient rassasier notre faim. Pour nous, c’est une invitation à passer d’une relation extérieure avec Dieu, à une relation intérieure. Jésus n’est pas uniquement celui qui nous enseigne, celui qui nous donne du pain, celui par rapport auquel il nous faut nous positionner. Il est celui qui vient se faire intérieur à nous, avec lequel nous sommes appelés à entrer dans une communion profonde de vie et d’amour. Comment pourrais-je vivre cette union intime à Jésus aujourd’hui ?

                                                                                               Père Alain de Boudemange

Méditation du pape François lors de la prière de l’Angelus de dimanche dernier à Rome :  

 

Chers frères et soeurs, bonjour !

En ce troisième dimanche de Pâques, ( Luc 24,35-48), nous retournons à Jérusalem, au Cénacle, comme guidés par les deux disciples d’Emmaüs, qui avaient écouté avec grande émotion les paroles de Jésus sur le chemin et qui l’avaient reconnu « dans la fraction du pain » (Lc 24,35). A présent, au Cénacle, Jésus ressuscité se présente au milieu du groupe des disciples et les salue en disant : « La paix soit avec vous !» (v. 36). Mais ils sont effrayés et ils croient « voir un esprit » (v. 37), comme le dit l’Evangile. Alors Jésus leur montre les blessures de son corps et dit ferite del suo corpo e dice: « Voyez mes mains et mes pieds – ses plaies – : c’est bien moi ! Touchez-moi » (v. 39). Et pour les convaincre, il demande de la nourriture et il mange sous leurs yeux stupéfaits (cf. vv. 41-42).

Il y a quelque chose de particulier dans cette description : l’Evangile dit que « dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire ». Leur joie était telle qu’ils ne pouvaient pas croire que c’était réel. Et un deuxième détail : ils étaient stupéfaits, surpris, parce que la rencontre avec Dieu conduit toujours à la stupeur. Elle va au-delà de l’enthousiasme, de la joie, c’est une autre expérience. Eux étaient joyeux, d’une joie qui leur faisait penser : « non, cela ne peut pas être vrai, non ». C’est la stupeur de la présence de Dieu. N’oubliez pas cet état d’esprit si beau.

Ce passage de l’Evangile est caractérisé par trois verbes très concrets, qui reflètent en un certain sens notre vie personnelle et communautaire : regarder, toucher et manger. Trois actions qui peuvent donner la joie d’une vraie rencontre avec Jésus vivant.

“Regardez mes mains et mes pieds” – dit Jésus. Regarder ce n’est pas seulement voir, c’est plus, cela implique aussi l’intention, la volonté. C’est pourquoi c’est un des verbes de l’amour. La maman et le papa regardent leur enfants, les amoureux se regardent mutuellement ; le bon médecin regarde le patient avec attention…. Regarder est un premier pas contre l’indifférence, contre la tentation de détourner son regard devant les difficultés et les souffrances des autres. Regarder. Est-ce que je vois ou est-ce que je regarde Jésus ?

Le deuxième verbe est toucher. En invitant les disciples à le toucher, pour constater qu’il n’est pas un esprit, Jésus leur montre, ainsi qu’à nous, que la relation avec Lui et avec nos frères ne peut pas rester “à distance”. Un christianisme à distance n’existe pas, un christianisme qui reste sur le plan du regard n’existe pas. L’amour exige le regard, mais aussi la proximité, le contact, le partage de la vie. Le bon samaritain ne s’est pas limité à regarder cet homme qu’il a trouvé à moitié mort sur le chemin ; il s’est arrêté, il s’est penché, il lui a soigné ses blessures, il l’a chargé sur son cheval et l’a amené à l’auberge. C’est ainsi avec Jésus : l’aimer signifie entrer dans une communion de vie, une communion avec Lui.

Et nous en venons alors au troisième verbe, manger, qui exprime bien notre humanité dans son indigence la plus naturelle, c’est-à-dire notre besoin de nous nourrir pour vivre. Mais se nourrir, quand nous le faisons ensemble, en famille ou entre amis, devient une pure expression d’amour, de communion, de fête… Combien de fois les Évangiles nous présentent Jésus qui vit cette dimension conviviale! Après sa Résurrection aussi, avec ses disciples. Au point que le banquet eucharistique est devenu le signe emblématique de la communauté chrétienne. Manger ensemble le Corps du Christ, c’est le centre de la vie chrétienne.

Frères et sœurs, ce passage évangélique nous dit que Jésus n’est pas un “esprit”, mais une Personne vivante. Que Jésus, quand il s’approche de nous, nous remplit de joie, au point de ne pas y croire, et il nous laisse stupéfaits, de cette surprise que seule donne la présence de Dieu, parce que Jésus est une personne vivante. Être chrétiens n’est pas avant tout une doctrine ou un idéal moral, c’est la relation vivante avec Lui, avec le Seigneur Ressuscité : nous le regardons, nous le touchons, nous nous nourrissons de Lui et, transformés par son Amour, nous regardons, nous touchons et nous nourrissons les autres comme frères et sœurs. Que la Vierge Marie nous aide à vivre cette expérience de grâce.