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Mardi 6 juillet

Parole de Dieu : Matthieu 9,32-38

Commentaire :

 Ce passage d’Évangile fait penser à la création telle qu’elle fut écrite dans le livre de la Genèse. Je retiens deux mouvements qui remettent en cause l’attitude des pharisiens : « jamais rien de pareil ne s’est vu en Israël »

Sortir pour annoncer
Dieu sort. Dieu sort pour autre chose, pour créer, pour se dire dans sa création.
Jésus sort. Le texte en grec est écrit ainsi : «Comme il sortait, voici qu’on lui présenta un humain sourd-muet possédé d’un démon ». Dans ce texte biblique, on ne sait pas bien d’où sort Jésus. Or Jésus vient de guérir deux aveugles qui, une fois guéris, « sortent » pour « répandre sa renommée dans toute la contrée».
« Sortir » serait donc un mouvement qui exprime que Dieu s’est ouvert à l’humain.

La parole pour s’émerveiller
Pour poser son premier acte de création, Dieu advient à la parole : « Dieu dit ‘Que la lumière soit’ ». Il crée à l’homme à son image comme un être capable de dire et Dieu s’en émerveille : « Dieu créa l’homme et la femme à son image…il les bénit. Il vit tout ce qu’il avait créé : cela était très bon ».
Or les foules qui voient Jésus guérir le sourd-muet s’émerveillent, comme Dieu s’est émerveillé devant sa création !

Les pharisiens sont parfois déroutants par leur aveuglement et leur incapacité à poser une parole d’émerveillement qui dise Dieu. Il semble bien qu’ils ne sachent pas ouvrir leurs regards.
Aujourd’hui, sortons à la rencontre de Dieu pour dire cette Bonne Nouvelle qui nous émerveille !

MÉDITATION DU JOUR

Quelqu’un lutta avec lui

C’est un grand bien que de connaître la tranquillité intérieure et d’être en accord avec soi-même. À l’extérieur, la paix est assurée par la vigilante prévoyance de l’empereur ou par le bras des soldats ; elle résulte de l’heureuse issue des guerres ou de quelque massacre parmi les barbares lorsque, dans un mouvement d’hostilité, ils tournent leurs armes les uns contre les autres. Cette paix-là ne dépend en rien de notre vertu, mais du cours des événements. Assurément, la gloire de cette paix-là revient à l’empereur ; mais c’est en nous que se trouve le fruit de cette autre paix, qui est dans l’esprit de chacun, que l’on garde dans ses dispositions intérieures. Il y a plus de fruit dans cette paix qui repousse les tentations de l’esprit du mal, que dans celle qui repousse les armées ennemies. Elle est plus élevée, la paix qui rejette les séductions des passions du corps et en tempère les désordres, que celle qui calme les attaques barbares, car il y a plus de mérite à tenir tête à l’ennemi enfermé en toi qu’à celui qui est au loin.

Et ainsi Jacob, qui avait purifié son cœur de toute inimitié et était animé de dispositions pacifiques, après s’être défait de tout ce qu’il possédait, demeura seul et lutta avec Dieu. Car quiconque dédaigne les choses de ce monde s’approche plus près de l’image et de la ressemblance de Dieu (Gn 1, 26). Que signifie, en effet, lutter avec Dieu, sinon soutenir le combat pour la vertu, se mesurer avec plus fort que soi et devenir un imitateur de Dieu meilleur que les autres ?

St Ambroise de Milan

Saint Ambroise († 397), évêque de Milan et orateur réputé, a aussi écrit des hymnes pour la liturgie. / Jacob et la vie heureuse II, 6, 29 – 7, 30, trad. G. Nauroy, Paris, Cerf, Sources chrétiennes 534, 2010, p. 447-449.

SERMON DE SAINT AUGUSTIN SUR LE PSAUME 32

« Un seul baptême ; un seul Dieu et Père… »

Mes frères, nous vous exhortons très vivement à la charité : non seulement envers vous-mêmes, mais aussi envers ceux qui sont au dehors ; qu’ils soient encore païens, ne croyant pas encore au Christ, ou bien qu’ils soient séparés de nous, reconnaissant le même chef tout en étant retranchés du corps. Bon gré mal gré, ils sont nos frères. Ils cesseraient d’être nos frères s’ils cessaient de dire : Notre Père.

Le prophète a dit, de certains d’entre eux : À ceux qui vous disent : « Vous n’êtes pas nos frères », répondez : « Vous êtes nos frères ». Cherchez de qui il pouvait dire cela ? Serait-ce des païens ? Non, car nous ne disons pas qu’ils sont nos frères, selon les Écritures et selon le langage de l’Église. Parlait-il des Juifs, qui n’ont pas cru au Christ ? Lisez saint Paul, et vous verrez que le mot « frères », quand l’Apôtre l’emploie tout court, ne peut s’entendre que des chrétiens. ~ Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? Et toi, pourquoi méprises-tu ton frère ? Et dans un autre passage : Vous commettez l’injustice et la fraude, et cela contre des frères !

Les donatistes qui disent : « Vous n’êtes pas nos frères » nous traitent donc de païens. C’est pourquoi ils veulent nous rebaptiser, car ils affirment que nous n’avons pas ce qu’ils nous donnent. De là découle leur erreur, de nier que nous soyons leurs frères. Mais pourquoi le Prophète nous a-t-il dit : Vous leur répondrez : « Vous êtes nos frères », sinon parce que nous reconnaissons en eux le baptême que nous ne réitérons pas. Eux donc, en ne reconnaissant pas notre baptême, nient que nous soyons leurs frères ; nous, en ne le réitérant pas sur eux, mais en reconnaissant le nôtre, nous leur disons : « Vous êtes nos frères. »

Ils diront : « Que nous demandez-vous ? Que nous voulez-vous ? » Répondons : Vous êtes nos frères. Ils diront « Laissez-nous tranquilles, nous n’avons rien à faire avec vous. » Mais nous, nous avons parfaitement à faire avec vous : nous confessons un seul Christ, nous devons être dans un seul corps, sous un seul chef. ~

Nous vous adjurons donc, mes frères ; par cette tendresse de charité nourrissante comme le lait, fortifiante comme le pain, par le Christ notre Seigneur, par sa douceur, nous vous adjurons ! (Il est temps, en effet, que nous leur prodiguions une grande charité, une abondante miséricorde, en implorant Dieu pour eux : qu’il leur donne un jour du sang-froid, pour qu’ils se reprennent et qu’ils voient que leurs attaques contre la vérité sont sans aucun fondement ; il ne leur reste que la maladie de leur animosité, qui est d’autant plus malsaine qu’elle s’imagine avoir plus de forces.) Nous vous adjurons, dis-je, pour ces malades, soi-disant sages, mais d’une sagesse naturelle et charnelle ; ils sont pourtant nos frères. Ils célèbrent les mêmes sacrements, et bien qu’ils ne les célèbrent pas avec vous, ce sont bien les mêmes ; ils répondent un même : Amen, et si ce n’est pas avec nous, c’est bien le même. Priez Dieu pour eux, du plus profond de votre charité.