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Dimanche 11 avril

Deuxième dimanche de Pâques – Dimanche de la divine miséricorde

PAROLE DE DIEU : Évangile selon saint Jean 20, 19-31

Dans l’Evangile de ce jour, le verbe voir revient plusieurs fois : « Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur » (Jn20, 20). Ils dirent ensuite à Thomas : « Nous avons vu le Seigneur » (v.25). Mais l’Evangile ne décrit pas comment ils l’ont vu, il ne décrit pas le Ressuscité, il met seulement en évidence un détail : « Il leur montra ses mains et son côté » (v. 20). L’Evangile semble vouloir nous dire que les disciples ont reconnu Jésus ainsi : par ses plaies. La même chose est arrivée à Thomas : lui aussi voulait voir « dans ses mains la marque des clous » (v. 25) et croire après avoir vu (v. 27).

Malgré son incrédulité, nous devons remercier Thomas car il ne s’est pas contenté d’entendre dire par les autres que Jésus était vivant, ni même de le voir en chair et en os ; mais il a voulu voir dedans, toucher de la main ses plaies, les signes de son amour. L’Evangile appelle Thomas « Didyme » (v. 24), ce qui veut dire jumeau, et, en cela, il est vraiment notre frère jumeau. Car il ne nous suffit pas non plus de savoir que Dieu existe : un Dieu ressuscité mais lointain ne remplit pas notre vie ; un Dieu distant ne nous attire pas, même s’il est juste et saint. Non, nous avons besoin, nous aussi, de “voir Dieu”, de toucher de la main qu’il est ressuscité, et ressuscité pour nous. 

Comment pouvons-nous le voir ? Comme les disciples : à travers ses plaies. En regardant ces plaies, ils ont compris qu’il ne les aimait pas pour plaisanter et qu’il les pardonnait même s’il y en avait un parmi eux qui l’avait renié et qui l’avait abandonné. Entrer dans ses plaies, c’est contempler l’amour démesuré qui déborde de son cœur. Voilà le chemin ! C’est comprendre que son cœur bat pour moi, pour toi, pour chacun de nous. Chers frères et sœurs, nous pouvons nous estimer et nous dire chrétiens, et parler de nombreuses belles valeurs de la foi, mais, comme les disciples, nous avons besoin de voir Jésus en touchant son amour. C’est seulement ainsi que nous allons au cœur de la foi et, comme les disciples, nous trouvons une paix et une joie (cf. vv. 19-20) plus fortes que tout doute.

Thomas s’est exclamé après avoir vu les plaies du Seigneur : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (v. 28). Je voudrais attirer l’attention sur cet adjectif que Thomas répète : mon. C’est un adjectif possessif et, si nous y réfléchissons bien, il pourrait sembler déplacé de le référer à Dieu : Comment Dieu peut-il être à moi ? Comment puis-je faire mien le Tout Puissant ? En réalité, en disant mon nous ne profanons pas Dieu, mais nous honorons sa miséricorde, parce que c’est lui qui a voulu se “faire nôtre”. Et nous lui disons, comme dans une histoire d’amour : “Tu t’es fait homme pour moi, tu es mort et ressuscité pour moi, et donc tu n’es pas seulement Dieu, tu es mon Dieu, tu es ma vie. En toi j’ai trouvé l’amour que je cherchais, et beaucoup plus, comme jamais je ne l’aurais imaginé”. 

Dieu ne s’offense pas d’être “nôtre”, car l’amour demande de la familiarité, la miséricorde demande de la confiance. Déjà, au début des dix commandements, Dieu disait : « Je suis le Seigneur ton Dieu » (Ex 20, 2) et il confirmait : « Moi le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux » (v. 5). Voilà la proposition de Dieu, amoureux jaloux qui se présente comme ton Dieu. Et du cœur ému de Thomas jaillit la réponse : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». En entrant aujourd’hui, à travers les plaies, dans le mystère de Dieu, nous comprenons que la miséricorde n’est pas une de ses qualités parmi les autres, mais le battement de son cœur même. Et alors, comme Thomas, nous ne vivons plus comme des disciples hésitants, dévots mais titubants ; nous devenons, nous aussi, de vrais amoureux du Seigneur ! Nous ne devons pas avoir peur de ce mot : amoureux du Seigneur.

Comment savourer cet amour, comment toucher aujourd’hui de la main la miséricorde de Jésus ? C’est encore l’Evangile qui nous le suggère lorsqu’il souligne que, le soir même de Pâques (cf. v. 19), c’est-à-dire à peine ressuscité, Jésus, avant toute chose, donne l’Esprit pour pardonner les péchés. Pour faire l’expérience de l’amour, il faut passer par là : se laisser pardonner. Se laisser pardonner. Je me demande, ainsi qu’à chacun d’entre vous : est-ce que moi, je me laisse pardonner ? Pour faire l’expérience de cet amour, il faut passer par là. Est-ce que je me laisser pardonner, moi ? ‘‘Mais, mon Père, aller se confesser semble difficile…’’. Face à Dieu, nous sommes tentés de faire comme les disciples dans l’Evangile : nous barricader, les portes fermées. Ils le faisaient par crainte, et, nous aussi, nous avons peur, honte de nous ouvrir et de dire nos péchés. Que le Seigneur nous donne la grâce de comprendre la honte, de la voir non pas comme une porte fermée, mais comme le premier pas de la rencontre. Quand nous éprouvons de la honte, nous devons être reconnaissants : cela veut dire que nous n’acceptons pas le mal, et cela est bon. La honte est une invitation secrète de l’âme qui a besoin du Seigneur pour vaincre le mal. Le drame c’est quand on n’a plus honte de rien. N’ayons pas peur d’éprouver de la honte ! Et passons de la honte au pardon ! N’ayez pas peur d’éprouver de la honte ! N’ayez pas peur !

Il y a, en revanche, une porte fermée face au pardon du Seigneur, celle de la résignation. La résignation est toujours une porte fermée. Les disciples en ont fait l’expérience qui, à Pâques, constataient amèrement que tout était redevenu comme avant : ils étaient encore là, à Jérusalem, découragés ; le “chapitre Jésus” semblait clos, et après tant de temps passé avec lui, rien n’avait changé ; résignons-nous ! Nous aussi nous pouvons penser : “Je suis chrétien depuis si longtemps, et pourtant rien ne change en moi, je commets toujours les mêmes péchés”. Alors, découragés, nous renonçons à la miséricorde. Mais le Seigneur nous interpelle : “Ne crois-tu pas que ma miséricorde est plus grande que ta misère ? Tu récidives en péchant ? Récidive en demandant la miséricorde, et nous verrons qui l’emportera ! ” Et puis – celui qui connaît le Sacrement du pardon le sait – il n’est pas vrai que tout reste comme avant. A chaque pardon nous sommes ragaillardis, encouragés, car nous nous sentons à chaque fois plus aimés, davantage embrassés par le Père. Et quand, aimés, nous retombons, nous éprouvons davantage de souffrance qu’avant. C’est une souffrance bénéfique qui lentement nous éloigne du péché. Nous découvrons alors que la force de la vie, c’est de recevoir le pardon de Dieu et d’aller de l’avant, de pardon en pardon. Ainsi va la vie : de honte en honte, de pardon en pardon. C’est cela la vie chrétienne !

Après la honte et la résignation, il y a une autre porte fermée, blindée parfois : notre péché, le même péché. Quand je commets un gros péché, si moi, en toute honnêteté, je ne veux pas me pardonner, pourquoi Dieu devrait-il le faire ? Mais cette porte est verrouillée seulement d’un côté, le nôtre ; pour Dieu elle n’est jamais infranchissable. Comme nous l’apprend l’Evangile, il aime, justement, entrer “les portes étant fermées” – nous l’avons entendu –, quand tout passage semble barré. Là, Dieu fait des merveilles. Il ne décide jamais de se séparer de nous, c’est nous qui le laissons dehors. Mais quand nous nous confessons il se produit une chose inouïe : nous découvrons que précisément ce péché qui nous tenait à distance du Seigneur devient le lieu de la rencontre avec lui. Là, le Dieu blessé d’amour vient à la rencontre de nos blessures. Et il rend nos misérables plaies semblables à ses plaies glorieuses. Il y a une transformation : ma misérable plaie ressemble à ses plaies glorieuses. Car il est miséricorde et fait des merveilles dans nos misères. Comme Thomas, demandons aujourd’hui la grâce de reconnaître notre Dieu : de trouver dans son pardon notre joie, de trouver dans sa miséricorde notre espérance.                                                                                 

Pape François


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LE COIN DES FAMILLES

Dimanche de la divine miséricorde

  • La foi de Thomas

https://www.theobule.org/video/la-foi-de-thomas-jn-20-19-29/767

  • A toi la parole / Zacharie et la foi de Thomas

https://www.theobule.org/video/zacharie-et-la-foi-de-thomas/770

  • La question de Théobule : comment Jésus est-il présent dans toutes les églises ?

https://www.theobule.org/video/comment-jesus-est-il-present-dans-toutes-les-eglises-en-meme-temps/771

  • Jeux et coloriage :  Fiches à imprimer

POUR ALLER PLUS LOIN :

 Voici quelques ressources en ligne sur la divine Miséricorde :

• vidéo « Sainte Faustine, secrétaire de la Miséricorde » :      https://www.youtube.com/watch?v=5ekJmFWE-7M

• bande-annonce du film Faustine, Apôtre de la Miséricorde : https://www.youtube.com/watch?v=O94LUfgnBM0

. chapelet de la Miséricorde divine : https://croire.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/La-divine-Misericorde/Dire-le-chapelet-de-la-Misericorde-Divine

Lien quotidien paroissial

Samedi 26 mars

On dit souvent que Jésus a été condamné parce qu’il aurait affirmé être fils de Dieu, ce qui aurait été un blasphème. Les choses sont plus subtiles. Jésus n’a pratiquement pas dit qu’il était fils de Dieu ; il a montré qu’il faisait l’œuvre de Dieu son Père. Il permet à ses contemporains de reconnaître que Dieu n’est pas simplement celui qui a été l’origine de tout à la Création ; Dieu continue à agir dans le monde. Dieu n’est pas extérieur au monde, Jésus rend visible cette action divine dans l’aujourd’hui de l’histoire. Les interlocuteurs de Jésus rechignent, bien qu’ils voient parfaitement les œuvres de Jésus, à reconnaître que ces œuvres sont bel et bien celles de Dieu et qu’elles appellent une confiance radicale en Jésus, l’envoyé du Père. Nous pouvons être tentés de rester aveugles aux œuvres que Dieu accomplit aujourd’hui dans nos vies et autour de nous ; en étant aujourd’hui attentifs à ces œuvres nous pourrons nous laisser entraîner davantage dans la vie de Dieu.

« La foi de la Vierge Marie change le cours de l’histoire » 

Quand Marie dit oui à l’archange Gabriel, le Fils de Dieu prend chair dans son sein et l’histoire humanité bascule dans le temps de la grâce divine. Oui, c’est par la foi de Marie que l’humanité va recevoir le Salut, « grâce sur grâce » (Jn 1, 16). Désormais l’histoire des hommes n’est pas aveugle, elle a un sens et un sens heureux. Une femme, mère par l’opération du Saint-Esprit, accueille le Fils de Dieu au nom de son peuple Israël et de toute l’humanité. Elle le reçoit et elle le donne. Aucun homme n’a pu accomplir une telle merveille. Depuis la première femme symbolique, Ève, l’humanité souffrait de l’éloignement de Dieu. Par une femme, Marie, nouvelle Ève, l’humanité retrouve l’union intime avec Dieu.

Marie vit en état de grâce mais elle n’est pas la seule à se réjouir de la grâce divine. Ceux qui croient à la suite de Marie sont aussi comblés de l’allégresse de l’Esprit Saint.

« Là où le péché avait abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20), enseigne saint Paul en commentant l’avènement de Jésus le Christ, le nouvel Adam, l’Homme nouveau. Désormais, par le mystère de l’Incarnation, l’existence quotidienne deviendra une fête. La présence de Dieu emplira d’amour le cœur des chrétiens.

En fêtant de manière solennelle l’Annonciation, nous fêtons Jésus Sauveur, né d’une femme, Marie. Il s’agit avant tout d’une fête christologique plutôt que mariale.

Comblée de grâce, prédestinée de toute éternité, dès avant la fondation du monde, à la maternité divine, Marie de Nazareth a reçu tout d’abord le Fils de Dieu dans son âme par la foi. Saint Augustin, le grand docteur de l’Église, explique la grandeur de Marie en tant que disciple. Elle a conçu le Fils de Dieu, d’abord dans son cœur, en adhérant au message de l’ange Gabriel, avant de le concevoir dans ses entrailles maternelles. « Ce qui est dans l’âme est davantage que ce qui est dans le sein corporel», s’exclame l’évêque d’Hippone. Grâce à la confiance de Marie, l’humanité entière vivra désormais avec le Christ ressuscité comme le montre le rite du cierge pascal : « Christ, hier et aujourd’hui, commencement et aboutissement, alpha et oméga. À lui le temps, à lui l’éternité, à lui la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen. »

La fête de l’Annonciation nous concerne par conséquent directement. Par la Vierge Marie s’accomplit, pour nous, le plan divin du Salut. Dieu le Père nous bénit dans le Fils de Marie et nous sommes appelés à devenir « des fils adoptifs par Jésus-Christ » (Ep 1,5). C’est pourquoi la joie de Dieu reçue par Marie à l’Annonciation passe aussi en nous qui croyons au Verbe fait chair. Aujourd’hui l’Église exulte d’allégresse.

Saint Joseph, l’époux de Marie, a été aussi « élu de Dieu dès avant la fondation du monde » pour accomplir sa mission de père adoptif de Jésus, le Fils de Dieu fait homme. Dans la grâce du mariage, Joseph a partagé la foi et la mission de son épouse, Marie. La grâce accordée à Marie est passée en Joseph par l’union du mariage. La grâce répandue sur Joseph a fortifié et illuminé le cheminement spirituel de Marie. Marie et Joseph ont partagé leur relation avec Dieu et leur recherche commune de la volonté de Dieu, en veillant sur Jésus. Par le mariage avec Joseph, Marie n’a pas agi en « mère célibataire » mais en épouse. Par les origines de Joseph, de la maison du roi David, Jésus sera reconnu comme Messie.

Le Seigneur était avec Marie. Le Seigneur était avec Joseph. Ensemble ils ont élevé Jésus dans foi d’Israël. En éduquant Jésus, Marie et Joseph ont grandi en âge, en grâce et en sagesse. Aujourd’hui nous célébrons la vocation de Marie, mais aussi celle de Joseph. Vocations distinctes et complémentaires au service de la vie de Jésus et de l’humanité.

Il y a 25 ans, l’enlèvement des moines de Tibhirine

 Il y a 25 ans, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, les moines de Tibhirine (Algérie) étaient enlevés. En apprenant quelques semaines plus tard, en mai 1996, leur assassinat, le monde a aussi découvert l’incroyable témoignage d’espérance et d’humanité de ces frères entièrement consacrés à Dieu et à leur prochain.

Luc, Christian, Christophe, Michel, Célestin, Bruno, Paul. Les prénoms des moines de Tibhirine se suivent et se récitent comme une douce et douloureuse litanie. Douloureuse quand on pense à leur enlèvement, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, puis à leur assassinat. Mais si douce quand on découvre ce que furent leurs vies données, entièrement, et le lumineux témoignage de foi et de charité qu’ils ont laissé.

Les sept moines de l’ordre cistercien ont été enlevés dans leur monastère de Notre-Dame de l’Atlas, sur les hauteurs de Médéa, en Algérie. La première revendication de leur enlèvement, signée du chef du GIA Djamel Zitouni, n’est communiquée qu’un mois plus tard, le 26 avril. Un communiqué, le 23 mai suivant, affirme qu’ils ont été exécutés deux jours plus tôt. Mais seules les têtes sont retrouvées sur une route, le 30 mai 1996. Dans les mois et les années qui suivent, plusieurs éléments jettent un trouble sur les circonstances de la mort des moines. Le plus récent est un rapport datant de février 2018 dans lequel des experts soulignent que des traces d’égorgement n’apparaissaient que pour deux des moines et que tous présentent les signes d’une « décapitation post-mortem », de quoi alimenter les soupçons d’une possible mise en scène.

Le dernier rebondissement est une lettre en date du 21 juin 2019 envoyée par l’avocat des familles des sept moines assassinés, Mr Patrick Baudouin, demandant aux magistrats de délivrer une nouvelle commission rogatoire internationale afin que l’ancien président algérien (1999-2019), Abdelaziz Bouteflika, et le général Mohamed Mediene (qui dirigeait à l’époque des faits le département du renseignement et de la sécurité, ndlr) puissent être entendus « le plus rapidement possible ». Une demande restée pour le moment sans réponse. Mais si des zones d’ombres entourent la mort des moines de Tibhirine, leurs vies, elles, sont d’une limpidité et d’une espérance bouleversantes, comme en témoigne leur béatification le 8 décembre 2018 par le pape François, en même temps que les autres martyrs d’Algérie.

Notre-Dame de l’Atlas, le monastère où ont vécu les moines de Tibhirine, a été fondé en 1938. « C’était une grande bâtisse un peu austère mais chaleureuse et accueillante, construite en face d’un des plus beaux paysages du monde : les palmiers, les mandariniers, les rosiers se dessinaient devant les montagnes enneigées de l’Atlas ». C’est avec ces morts que l’écrivain Jean-Marie Rouart à décrit le monastère Notre-Dame de l’Atlas dans un discours sur la vertu prononcé en 2001 à l’Académie française. « Des hommes avaient choisi de s’installer dans ce lieu loin de tout mais proche de l’essentiel, de la beauté, du ciel, des nuages. Ce n’étaient pas des hommes comme les autres : ils n’avaient besoin ni de confort ni de télévision. Ce qui nous est nécessaire leur était inutile, et même encombrant. » L’ensemble des moines y vivent de la prière et de leur travail agricole.

Avec l’indépendance du pays en 1962, la question de l’avenir du monastère s’était posé à plusieurs reprises. Et finalement, ils étaient restés. La présence des moines se faisait plus discrète. Frère Luc, médecin, dispense alors des soins auprès du voisinage tandis que frère Amédée, par exemple, donne des cours aux enfants. La communauté s’engage auprès des autorités à un devoir de réserve strict et à ne pas dépasser le nombre de douze moines. « Nous en sommes arrivés à nous définir comme “priants au milieu d’autres priants”. Venant de notre cloche ou du muezzin, les appels à la prière établissent entre nous une “saine émulation réciproque” », peut-on lire dans un texte écrit par la communauté pour le Synode romain sur la vie consacrée de 1994. « On aurait plutôt le sentiment d’être “mieux compris” que ne le sont certains monastères dans leur environnement de vieille chrétienté ».

Ces hommes, ces moines, dont Xavier Beauvois a magnifiquement rendu hommage dans le film Des hommes et des dieux, n’ont pas quitté l’Algérie malgré les menaces et les mises en garde. Ils ont pardonné à l’avance leurs agresseurs. Ils ont librement choisi de ne pas abandonner et d’être fidèles à l’appel de Dieu. « Prêcher l’Évangile en silence » comme le bienheureux Charles de Foucauld. Les moines de Tibhirine ont laissé un héritage spirituel fort : apôtres de la paix et du dialogue, ils ont véritablement donné leur vie, faisant le choix de rester fidèles à leur Église mais aussi à leurs frères algériens, au milieu desquels ils avaient souhaité vivre.

Luc, Christian, Christophe, Michel, Célestin, Bruno et Paul partageaient une vie communautaire ordinaire et en ont fait une chose extraordinaire. Ils formaient une vraie communauté monastique tout en ayant chacun un itinéraire spirituel individuel. Paul était un vrai artisan. C’était un homme simple et sans artifice, avec une spiritualité très incarnée. Chez Luc, sa discrétion et son humilité naturelles ont transformé son service pour les malades en la plus belle des prières. Michel était un véritable gardien de la prière de la fraternité. Quant à Bruno, il a puisé dans l’adoration eucharistique la force de surmonter ses fragilités, de se dépasser jusqu’à faire le don de sa vie. Célestin était habité par les plus pauvres et les plus marginaux — c’est « avec eux » qu’il est entré dans la vie monastique. Et Christophe (le supérieur de la communauté, ndlr), quant à lui, c’est dans la poésie qu’il a su trouver les mots pour traduire l’expérience et le souffle du Christ. Mais leur message, tout en étant celui de chaque frère, dans le parcours et la spiritualité de chacun, est d’abord celui de la fraternité qu’ils ont porté ensemble grâce aux dons du Christ. 

Tous différents mais tous convaincus de leur mission et de leur place, en Algérie. Mettant leurs pas dans ceux de Charles de Foucauld, ils ont choisi de s’abandonner entièrement au Seigneur. En témoigne d’ailleurs les nombreux écrits de chacun. Le plus connu est bien entendu le testament spirituel de Christian de Chergé et cette phrase, particulièrement forte : « S’il m’arrivait un jour — et ça pourrait être aujourd’hui — d’être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon Église, ma famille, se souviennent que ma vie était DONNÉE à Dieu et à ce pays ». « Dans son testament, frère Christian savait qu’on lui reconnaîtrait un échec ou de la naïveté. Il avait subi de nombreuses pressions pour quitter Tibhirine qui devenait un lieu de plus en plus menacé », confiait il y a trois ans à Aleteia son neveu, Bruno de Chergé. « Lui cherchait à établir des ponts. Ils voulaient que les gens se parlent, qu’il y ait un retour à la transcendance qui est vecteur de paix. Une religion doit être facteur de paix, elle relie. C’est ce qui habitait frère Christian ».

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Samedi 10 avril

Parole de Dieu du jour : Marc 16,9-15

 Commentaire

Marie Madeleine a été la première personne à transmettre le message de la résurrection de Jésus, cependant, les disciples ne l’ont pas crue. Jésus leur reprochera leur incrédulité et leur obstination. Dans l’Église de notre temps, les femmes tiennent encore peu de place quant aux processus décisionnels. Prions l’Esprit de guider l’Église selon la volonté de Dieu.

Le passage d’aujourd’hui est l’appendice de l’Evangile de Saint Marc. Cela nous donne l’occasion de revoir notre expérience de la semaine de Pâques et de nous demander quel impact cette semaine a eu sur nous. Jusqu’à quel point avons-nous été capables de nous réjouir de façon désintéressée avec le Christ ressuscité?

Marie, la compagne parfaite du temps pascal 

Pour comprendre le sens de la Résurrection de Jésus dans nos vies, rien de tel que la compagnie de sa Mère, à qui il est permis de penser qu’elle dût être la première à le voir vivant.
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Vendredi 9 avril

Parole de Dieu du jour Jean 21,1-14

Commentaire

Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia ! Le temps a passé maintenant pour les disciples. Ce sont déjà certainement quelques semaines depuis qu’ils ont accueilli la nouvelle de la résurrection. Ils ont vu Jésus au cénacle, au soir de Pâques et une semaine plus tard. Leur vie a été effectivement transformée, mais après… ? L’évangile d’aujourd’hui nous les montre revenus à leur activité originelle, la pêche. Est-ce un retour à la case départ ou sont-ils animés par la volonté de vivre, d’une manière différente leur quotidien ? Sans doute y a-t-il un peu de deux. Les disciples peuvent peiner à réaliser, dans toute leur vie, les conséquences de ce qu’ils ont vécu. Ils ont aussi emmené dans leur quotidien cette présence et cette vie qui les animent de l’intérieur. Nous fêtons Pâques, nous aussi, depuis cinq jours. Comment avons-nous laissé cette joyeuse nouvelle de la résurrection s’enraciner en nous ? Sommes-nous retournés dans notre quotidien comme si de rien n’était, ou avons-nous déjà laissé la vie se diffuser en nous pour renouveler tout notre être, toute notre vie ?

                                                                                   Père Alain de Boudemange.

Saint Thomas

Connu pour avoir douté, Thomas était pourtant le plus courageux des disciples :

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